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Dans les pays de l’Est (3ème partie) Les sociétés agricoles de plusieurs centaines d’hectares menacées

Depuis une dizaine d’années, les sociétés agricoles, héritées des fermes collectives de la période soviétique, conservent leur vocation polyculture-élevage, avec des niveaux de productivité plus faibles par actif que ceux des exploitations de dimension encore familiale (50 à 200 hectares). Mais celles-ci ont abandonné l’élevage et rendraient à terme les pays de l’Est davantage importateurs de viande.

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Une société agricole poly-culture élevage en Bulgarie(© Terre-net Média)
L’agriculture des pays de l’Est surprend. En République tchèque, en Slovaquie, en Roumanie et dans une moindre mesure en Hongrie, il est difficile de savoir quel serait le modèle le plus adapté pour les années à venir : les exploitations sociétaires, issues des fermes collectives (plus de 1.000 ha), ou bien celles, de dimension familiale (50-200 ha), nées de leur démembrement.

En République tchèque et en Slovaquie, le « glissement de terres louées du secteur sociétaire vers les nouvelles exploitations individuelles est micro-économiquement spontané », écrit Alain Pouliquen, auteur des trois articles du Déméter 2011, consacrés à l’agriculture dans les Pays de l’Est. Ces fermes de dimension familiale sont conduites par d’anciens cadres de fermes collectives, attirés par les revenus très supérieurs à ceux qu’ils percevaient durant la période communiste.

Ceci dit, ce démantèlement conduit les nouveaux agriculteurs à se spécialiser en productions végétales au détriment de l’élevage. Ces exploitations, ayant moins recours à la main d’œuvre salariale, sont plus rentables par actif avec des gains de productivité supérieurs de 20 %. En revanche, la spécialisation en production végétale conduit à une valeur ajoutée par ha de culture, en repli de près de 25 % à celle constatée dans les exploitations sociétaires, où l’élevage occupe une place importante.

Un marché foncier relativement étroit faute d’acteurs

« Si cette tendance s’imposait, elle permettrait certes des gains de productivité en termes de travail et de rentabilité, mais elle produirait aussi un recul significatif des productions animales et de l’emploi agricole, avec une progression de l’agro-importation nette en provenance de la Pologne et du nord de l’Union », écrit Alain Pouliquen.

 

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L’évolution des systèmes de production en République tchèque et en Slovaquie se réduit, en fait, à un mouvement de balancier entre les exploitations sociétaires et les exploitations individuelles émergentes de plus 50-200 ha avec, pour conséquence, une faible concurrence des fermes de semi-subsistance, quasi absentes (contrairement à ce qui est constaté en Pologne).

 

Acheter des terres plutôt que se moderniser

Ce phénomène rend du reste le marché foncier relativement étroit faute d’acteurs. A l’avenir, les orientations de la Pac pourraient fragiliser les exploitations sociétaires, en raison de la modulation des aides et de leur plafonnement. Des mesures fiscales avantageraient par ailleurs les fermes individuelles.  

Enfin, l’absence de statut de fermage qui s’en suit rend les décisions d’investissements délicates. En Hongrie, le gouvernement accompagne le développement des exploitations professionnelles intensives de taille moyenne, notamment en productions animales, mais la précarité des baux conduit les exploitants à acheter des terres plutôt qu’à se moderniser, le gouvernement n’étant pas parvenu à faire voter un statut du fermage.

A noter aussi, dans tous ces pays, l’important endettement des sociétés agricoles, en raison des indemnités à verser aux propriétaires et aux héritiers non exploitants qui ont vendu leur patrimoine foncier. 

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