Marché Damien Hanus : « Nous avons plutôt une opinion haussière sur le marché du colza »
Dans certaines régions françaises, la moisson vient de commencer. Quelles sont actuellement les tendances d’évolution des marchés sur la graine de colza ? Prix en hausse, baisse à prévoir ? Damien Hanus, responsable de l’animation des marchés à Champagne Céréales, répond aux questions de Terre-net Média.
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La situation du marché du colza n’est pas du tout la même que celle que l’on peut observer sur les marchés céréaliers selon Damien Hanus. (© Terre-net Média) |
Damien Hanus : « La situation du marché du colza n’est pas du tout la même que celle que l’on peut observer sur les marchés céréaliers et notamment sur le blé, où les fondamentaux sont plutôt lourds et ce, surtout sur les marchés européens. Depuis cinq ans nous assistons à un développement formidable de la trituration de colza dans l’Union Européenne. Il y a cinq ou six ans, on triturait quatorze ou quinze millions de tonnes de colza. Aujourd’hui, on triture de 22 à 23 millions de tonnes de colza chaque année : ça c’est l’effet biodiesel, c’est-à-dire la transformation de l’huile de colza en biodiesel.
TNM : Quelles ont été les solutions pour répondre à cette demande accrue en biodiesel à partir du colza ?
D.H. : « Pour faire face à cette demande en hausse régulière depuis de nombreuses années, on est passé d’une situation où on devait exporter du colza pour équilibrer notre bilan, à une situation où on est obligé d’importer pour répondre à la demande.
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TNM : Outre la transformation du colza en biodiesel, qu’en est-il aujourd’hui du marché des huiles végétales, notamment de l’huile de colza ?
D.H. : « Dans le monde des huiles végétales, 25 % de la production d’huile végétale correspond à du soja, et le soja, en terme de quantité, est beaucoup plus important que le colza. Il faut savoir que les consommateurs d’huile en Europe peuvent utiliser de l’huile de colza, mais ils peuvent très facilement passer sur de l’huile de soja ou de l’huile de palme. Ils peuvent substituer les huiles les unes par rapport aux autres. Par conséquent, si l’huile de colza monte mais qu’elle est la seule à monter et qu’en parallèle on ne manque absolument pas de soja (et donc d’huile de soja), alors forcément la hausse de l’huile de colza sera limitée. Par conséquent, si je regarde le colza tout seul, j’aurais plutôt une opinion haussière du marché. Ainsi, il ne faut surtout pas regarder le colza tout seul : il faut regarder au niveau du soja. Et aujourd’hui, le bilan du soja au niveau américain, au niveau mondial, n’est pas tendu : cette tendance représente un éventuel frein à la hausse du marché du colza, dans les semaines et les mois qui viennent. »
TNM : Quelles démarches entreprendre sur le marché du colza dans une situation à la hausse ? Faut-il vendre, stocker … ?
D.H. : « En effet, aujourd’hui, on a plutôt une opinion haussière sur le marché du colza, compte tenu des fondamentaux dont on a parlé précédemment. Maintenant, ce n’est pas parce qu’on est haussier sur un produit, qu’il ne faut pas vendre ! Aujourd’hui sur le marché du colza, compte tenu des prix que l’on a atteint, et qui nous paraissent objectivement intéressants pour les producteurs, il serait désormais raisonnable de fixer des prix, quitte à prendre ensuite des produits d’optimisation. Nous appelons « produits d’optimisation », des calls par exemple qui peuvent permettre de rester exposés à une hausse ultérieure. L’idée c’est, si je vends peut-être 50 % de mon colza aujourd’hui, j’achète des calls de sorte que si le marché se retourne à la baisse, au moins j’en aurais sécurisé 50 %. Si le marché continue de monter, je resterai dans le marché avec les calls que j’ai achetés. Par contre, si « je reste assis » sur mon colza en attendant que ça monte et que l’analyse du marché que l’on fait aujourd’hui se révèle être fausse sur les quinze jours qui viennent (parce que la récolte européenne a été sous estimée ou que les américains font une récolte de soja pléthorique), que va-t-il se passer ? Le marché peut très vite dévisser tout seul, comme ce qu’on a connu l’année dernière à la même époque et, du coup on aura plus que nos yeux pour pleurer ! »
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