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[Décryptage] Nicolas Sarkozy dans le Gers La crise renforce le rôle statégique de l'agriculture selon le président de la République

Même s'il n'est pas encore officiellement candidat à l'élection présidentielle de 2012, c'est bien un président de la République en campagne qui a voulu poursuivre sa reconquète de l'électorat agricole hier dans le Gers. Les agriculteurs sont pour Nicolas Sarkozy un laboratoire d’excellence pour défendre son bilan à l’Elysée et pour se donner une réelle stature de nouveau candidat à la présidence. Le président de la République a tenté de se montrer aux dessus des partis et des syndicats pour combattre le sectarisme. Par ailleurs, au lendemain de la décision du Conseil d’Etat sur le maïs Ogm, il affirme que le gouvernement va préparer une nouvelle clause de sauvegarde avec des éléments scientifiques.

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Pour Nicolas Sarkozy, « rien n'est possible si on refuse l'Union européenne et si on tourne le
dos au monde ». (© Afp photo / Pool / Philippe Wojazer)

« Je suis venu dire ma part de vérité » et « faire partager la situation du pays ». Après avoir visité l’exploitation d’Hervé et de Brigitte Letertre à Marsan (Gers), qui n’a pas été épargnée par la sécheresse, le président de la République a animé, ce 29 novembre à Gimont, une table ronde avec les responsables départementaux du monde agricole, dont l’ancien président de Jeunes Agriculteurs, Willliam Villeneuve originaire du département. En revanche, aucun des responsables des syndicats minoritaires n’était invité à la table ronde alors que le siège de la Coordination Rurale est situé à Auch.

Nicolas Sarkozy n’a pas échappé aux questions d’actualité portant sur l’interdiction de cultiver du maïs Monsanto 810 ou encore sur certaines mesures de la proposition législative de la Commission européenne pour l’après 2013. Au lendemain de la décision du Conseil d’Etat, il a affirmé que le gouvernement allait préparer une nouvelle clause de sauvegarde avec des éléments scientifiques. « Et je veux qu’il y ait un consensus sur le sujet des Ogm », a ajouté Nicolas Sarkozy. « En quoi des techniques culturales conventionnelles avec des épandages d’insecticides sont plus écologiques qu’une culture de maïs fourrager transgénique pour nourrir des bovins ? » a alors fait remarquer Hervé Letertre.

Le gouvernement est favorable à un verdissement mais pas sous sa forme actuelle

Concernant la Pac de l’après 2013, le ministre de l’Agriculture, qui accompagnait le président de la République, est revenu sur les deux points majeurs qui fâchent : le verdissement et la régulation. Bruno Le Maire a déploré que les 30 % de verdissement des aides Pac se présentent sous forme de sanction. Certes, le gouvernement est favorable à un verdissement, mais pas sous sa forme actuelle. Pour être acceptable, le dispositif devrait reposer sur une logique d'incitation et sa mise en oeuvre devrait être simplifiée.

Quant au budget européen de la Pac pour l'après 2013, Nicolas Sarkozy a assuré qu'il serait maintenu à son niveau actuel. 



Hervé Letertre et sa femme Brigitte dirigent avec Olivier Trebosc, installé en
2005 (à gauche), sur une exploitation de 185 ha. Ils élèvent un troupeau de 100
vaches allaitantes et ils produisent 3.500 canards gras.
Ils privilégient les filières
courtes pour valoriser l’ensemble de leurs produits. Faute de foin suffisant, la
paille sera la base de l’alimentation de leur troupeau. Ils ne percevront aucune
indemnité au titre des calamités agricoles. Les bâtiments d'élevage sont
couverts de panneaux photovoltaîques. (© Photo Terre-net Média)

La proposition législative de la Commission devra aussi comporter davantage d’outils de régulation pour tous les marchés et toutes les productions agricoles avec entre autres, le maintien des droits de plantation. On ne peut pas mettre en concurrence des produits européens avec des denrées importées qui ne respectent pas les règles sanitaires et de bien-être animal imposées en Europe.

Autre cheval de bataille qui préoccupe la profession agricole gersoise : les zones défavorisées. « Les propositions de la Commission ne nous conviennent pas. Il faudra les modifier », a défendu Nicolas Sarkozy. La place stratégique de l’agriculture dans l’économie française justifie le maintien du Gers et d’autres départements en zones défavorisées, ceci afin de préserver l'activité agricole sur tous les territoires. Pour appuyer ses propos, le président de la République a rappelé les excellents résultats de la France en matière de commerce extérieur agroalimentaire.

« Diminuer les dépenses et travailler plus pour préserver notre modèle social »

L’agriculture et les agriculteurs sont pour Nicolas Sarkozy un laboratoire d’excellence pour défendre son bilan à l’Elysée, et pour se donner une nouvelle stature de candidat à la présidence pour 2012-2017. « L’avenir de l’agriculture est celui de la France, je ne comprends pas pourquoi certains discours opposent les agriculteurs au reste de la société ». Nicolas Sarkozy a besoin des agriculteurs pour 2012 et il le leur a fait comprendre à Gimont.

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Interrogé sur les retraites agricoles ou encore sur le maintien des services publics, le président a tenté de montrer que le gouvernement avait apporté des solutions appropriées sur tous ces points. Mais la crise justifie « qu’il faille faire des économies, diminuer les dépenses et travailler plus pour préserver notre modèle social ». Des efforts nécessaire, selon lui, pour que la France ne se retrouve pas dans la même situation que la Grèce.

A 5 mois de l’élection présidentielle, le président a voulu se situer au dessus des partis et des syndicats agricoles pour mieux combattre le sectarisme sans citer à aucun moment les partis de l'opposition (les Verts en particulier). Selon lui, les agriculteurs sont les premiers protecteurs de l'environnement.

« Pour rester les mêmes (nous mêmes, autrement dit - ndlr), il faut évoluer et intégrer les règles d’aujourd’hui ». Selon Nicolas Sarkozy, c'est la seule stratégies pour que la France reste une puissance économique. Le président de la République se veut en fait être le garant des intérêts de l’agriculture et des agriculteurs français. Mais « on ne peut pas refuser la mondialisation » a-t-il conclu. « Rien n’est possible si on refuse l’Union européenne et si on tourne le dos au monde ».

 

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