Christine Kelly (Csa) « Plusieurs paradoxes dans l’image de l’agriculture dans les médias »

La visibilité des agriculteurs et de l’agriculture diminue dans les médias relevait Christine Kelly, dans une interview parue dans Terre-net Magazine. Malgré ce déficit, l’image des agriculteurs reste bonne pour le public selon les enquêtes d’opinion. Les médias ne sont pourtant pas toujours très tendres...

Terre-net Média (TNM) : Vous parlez régulièrement de paradoxes dans l'image de l'agriculture. Que voulez-vous dire ?

Christine Kelly (CK) : Il faut noter plusieurs paradoxes dans l’image de l’agriculture dans les médias. Tout d’abord, cette image est dévalorisée dans les programmes mais valorisée dans la publicité (surtout les produits). Si les agriculteurs qui restent appréciés du public sont en général mal représentés, leur image change au moment du salon de l’agriculture avec des reportages qui valorisent leur travail et leurs actions, parfois même de façon idyllique.

Image dévalorisée dans les programmes mais valorisée dans la publicité

Autre point,  si l’agriculture n’est pas souvent au cœur des programmes des radios et télévisions, on peut constater que lorsqu’il s’agit de cuisine, un capital sympathie se dégage à l’égard de cette activité, ce qui est encore plus vrai pour la gastronomie qui fait toujours recette dans les médias.

Dernier paradoxe : en regardant de plus près les programmes télé, l’agriculture n’est pas si absente que cela comme l’ont prouvé les participants aux réunions (Ndlr : Christine Kelly préside notamment le groupe de travail "santé et développement durable" du Csa, et elle avait participé au groupe de réflexion sur l’avenir de l’agriculture, réuni par le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, en 2010) on peut même être surpris de ce qui est fait en réalité même si la quantité de programmes en ce sens diminue. Ces efforts ne sont que très peu ressentis au final, peut être à cause des angles choisis pour aborder le sujet ou encore des horaires de diffusion.

TNM : Les agriculteurs se sentent souvent accusés ou caricaturés par la télévision. Vous partagez ce sentiment ?

CK : Oui je le partage en partie car tous les secteurs disent la même chose et se sentent caricaturés. C’est un ressenti. Exemple l’Outremer dit qu’on ne parle d’elle dans les médias que lorsque tout va mal mais pas pour la valoriser. Exemple les Roms disent qu’on ne parle d’eux que pour les critiquer. Exemple les enseignants, les médecins, les fonctionnaires disent qu’on donne une mauvaise image d’eux dans les médias. Pourquoi ? Parce que c’est vrai que les médias et les téléspectateurs aiment les trains qui n’arrivent pas à l’heure. Je pense par exemple à cette émission lancée par M6 en été 2009 « c’est positif » qui n’a pas tenu un mois car il n’y avait pas d’audience. C’était une émission pour parler positif.

« Au moment du salon de l’agriculture ils sont les rois »

Il faut toutefois remarquer que les agriculteurs ne sont pas si mal logés car au moment du salon de l’agriculture ils sont les rois et leur image est redorée, leurs problématiques mises en avant. C’est déjà ca, mais ça ne suffit pas.

TNM : L’agriculture a-t-elle des progrès à faire face à cela ?

CK : Elle a au moins des progrès à faire en communication, pour mieux faire passer les messages et renvoyer une image qui colle plus à la réalité. Telle est la mission des lobbyistes et des communicants.