Un bobo, des bobards Faiseurs de peurs : le citoyen s'indigne... le consommateur oublie !
Livre noir de l’agriculture, enquête "Manger peut-il nuire à la santé ?" sur France 3, campagne Fne... La liste s’allonge. Dernier en date : le documentaire "Notre poison quotidien" de Marie-Monique Robin, diffusé en mars sur Arte. Mais que reste-t-il de tous ces messages alarmistes une fois digérés par nos concitoyens ? Décryptage de Jean-Pierre Beaudoin, co-président du Groupe i&e, société de conseil en stratégie d’opinions. Une interview extraite de Terre-net Magazine n°6.
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Multiplication des attaques : l'agriculture en prend pour son grade. (© Terre-net Média) |
Terre-net Média (TNM) : Que penser de la multiplication des messages critiques envers l’agriculture ?
Jean-Pierre Beaudoin ( JPB) : Au-delà du contenu, le plus important est d’identifier les questions posées par ces messages. Leurs auteurs s’interrogent sur les effets de l’ingestion répétée d’un cocktail de substances, ce qui est légitime, sauf que nous n’avons pas encore les moyens de répondre. Et nous ne savons même pas s’il y a réellement une question.
Surtout, ces nouvelles interrogations apparaissent seulement parce que les problèmes fondamentaux ont été résolus. L’agriculture et les industries agro-alimentaires fournissent aujourd’hui la France en produits de qualité et en quantité suffisante. On ne meurt plus d’intoxications alimentaires.
TNM : Les auteurs de ces messages auraient-ils oublié le rôle de l’agriculture ?
JPB : Ce qui est dommage, c’est que ces mises en cause prétendent que rien n’a été fait. La production agricole française nous a permis de régler le problème crucial de la sécurité alimentaire et personne ne se demande comment les agriculteurs ont réussi à répondre aux besoins, en se conformant à des contraintes importantes.
L’état sanitaire des populations s’améliore. Mais tous ces progrès constituent déjà des acquis. Ceux qui diffusent ces messages oublient les acquis au bénéfice de la question.
La société a peur
TNM : Quel impact ce genre de messages a-t-il sur la population ?
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Enfin, alors que l’agriculteur, et non l’agriculture, est celui qui souffre le plus de ces messages, il reste une figure sympathique dans l’opinion. Les dénonciations concernent l’agriculture en général, que le public n’a aucun moyen de connaître. Ce n’est pas la confiance dans les produits consommés qui est ébranlée, mais celle dans les pratiques agricoles.
Aucune résonnance dans l’acte d’achat
TNM : Vous dites que les pratiques agricoles sont remises en cause mais pas les produits ?
JPB : En effet. Les pouvoirs publics ne peuvent pas ignorer les questions posées, puisque le principe de précaution est inscrit dans la constitution. Ils prennent des mesures, interdisent certaines pratiques.
Des produits disparaissent des rayons, mais ils peuvent être remplacés par d’autres en provenance de l’étranger, qui ne présentent pas toujours les mêmes garanties. Paradoxalement, les messages ont une résonnance dans l’opinion, mais pas dans l’acte d’achat. Le consommateur cherche avant tout le confort et le prix.
Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°6. Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI.
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