Économies de carburant Eco-conduite, entretien du matériel… jouer sur tous les leviers
Économiser 7 litres de fioul à l’heure par une conduite adaptée, engager des frais pour une réparation rentabilisée en 350 heures grâce aux économies de carburant réalisées… Le banc d’essai moteur permet d’identifier les leviers d’action, propres à chaque tracteur, sur la consommation de carburant, ceci pour l’optimiser en réponse à deux enjeux, économique et environnemental.
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Jacques Bernard, chargé des économies de carburant à l’Association d’initiatives locales pour l’énergie et l’environnement, témoigne : « le passage sur le banc d’essai tracteur devrait être systématique pour connaître l’écart entre la puissance affichée par le constructeur et celle réelle de la machine, savoir si le moteur valorise bien le carburant, visualiser la plage optimum d'utilisation du tracteur et ainsi comprendre comment mieux utiliser le tracteur. Je le conseille surtout pendant la période de garantie pour que les réparations soient prises en charge par le constructeur s'il y a lieu et vers 3.000 h ». La liste des animateurs en machinisme départementaux, des fédérations départementales de Cuma et chambres d'agriculture, pour le passage au banc d'essai est disponible sur le site d'Aile.
Écart de 7 l/h possible selon la conduite
Une journée de démonstration pour des étudiants, organisée par Aile et notamment Jacques Bernard, a montré l’importance d’une conduite adaptée aux données révélées par le diagnostic moteur de son tracteur. Un Claas Ares 816 (annoncé 156 ch moteur Ecer24) est passé au banc d’essai, puis les intervenants ont testé sa consommation de carburant sur un parcours de 810 m, avec un épandeur à lisier de 10 m3 en attelage.
Une conduite habituelle, sans dépasser les 10-12 km/h, entraîne une consommation de 14,7 l/h. Elle monte à 16,6 l/ha, pour une conduite identique avec un rapport de gamme en moins. Lequel, avec un moteur froid et des températures proches de zéro, fait grimper la consommation à 18,3 l/h. Jacques Bernard préconise enfin de situer son régime moteur à l’optimum de puissance-consommation, autour de 1 500-1 600 tr/min, comme l’indiquait le rapport du diagnostic moteur. La consommation descend alors à 11 l/h.
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Engager des frais d’entretien peut être rentable
Un Renault 110-54 annoncé 100 ch Din au moteur a également fait l’objet d’un diagnostic. En effet, la consommation spécifique apparaissait dégradée à bas régime (302 g/kw/h au couple maxi de 1 300 tr/min) comme à haut régime (287 g/kw/h au régime nominal de 2 250 tr/min). La vérification de l’état et du tarage des injecteurs, le changement des nez d’injecteurs si besoin, la vérification du jeu à la commande des soupapes et des compressions du moteur (500 € HT) ont permis d’améliorer le rendement du moteur et de descendre à 260 g/kw/h à 1 400 tr/min par exemple. La consommation horaire de carburant est ainsi passée de 26 l/h à 22,6 l/h. Pour du fioul à 0,50 €/l, 350 heures de fonctionnement à pleine charge suffiront à rentabiliser les réparations. L’intérêt d’engager des frais d’entretien dépend du coût de ceux-ci, du nombre d’heures du tracteur, du temps de retour sur investissement.
Efficient 20 : pour une réduction de 20 % de la consommation agricole de carburant
Parmi les trente groupes pilotes participants, plusieurs tracteurs devraient être équipés d'un boîtier connecté au BusCan du tracteur. Cet équipement affiche la consommation en litres et permettra de distinguer et de mesurer la part de carburant associée au transport à l'aller, de celle consommée au champ, de celle consommée au retour. De plus, ces boîtiers accompagneront, comme outils pédagogiques, les sessions de formation à la conduite économique. Les agriculteurs qui souhaitent renseigner leurs suivis de consommation peuvent utiliser l'ordinateur de bord du tracteur s'il affiche la consommation en litres ou bien un volucompteur installé sur la cuve. |
Jacques Bernard précise que « le carburant utilisé dans les machines représente plus de 50 % de l’énergie consommée en agroforesterie par exemple. L’introduction de mesures efficaces peut entraîner des économies considérables pour les exploitations agricoles et forestières ». Au départ, Efficient 20 regroupe 30 groupes pilotes, répartis dans les différents pays participants (Royaume Uni, Italie, Allemagne, Pologne, Espagne, Belgique, Autriche, Slovénie), dont 9 groupes en France constitués de Cuma.
Ces agriculteurs vont s’engager à mesurer leur consommation et à suivre une formation sur le thème de la conduite économique (au volant mais aussi au niveau de l’entretien). Le recueil des références, issues des résultats des groupes, devrait permettre de définir une consommation pour chaque type de chantier et d’évaluer les marges de progrès possibles. Enfin, un label Efficient 20 devrait inciter les constructeurs à augmenter l’efficacité énergétique des machines et impliquer les concessionnaires dans la sensibilisation des agriculteurs aux économies de carburant.
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