Champ planet'terre En Roumanie et en France, Michel et Olivier Créteur, céréaliers face à une Pac pas si commune que ça
A Mircea Voda en Roumanie, Michel Créteur, 61 ans, donne à son métier d’agriculteur la dimension d’entrepreneur, dont il estime avoir été privé sur son exploitation, à Chémery-sur-Bar dans les Ardennes. En Roumanie, tout est multiplié par dix : le nombre d’hectares, l’effectif de salariés, les volumes des récoltes. Et la Pac n’est pas vécue comme une entrave à l’exercice de l’activité agricole. En France, à Chémery-sur-Bar, le fils de Michel, Olivier, nouvellement installé, fait face à une montagne de contraintes.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
|
Michel Créteur et ses associés, céréaliers dans le comté de Constanta
Entrepreneur sur 2.630 ha
Depuis l’entrée de la Roumanie dans l’Union européenne en 2007, le soja Ogm résistant aux herbicides n’est plus cultivé. « Ce qui est bien désolant car nous pouvions espérer récolter 4 t/ha de graines et surtout avoir des terrains propres à moindre coût ».
Le soja Ogm convenait très bien à la remise en cultures des parcelles en friches ou mal cultivées, reprises successivement depuis 2000. « En plus d’enrichir le sol en azote, cette culture limitait le nombre d’interventions et la consommation de gasoil », assure Michel.
« Des contrôles, sans les excès vécus en France »
La réforme de la Pac post 2013 sonnera le glas des dispositifs d’aide à l’investissement, mis en place avant l’entrée de la Roumanie dans l’Union (fonds Sapard remplacés par le Feader, puis le Feder). Or, ces systèmes ont été essentiels pour permettre à Michel de s’installer, de construire un outil de production viable et d’acquérir plusieurs matériels subventionnés à 50 %. Le silo de 7.000 t (965.000 €) en construction sera la dernière réalisation ainsi financée.
Depuis 2007, Michel assimile les aides Pac attribuées (environ 110 €/ha en 2010) à des soutiens à l’investissement. Elles se substituent à ceux du Feder, mais les sommes en jeu sont moins importantes.
|
Saisir les opportunités du « marché mer Noire »
|
La Srl de Michel est une petite Pme de 32 salariés, dont 20 sont directement rattachés aux activités de production. L’équipe est encadrée par deux ingénieurs français. La société emploie aussi un gardien, des ouvriers du bâtiment pour les travaux de modernisation et des secrétaires pour les nombreuses charges administratives. « L’exploitation doit être autonome pour fonctionner, mais le siège décisionnel de la Srl est en France, à Chémery-sur-Bar où je passe l’essentiel de mon temps ».
Assolement de l'exploitation (2010) Blé d'hiver : 730 ha Orge d'hiver : 130 ha Orge de printemps : 150 ha Tournesol : 570 ha Colza : 100 ha Maïs irrigué : 950 ha |
A ce jour, les bénéfices (100 à 200 €/ha selon les années) nets de rémunération, imposés à 16 %, sont entièrement réinvestis. De plus en plus, pour saisir les opportunités du « marché mer Noire », les céréales produites sur l’exploitation de Michel sont vendues « départ de ferme », par camion, tout au long de la campagne.
Elles sont exportées en majorité vers la Turquie. Les importantes capacités de stockage permettent actuellement de profiter des cours élevés. Et dans un proche avenir, l’exploitation sera reliée au réseau ferré (voie de chemin de fer à proximité).
En France
Michel Créteur et son fils Olivier, céréaliers dans les Ardennes
« Sans lisibilité » sur 330 ha
|
Des montagnes de contraintes
Assolement de l'exploitation (2011) Céréales : 150 ha Colza : 30 ha Maïs séché : 100 ha Féveroles : 40 ha |
Quant aux aides directes de 300 €/ha (Dpu), que mon père et moi recevons, elles constituent un élément primordial du revenu. C’est pourquoi il est difficile d’entrevoir une réduction des aides, perçues par les producteurs des pays membres historiques de l’UE, sans que leur niveau de vie soit sacrifié. »
Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°5. Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI.
|
Pour accéder à l'ensembles nos offres :