Bilan de campagne 2011 Pour la betterave à sucre, été pluvieux rime avec récolte record dans le Nord
Le temps pluvieux de l'été dernier a fait au moins une catégorie d'heureux, les planteurs de betteraves, ces racines oblongues en forme de coeur dont sont extraits des milliers de tonnes de sucre: leur récolte promet d'atteindre des records cette année en France.
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« On a eu un printemps plutôt sec et des mois de juillet et août humides, mais jamais de fortes chaleurs ni de grosses pluies, c'est ce qui fait qu'on a de belles betteraves cette année », explique-t-il, dans son champ où s'alignent les fanes vertes de milliers de betteraves.
Une arracheuse high-tech de la taille d'un semi-remorque a plongé ses lames dans la terre grasse pour aspirer ces racines gorgées de saccharose hors de cette terre plane, à une cinquantaine de kilomètres de la Manche.
« L'eau est arrivée au bon moment, la betterave en a pleinement profité »
Avec 160 à 200 grammes de sucre par kilo de betterave, « on a un excellent rendement, on s'achemine vers un nouveau record », ajoute, enthousiaste, Alain Haurou-Patou, directeur de la sucrerie de Lillers (Pas-de-Calais). La sucrerie coopérative Tereos de Lillers extrait chaque année 100.000 tonnes de sucre blanc des betteraves cultivées sur 18.000 hectares par 2.400 planteurs dans le Nord/Pas-de-Calais. Le monde agricole a retenu son souffle au printemps, craignant que la sécheresse ne ruine les récoltes, et les maraîchers ont souffert des fortes pluies qui ont également gâché cet été les vacances de nombre de Français. Mais « la betterave, elle, a apprécié », sourit M. Haurou-Patou. « Elle a passé de très bonnes vacances », plaisante-t-il. « L'eau est arrivée au bon moment, la betterave en a pleinement profité ».
La France est le premier producteur mondial de sucre de betterave, dont la culture est concentrée dans le quart nord-ouest du pays, ainsi qu'en Alsace et autour de Clermont-Ferrand, dans le Massif central. La campagne de récoltes, qui a débuté le 10 septembre, doit durer quatre mois. A la sucrerie, qui fonctionne 24 heures sur 24 pendant la campagne, l'automne est donc synonyme d'intense activité. Des dizaines de camions bourrés de betteraves vont et viennent, déchargeant sur une immense aire au pied de la sucrerie les racines blanches auxquelles collent encore des mottes de terre. Dans la journée, elles auront été transformées en sucre ou, pour un tiers environ, en bioéthanol.
25 kg de sucre par an
Fondée en 1923, la sucrerie ressemble à une usine, avec ses centaines de mètres de tuyauterie, ses cheminées soufflant des panaches de vapeur d'eau dans le ciel et ses cuves immenses où bouillent eaux sucrées et sirops. Elle fait travailler 140 permanents et 85 saisonniers dans une odeur écoeurante mêlant sucre et terre, qu'on peut humer aux abords de ses installations. Après avoir été lavées à grande eau, les betteraves sont coupées en lamelles, puis plongées dans un gigantesque bain d'eau bouillante. L'eau, qui s'est chargée de sucre, est ensuite purifiée, puis épaissie en sirop, qui est alors distillé, ou chauffé jusqu'à cristalliser et se transformer en sucre. Il est vendu en vrac à l'industrie agroalimentaire, ou directement sous la marque historique Beghin Say.
Les Français consomment en moyenne 25 kilos de sucre par an sous toutes ses formes, dont la quasi totalité (92 %) provient de la betterave blanche.
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