Préparation du G20 agricole Les quatre propositions de travail de la France pour lutter contre la spéculation des marchés
Lors de la cérémonie des vœux à la presse le 26 janvier dernier, Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, a présenté la stratégie adoptée pour préparer le « G20 agricole » de juin prochain à Paris. Quatre propositions pragmatiques portant sur la transparence des marchés, le stockage et la gestion des crises seraient présentées aux vingt ministres de l’Agriculture. Elles visent à lutter contre la spéculation et à élaborer une nouvelle gouvernance des marchés agricoles mondiaux.
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Cette nouvelle discipline collective à mettre en place ne repose en aucun cas sur la volonté de remettre en cause la souveraineté alimentaire des pays ni sur l’idée de revenir à une gestion administrative et malthusienne des marchés.
Mettre en place des mesures pragmatiques de transparence sur les marchés agricoles
Le souhait exprimé par le ministre de l’Agriculture est de mettre en place des mesures pragmatiques de transparence sur les marchés agricoles qui constitueraient les fondations d’une nouvelle gouvernance mondiale. Des mesures pragmatiques, car le processus engagé suppose l’unanimité des pays sur des sujets très sensibles.
Bruno Le Maire présentera sa copie aux ministres de l’Agriculture du G20 en juin prochain. D’ici là, le ministre mobilise un à un les pays du G20 et les partenaires institutionnels pour les inviter à s’associer au débat sur la lutte contre la spéculation et la volatilité des marchés initié par la France et le Royaume Uni.
Mais si la France préside ce G20 agricole, il n’est pas question qu’elle arrive avec des propositions toutes faites. Un rapport d’orientations pour lutter contre la volatilité sur les marchés est en cours de rédaction. Il servira de base de négociations pour parvenir au consensus recherché.
Dans l’état actuel des réflexions, les quatre propositions envisagées visent à réunir les conditions pour avoir une réelle transparence des marchés physiques. L’idée est de disposer de données cohérentes à partir d’une seule base de données afin de diffuser d’informations économiques cohérentes et éviter ainsi tout affolement des marchés.
Les quatre hypothèses
Obtenir plus de transparence sur les marchés financiers agricoles est aussi un objectif recherché (2ème proposition). Pour y parvenir, une idée défendue est de faire la distinction entre les opérateurs dits spéculatifs et les opérateurs commerciaux. Identifiés au moyen de cartes d’identité ou soumis à des déclarations d’activité, les premiers se verraient limités dans leurs opérations tandis que les seconds pourraient sécuriser en toute quiétude leurs positions sur le marché physique.
La troisième proposition présentée au G20 est la constitution de stocks d’urgence dans des zones vulnérables (Afrique subsaharienne, Corne de l’Afrique de l’Est). Des céréales entreposées à proximité de bassins de consommation, soumis à d’importants aléas climatiques, seraient immédiatement mises à la disposition des populations les années de mauvaises récoltes. Un tel dispositif pourrait limiter les risques de famine et favoriserait à des prix raisonnables l’approvisionnement des marchés régionaux, protégés de tout phénomène spéculatif. Il ne s’agit en aucun cas de soustraire ces céréales des marchés physiques et de leurs règles de fonctionnement mais d’en éviter les excès.
Les marchés ayant l’horreur du vide, la quatrième hypothèse est l’encadrement des situations de crise grâce à un système d’alerte approprié, orchestré au niveau mondial. Un office mondial, qui reste à définir, serait par exemple chargé d'annoncer les retraits du marché des pays habituellement exportateurs victimes d'une mauvaise récolte mais aussi de présenter les stratégies envisagées par les pays importateurs pour s'appovisionner tant bien que mal auprès des autres partenaires du G20. Les marchés rassurés, n'auraient alors plus de raisons de spéculer.
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