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Céréales dans le froid Analyser les risques… malgré la difficulté d'évaluation des conséquences

Les spécialistes d’Arvalis-Institut du végétal ont beau analyser et prendre en compte l’ensemble des paramètres, les conséquences en cultures de ces températures glaciales restent très difficiles à évaluer. Ainsi, alors que la situation s’avère plus ou moins inquiétante selon l’intensité du froid, l’espèce considérée, la présence de neige ou non, et surtout le stade de la culture, la forte capacité de compensation et de rattrapage des céréales peut rassurer. Un diagnostic au moment du dégel permettra d’être fixé.

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Au sein de chaque espèce, il existe aussi une forte variabilité
génétique de la sensibilité au froid. (© Arvalis-Institut du végétal)

« Les céréales cultivées en France sont adaptées à des températures hivernales entre - 5 et - 15°C sous abri selon les stades, et les dégâts sont rares », tient à préciser Arvalis-Institut du végétal. Les observateurs insistent cependant sur le développement inhabituellement avancé des plantes - jusqu’au stade « épi 1 cm » dans certaines situations - qui accroît l’exposition des cultures. Et, alors que la situation se précise quant à l’intensité et à la durée de la vague de froid qui touche actuellement le territoire, il reste très difficile de se prononcer sur les conséquences finales.

Jean-Charles Deswarte et David Gouache d’Arvalis-Institut du végétal analysent la situation. « Parmi les points positifs, l’installation progressive du froid sur quelques jours a laissé du temps aux plantes pour s’adapter au changement de conditions. De plus, le faible engorgement en eau des sols limitera les effets mécaniques du gel. Enfin, les minimales annoncées seraient de l’ordre de - 10 à - 15°C (localement - 20°C), des valeurs qui restent généralement acceptables pour des céréales d’hiver, surtout qu’une protection neigeuse s’est mise en place sur une partie du territoire. »

Des situations plus exposées que d'autres 

Des inquiétudes légitimes s’expriment néanmoins dans certaines situations, notamment dans les zones où le froid sera le plus intense. « Certaines espèces sont plus sensibles au froid que d’autres : avoines d’hiver, orges de printemps semées en automne et blés durs. Ensuite, viennent les orges d’hiver et les blés alternatifs. Enfin, les espèces les moins à risque sont le blé tendre d’hiver, le triticale et le seigle, sous réserve que le stade « épi 1cm » ne soit pas atteint. »

Densité de semis et vulnérabilité

Il est important de noter que toutes les talles d’une plante ne sont pas synchronisées. Lorsque le maître-brin atteint ce stade, les apex des talles primaires et a fortiori secondaires sont beaucoup moins avancés et donc moins vulnérables. Ainsi, des céréales semées claires sont moins à risque que des céréales semées densément : la proportion de maîtres-brins sur l’ensemble des tiges est plus faible.

Ainsi, le stade de la culture sera déterminant. « En effet, lorsque les cultures ont terminé leur vernalisation, leur capacité à s’endurcir s’abaisse, voire disparaît. Dans ce cas, des blés tendres alternatifs, par exemple, qui ont de faibles besoins en vernalisation, ne sont plus capables de s’adapter à un froid progressif. La valeur absolue de la température minimale primera. Cela vaut pour des céréales qui approchent ou dépassent le stade « épi 1cm ». L’épi, élevé au-dessus de la surface du sol, devient surtout plus vulnérable à une chute brutale, même ponctuelle, de la température. » À partir de ce stade, le seuil de - 4°C sous abri (environ - 7°C en plaine) sera considéré comme un seuil d’alerte, « et non un seuil de dégâts systématiques ».

De fortes capacités de compensation

La destruction d’une partie des plantes ou des maîtres-brins ne condamne pas la culture. Les céréales bénéficient de fortes capacités de compensation, à travers le tallage, la fertilité épi et le Pmg. « Les pertes ne sont vraiment préjudiciables que si elles dépassent 20 à 40 % de la culture, selon les milieux. Le gel du maître-brin, s’il a lieu, va provoquer une croissance accrue des talles secondaires, qui compensera partiellement la disparition des tiges principales. Enfin, les racines survivent à de tels scénarii de froid. Les tiges qui se maintiendront bénéficieront donc d’un système racinaire déjà développé, et donc d’une capacité accrue de la culture à se rétablir en début de printemps. »

Il s’agit pour le moment d’attendre pour préciser le diagnostic (voir méthode de diagnostic sur www.arvalis-infos.fr ou cliquer sur le lien : Évaluer l’état des cultures en cas de doute) et naturellement de reporter toutes les interventions (fertilisation, traitements). « Et si un resemis s’impose, il faudra s’orienter vers des variétés alternatives ou de printemps. »

Retrouvez également sur Arvalis-infos, le bulletin spécifique de votre région.

 

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