Login

Sécheresse 2011 Un cas d’école pour s’adapter à l’augmentation généralisée des températures d’ici 2050 selon l’Inra

La Recherche agronomique se penche depuis plusieurs années sur les conséquences du réchauffement climatique et des périodes de déficit hydrique à répétition. La sécheresse de 2011 est une opportunité pour des chercheurs de l’Inra de présenter leurs travaux et les solutions envisagées ou en cours de réflexion pour aider les agriculteurs et les éleveurs à produire.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.


Pour les chercheurs, il n'est pas pertinent de
comparer les sécheresses de 1976 et de 2011, car
les blés cultivés à présent sont complètement
différents de ceux d'il y a 30 ans.
(© Terre-net Média)

« Bien que l’imputation de la sécheresse de 2011 au changement climatique soit encore incertaine, le profil de l’année en cours (sécheresse printanière qui fait suite à un hiver pas assez pluvieux pour reconstituer les réserves en eau et augmentation de la température moyenne de l’ordre de 1 à 2°C) est typique de celui annoncé par les climatologues pour le milieu du XXI° siècle », assure l’Inra dans une note parue le 3 juin dernier. En revanche il est hasardeux, toujours selon l’Institut, de comparer l’épisode climatique actuel à la sécheresse de 1976 pour une raison essentielle : l’agriculture de 2011 n’est plus celle d’il y 35 ans. « Un blé cultivé cette année ne ressemble pas du tout à celui de 1976 », soutient Jean François Soussana, chercheur. Son potentiel de production est plus élevé et il produit beaucoup moins de paille. De même, maintenir des vaches à 8.000 litres de lait par an est plus compliqué que de nourrir des animaux produisant à 3.000 ou 4.000 litres.

« Il n’existera pas de variété tolérante à la sécheresse »

En production végétale, « il n’existera pas de variété tolérante à la sécheresse », défend le chercheur de l’Inra. A ce jour, c’est davantage la recherche variétale que la production d’organismes génétiquement modifiés qui permet en revanche d’accroître chaque année la capacité de résistance à la sécheresse. Elle s’accroît de 1 % à 2 % par an. Les résultats obtenus outrepassent les performances des variétés génétiquement modifiées qui au final ne permettent de ne gagner que 5 ans, sans amélioration possible par la suite.

Au final, les nouvelles variétés obtenues par sélection donnent aux agriculteurs la possibilité d’être mieux armés pour faire face aux déficits hydriques en décalant le calendrier d’implantation et d’irrigation.

Les bassins de retenue d’eau
ne sont pas la panacée

Augmenter l’offre d’eau en la stockant dans des bassins collinaires n’est pas une alternative sérieuse et surtout une solution durable face aux défis à relever, selon l’Inra comme le revendique pourtant la Fnsea.
Selon Nadine Bruisson, chercheur, « envisager de nouvelles capacités de stockage d’eau ne pourra porter que sur des petites quantités et n’exonère en aucun cas les efforts à conduire pour modifier et adapter les systèmes culturaux ».
En revanche, le développement de nouvelles capacités de stockage de céréales à l’échelle mondiale de céréales à l’étude dans le cadre du G20 ou encore le suivi de l’état hydrique du sol par satellite seraient plus efficaces pour s’adapter au réchauffement climatique. Ce qui revient à lutter contre la formation de bulles spéculatives, à réguler les marchés agricoles et à assurer la sécurité alimentaire de la planète.

En production animale, des systèmes médians sont plus adaptables que les élevages laitiers avec des vaches produisant plus de 10.000 litres. Un chargement extensif avec des parcs en réserve limitent, selon François Tardieu de l’Inra, les méfaits d’un déficit hydrique sur les systèmes orientés vers l’herbe, autonomes en fourrages voire conduits en agriculture biologique. L’absence d’une telle marge de sécurité les vulnérabilise en cette fin de printemps.

La paille additionnée d’ammoniac pour alimenter les ruminants

Dans le même temps, la forte résilience des prairies permettra aux éleveurs de pouvoir rapidement compter sur une production d’herbe à la moindre précipitation même si une certaine vigilance s’impose pour veiller à ce que la diversité variétale ne soit pas altérée : les plantes les plus résistantes prenant le dessus sur les plus vulnérables.

En attendant la pluie, les chercheurs de l’Inra prodiguent les éleveurs à utiliser la paille additionnée d’ammoniac pour alimenter les ruminants. Et à profiter des récoltes hâtives, pour implanter des cultures intercalaires, du millet ou du Rgi par exemple. A long terme, des épisodes caniculaires à répétition pourraient aussi conduire à opter pour des systèmes fourragers prévoyant des stocks importants de plusieurs mois d’avance pour se constituer un filet de sécurité.

Retrouvez toutes les prévisions météo de vos parcelles sur l'Observatoire météo.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement