Santé Les agriculteurs meurent moins de maladie que la population générale

L'objectif de l'étude Agrisan : évaluer l'impact de l'exposition des agriculteurs à des risques particuliers (pesticides, ultraviolets, virus animaux...), et notamment leurs risques de cancer. (© Terre-net Média)

Une enquête d'Agrican sur la santé en milieu agricole et rendue publique lors d'un colloque vendredi 16 septembre 2011 à Tours, a été proposée à partir de 2005 aux affiliés de la Mutualité sociale agricole, retraités ou actifs, des 12 départements disposant d'un registre de cancers.

Plus de 180.000 personnes ont répondu au questionnaire. Il s'agissait notamment d'étudier l'impact de l'exposition des agriculteurs à des risques particuliers (pesticides, ultraviolets, virus animaux...), et notamment leurs risques de cancer.

« A ce stade de l'enquête, on est sûr de la mortalité par cancer parce qu'on n'a pas encore les données sur l'incidence » de la maladie, qui seront disponibles « normalement dans un an », a expliqué lors d'une conférence de presse à Tours Pierre Le Bailly, épidémiologiste qui a supervisé l'étude. La cohorte avait une moyenne d'âge de 63 ans. 44 % des femmes et 55 % des hommes étaient encore en activité.

L'impact du mode de vie

Toutes causes de décès confondues, il y a 27 % de moins de risque de décéder de maladie chez les agriculteurs que dans la population générale et 25 % chez les femmes, selon Agrican. Pour les cancers, les chiffres sont respectivement de - 27 % chez les hommes et - 19 % chez les femmes. Les décès par cancers liés au tabagisme, tels que larynx, trachée, poumons ou vessie sont nettement plus rares chez les hommes que dans la population générale, de même que chez les femmes les décès par cancers du larynx ou des poumons, de la vessie et aussi du sein (- 25 %). « C'est plutôt rassurant globalement, notamment parce que les agriculteurs fument moins que la moyenne nationale », selon Pierre Le Bailly. « Ça na rien à voir avec leur travail, mais ça a à voir avec leur mode de vie ».

En revanche, les décès par mélanome malin de la peau sont un peu plus fréquents (+ 1 % pour les hommes, + 6 % pour les femmes). Chez les hommes, le décès par cancer du sein est nettement plus élevé que dans la population générale (+ 123 %), mais les cas sont extrêmement rares. Chez les femmes, les décès par cancer de l'oesophage (+ 8 %), de l'estomac (+ 5 %), du sang (+ 2 %) sont plus fréquents.

Davantage de surpoids chez les agriculteurs

Les agriculteurs meurent aussi moins de troubles mentaux, de maladies de l'appareil digestif comme cirrhose ou ulcère, de diabète, de maladies du système nerveux comme Alzheimer et Parkinson... 8,7 % des hommes ont déclaré une intoxication à un pesticide et 5,1 % des femmes. Près de la moitié de ces intoxications ont entraîné une consultation chez un professionnel de santé.

L'obésité des agriculteurs est équivalente à celle de la population générale, mais le surpoids est un peu plus fréquent. Ces résultats sont très préliminaires : ce n'est que l'an prochain que seront publiées les analyses des incidences de cancer, en fonction des facteurs professionnels et de l'utilisation de pesticides. L'association Générations futures a protesté contre la publication de cette étude qui « occulte le fait que les agriculteurs sont plus fréquemment touchés par certains cancers que la population générale ». Elle s'étonne aussi dans un communiqué que seulement 48 % des hommes travaillant dans les cultures soient en contact avec des pesticides, alors que l'agriculture biologique « représente moins de 3 % de la surface agricole française ».