Pois protéagineux Soigner l'implantation pour réussir sa campagne 2011
Les protéagineux, du fait de leur autonomie en azote et de leur cycle court, permettent une fois bien implantés pour maîtriser le rendement, de ne plus prêter attention qu’au nombre limité de parasites pouvant nuire à la culture. D’où l’intérêt de bien réussir l'implantation de ses pois en veillant, entre autres, à mesurer la contamination de ses sols en Aphanomyces et à programmer un semis tardif des pois d’hiver.
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Isabelle Chaillet, ingénieur variétés protéagineux d’Arvalis - Institut du végétal, explique que « depuis quelques années, l’inscription de variétés de pois d’hiver performantes permet le développement de cette culture, en particulier en Centre-Bassin parisien, en Bourgogne, dans le Barrois et dans les cranettes de Picardie ». Il représente aujourd’hui entre 15 et 18 % des surfaces de pois. « Cette année, grâce à l’offre accrue en variétés récentes, la sole pourrait atteindre 80 à 90.000 ha, en hausse en particulier dans le Centre-Bassin parisien et l’Est de la France. »
Savoir attendre pour semer le pois d'hiver
Franck Wiacek, animateur de la filière protéagineux d’Arvalis - Institut du végétal, suppose que « pour une grande partie des producteurs, il s’agira d’une nouvelle culture ». Il précise ainsi que le semis du pois d’hiver, comme du pois de printemps, se fait en sol bien ressuyé, et prévient que le risque principal est de semer trop tôt. « Un semis trop précoce accroît les risques dus au gel de fin d’hiver, d’apparition de maladies au printemps et de verse en fin de cycle. De plus, il fait perdre les atouts du pois d’hiver vis-à-vis des adventices d’automne (vulpin, ray-grass…). » Les dates de semis optimales des variétés actuelles sont plus tardives que celles des céréales d’automne. « Par exemple, en Beauce, la période optimale se situe entre le 1er et le 20 novembre, pas avant. » Les semis restent possibles après cet intervalle, pourvu que le sol soit ressuyé : le potentiel de rendement se maintient jusqu’en décembre ou janvier.
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Intérêts du pois d’hiver :
- se récolte avant le blé et le colza,
- obtient un rendement supérieur, en moyenne, à celui du pois de printemps dans les régions où les deux trouvent leur place (Centre-Bassin parisien, Bourgogne, Barois, cranettes de Picardie),
- échappe aux cécidomyies.
- est moins pénalisé que le pois de printemps par le parasite du sol Aphanomyces.
Limites :
- risques de déchaussement en sols de craie
- rendements, en moyenne, inférieurs au pois de printemps dans les régions : Picardie, Nord, Pas-de-Calais, Normandie
- date de semis tardive, ce qui fait craindre à certains agriculteurs de ne pas pouvoir semer
- au niveau tenue de tige à la récolte, moins bien que les meilleures variétés de pois de printemps.
Tester le potentiel infectieux de sa parcelle
La discrétion d’aphanomyces sur pois en 2010 ne doit pas entraîner de relâchement, quant à la vigilance vis-à-vis de cette maladie racinaire transmise par le sol. L’Inra et l’Unip ont mis au point, en 2000, une analyse de sol pour mesurer le potentiel infectieux des parcelles. « Malheureusement, les producteurs l’utilisent peu. Ainsi, certains ne cultivent pas de pois par crainte d’aphanomyces alors que leurs parcelles sont peu ou pas contaminées. D’autres prennent le risque d’en cultiver sur des parcelles fortement contaminées puis l’excluent de leur rotation, déçus en cas de forte attaque pendant laquelle le champignon se sera, au passage, fortement multiplié. »
Dans toutes les parcelles, où un pois a été cultivé au cours des vingt dernières années, il convient de réaliser un test avant chaque nouvelle culture de pois. « Si le résultat du test donne un potentiel infectieux (PI) supérieur à 1,5, l’échantillon est en majorité infesté. Le risque de perte de rendement est alors important en cas de printemps pluvieux ou d’irrigation. Je conseille de ne pas cultiver de pois, de choisir la féverole ou une autre tête d’assolement adaptée, et d’attendre quelques années avant de réaliser un nouveau test. En cas de PI inférieur à 1,5, quelques petits foyers pourront pénaliser le rendement de manière localisée, mais n’auront pas d’incidence sur le rendement moyen de la parcelle. Il s’agit alors de privilégier, si possible, le pois d’hiver et d’éviter les facteurs aggravants. »
A propos d’aphanomyces - Aphanomyces est largement répandu dans toute la France : souvent présent à l’état latent, en limite de détection ou par foyer, - la grande majorité des parcelles ont un faible potentiel infectieux, inférieur à 1,5 (sur une échelle de 0 à 5) : la maladie ne s’y exprime que lors de printemps pluvieux et par foyers localisés, avec une incidence limitée sur le rendement. Les parcelles fortement infestées sont assez rares : la maladie peut y entraîner de fortes pertes de rendement uniquement en cas de printemps pluvieux. - la quantité d’inoculum peut augmenter dans la parcelle lors d’une culture de pois, surtout en cas d’irrigation ou de printemps pluvieux, quelque soit le niveau de départ d’inoculum. - allonger l’espace entre deux pois n’apporte pas de garantie : 5 à 6 ans minimum entre deux pois sont recommandés pour limiter les interactions avec d’autres pathogènes (Fusarium, Verticillium, nématodes…). Mais aphanomyces, très rémanent, a besoin de beaucoup de temps pour régresser dans une parcelle. - le pois d’hiver est nettement moins pénalisé que le pois de printemps quant au risque de perte de rendement. Mais l’inoculum peut néanmoins s’y multiplier. La féverole est très résistante et ne multiplie pas l’inoculum. - la vitesse à laquelle l’inoculum peut se multiplier en cours de campagne, puis diminuer, est très variable : certaines parcelles restent très faiblement contaminées après plusieurs cultures de pois, d’autres le deviennent fortement dès la première fois. - alterner pois et féverole partout où cela est possible. - éviter les cultures intermédiaires susceptibles de multiplier l’inoculum : pois, lentille, vesce (variétés sensibles). |
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