Désherbage blé dur Jouer sur les points faibles du ray-grass
À l’occasion d'une rencontre régionale à Avignon, Jean-Luc Verdier d'Arvalis-Institut du végétal, est intervenu sur les stratégies de lutte contre les mauvaises herbes dans les parcelles de blé dur.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Il s’agit en réalité d’optimiser les différentes solutions permettant un désherbage durable de la parcelle de blé dur et de réduire, ou au moins de faire en sorte, que le salissement ne soit pas pire l’année suivante », explique Jean-Luc Verdier d'Arvalis-Institut du végétal, en ouverture de son intervention réalisée à l'occasion de la rencontre technique régionale Paca. L’idée est donc de bien cibler les graminées, en particulier le ray-grass, qui s’adapte bien au climat méditerranéen et qui a montré ces dernières années qu’il était capable de développer des résistances aux herbicides employés.
Pour limiter le salissement des parcelles de blé dur, le céréalier peut s’appuyer sur différents leviers : le travail du sol (labour, faux-semis…), la rotation des cultures et la combinaison de techniques qui peuvent agir de concert. (© CZ) |
« Le problème du désherbage est qu’il est lié à une succession de facteurs qui peuvent faire basculer dans une situation plus ou moins facile à gérer. » Ainsi, les échecs de désherbage (climat, dose, stade…) et les rotations courtes associées à un travail du sol simplifié ont tendance à augmenter le salissement. De même, une forte pression de sélection et/ou une faible alternance des modes d’action accroissent le risque de résistance. « La situation peut très rapidement dégénérer et l’agriculteur doit rapidement réagir pour enrayer les choses. »
Faible dormance, décroissance rapide du stock semencier
Pour cela, il peut s’appuyer sur le travail du sol (labour, faux-semis…), la rotation des cultures et la combinaison de techniques qui peuvent agir de concert. « Sur graminée, il faut cibler prioritairement les points faibles, à savoir une faible dormance et une décroissance rapide du stock semencier. En effet, 80 % du stock disparaît dans l’année et 95 % dans les deux ans. Il faut donc empêcher la plante de se multiplier. Quant à la dormance, nous savons qu’elle est plus réduite quand les températures sont chaudes et que le déficit hydrique est important pendant la période de formation de la graine et de la maturation des semences. »
Ainsi, pour lutter contre les graminées, il faut jouer la complémentarité entre travail du sol et rotation : si les graines sont en surface (0-5 cm), elles auront tendance à lever ce qui entraînera une diminution plus rapide du stock ; enfouies (15-20 cm), elles lèveront moins, mais le stock ne diminuera pas et la durée de vie des semences sera allongée.
- Travail du sol : les systèmes sans labour laissent les graines en surface et favorisent les levées l’année suivante. Ils privilégient donc le développement des graminées et sur la durée, les levées sont plus importantes. Le labour retourne le sol et donc réduit la quantité de semences qui peut lever chaque année. « Mais comme la durée de vie des graines est réduite, c’est une bonne chose pour lutter contre les graminées. »
- Rotation des cultures. La rotation va jouer à deux niveaux : la période de semis et la gamme d’herbicides qui changent, de même que les modes d’action « ce qui freine le risque de développement de résistances ». La période de semis peut être décalée ce qui peut empêcher certaines levées d’adventices. Le ray-grass se trouve surtout dans les cultures semées en automne. « Ainsi, en introduisant une culture d’été, on enraye le développement du ray-grass. »
- Faux semis. En cas de forte infestation, le faux-semis peut également être utilisé pour faire lever en août et septembre les graines. « Mais sous le climat méditerranéen, cette technique est moins efficace en raison des conditions d’humidité souvent insuffisantes pour permettre la levée des graines. »
Avec le blé, plus on sème tôt, plus la période de culture va tomber au moment de la période de levée des graminées. « L’idée est donc de décaler les semis de blé : des essais ont montré que l’on pouvait réduire de moitié la quantité de ray-grass si l’on semait le blé le 5 novembre au lieu du 24 octobre. Mais cela ne fonctionne que si l’humidité est présente pour la levée des adventices. Dans tous les cas, en cas de forte pression, la technique peut être utilisée, mais ce n’est pas sans risque par rapport aux résultats technico-économiques du blé dur. »
Désherbage Travail du sol et rotation, duo gagnant contre le ray-grass (lire ici) |
Pour accéder à l'ensembles nos offres :