Les ministres européens de l'Agriculture ont vivement critiqué jeudi 20 octobre plusieurs points-clé de la réforme de la Politique agricole commune, augurant de négociations ardues sur ce texte sensé rendre les aides plus équitables et les pratiques agricoles plus "vertes".
Dacian Ciolos, commisaire européen (© Terre-net Média) |
Lors d'une réunion à Luxembourg, la plupart des ministres ont critiqué des éléments importants du projet comme la mise en jachère écologique de 7% des surfaces agricoles ou l'idée de conditionner 30% des aides directes au respect de mesures environnementales. "Mettre au repos des surfaces entières n'est pas compatible avec l'objectif de produire plus de nourriture dans le contexte d'une population mondiale en hausse, et de produire en même temps des énergies renouvelables", a déclaré la ministre allemande Ilse Aigner. De même, l'idée de plafonner les aides à 300.000 euros maximum par ferme représente un "changement de système dont nous ne voulons pas", a-t-elle dit. Son homologue britannique Caroline Spelman a estimé que le plafonnement des aides se traduirait par une fragmentation des exploitations. Pour Mme Spelman, le projet représente dans son ensemble une "occasion ratée". Le Français Bruno Le Maire a de son côté critiqué les modalités du verdissement des aides, tout en y disant "oui sur le principe". "Les premières propositions comme le taux de 30% me paraissent excessives et inappropriées", a-t-il précisé. L'Espagnole Rosa Aguilar s'est dite "déçue" par l'ensemble des propositions, notamment par le nouveau système de répartition en fonction du nombre d'hectares, censé favoriser les exploitations extensives au détriment des exploitations intensives dont la production plus importante leur donnait jusqu'ici droit à plus d'argent. Pour le Suédois Eskil Erlandsson, le projet "complique encore davantage les choses". Présentée le 12 octobre par le commissaire à l'Agriculture, le Roumain Dacian Ciolos, la réforme doit être également discutée au Parlement européen en vue d'une entrée en vigueur à partir du 1er janvier 2014. Le projet a également été critiqué par les ONG de défense de l'environnement, qui lui reprochent de ne pas aller assez loin, mais aussi par les organisations agricoles qui rejettent notamment les mesures environnementales proposées.