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Semences de ferme Autoriser l’échange pour assurer la disponibilité des semences et un moindre coût

A plusieurs reprises utilisée comme recours face à un manque de semences certifiées, la semence de ferme défend sa place dans le paysage agricole français. Les acteurs du secteur revendiquent la moitié des utilisations et participent depuis 2001 à hauteur de 8 millions d’euros par an à la recherche variétale. Ils souhaitent, dans le contexte actuel difficile, voir lever l’interdiction d’échanger des semences de ferme afin de faciliter la transition vers la prochaine campagne.

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Sylvain Ducroquet prône « l’échange en
réponse à des conditions pédoclimatiques
difficiles, pour pallier les déficiences du
système commercial des semences certifiées,
pour pratiquer les mélanges variétaux plus
résistants aux maladies… » (© Terre-net Média)

La réglementation européenne sur les semences autorise l’autoproduction pour certaines variétés mais pas la vente ni l’échange de semences « alors que l’acte d’échange se situe à la base de toute activité agricole », précise Sylvain Ducroquet, président du syndicat des trieurs de France et de la Coordination nationale pour la défense des semences de ferme (Cndsf). « La pression sur nos activités se durcit de la part des semenciers du fait d’une utilisation grandissante des semences de ferme. »

Lever l'interdiction d'échanger des semences

« En 2010, pourtant, rappelle Michel Geray, porte-parole de la Cndsf, c’est grâce à l’échange que les surfaces en protéagineux ont pu s’étendre. Les semenciers n’avaient prévu ni un tel engouement, ni le ressemis de nombreuses parcelles de colza non levées après un automne 2009 très sec. Les agriculteurs ont pu respecter leurs engagements grâce à l’autoproduction de semences. » La Cndsf souhaite ainsi que soit levée l’interdiction pesant sur l’échange de semences de ferme entre agriculteurs, lequel permettrait, au moins cette année, « de desserrer l’étau que constitue la combinaison des prix élevés des matières premières, du manque de surfaces fourragères et de la sécheresse qui va réduire les stocks de semences ». La Cndsf a envoyé à ce titre un courrier à Bruno Le Maire. « Cela ne modifierait en rien le montant de la Cvo perçue par les obtenteurs et permettrait aux agriculteurs de trouver de la semence à moindre coût alors qu’ils devront déjà accuser le coup d’une moisson décevante. »

Favorable à la rémunération de la recherche

Quant à la rémunération de la recherche, Sylvain Ducroquet se dit y être favorable. « Mais nous nous posons des questions quant à certaines pistes suivies en sélection et le problème de représentativité ne nous permet de nous exprimer sur le sujet. » Les acteurs de la semence de ferme ne sont pas représentés au sein du Gnis, interprofession des semences. Et de plus en plus fréquemment, les trieurs à façon et agriculteurs font l’objet de contrôles par les agents du Gnis en plus de la Dgccrf sur leur chantier de triage. « Est-il logique que des agents de l’interprofession semencière accompagnent des agents des fraudes dans leur mission de service public ? », s'interroge Sylvain Ducroquet. 


Michel Geray : « Si nous pouvons comprendre qu’une
rémunération du travail de l’obtenteur est justifiée, il faut aussi
poser la question de la finalité de la recherche. Dans les grandes
espèces, la création variétale s’oriente de plus en plus vers une
création marketing de variétés homogènes et trop apparentées,
à la durée de vie ne dépassant pas cinq ans. » (© Terre-net Média)

Les trieurs de semences annoncent d’ailleurs qu’ils vont refuser les contrôles de la Dgccrf pour la campagne 2011 dès lors que l’agent sera accompagné d’un représentant du Gnis.

Besoin de représentation

Sans représentant au sein des instances de discussions, la Cndsf a du mal à accepter que lui soit imposé un système de paiement tel que la Cvo. Au-delà de la question de la rémunération de la recherche, à laquelle elle est plutôt favorable, c’est le fait de ne pas avoir droit à la parole qui gêne l’organisation. « Je suis d’accord pour le système de la Cvo. D’ailleurs nous versons 8 millions d’euros par an depuis 2001 à ce titre. Pour autant nous n’avons toujours pas la parole… En blé, les semences de ferme pèsent pour la moitié du marché. »

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