Campagne de pommes de terre 2012 L’Unpt demande de planter 10.000 ha de moins qu'en 2011
Le déroulement de la campagne 2011/2012 met en lumière les faiblesses de la filière de pommes de terre masquées par les marchés très porteurs de ces dernières années. Le syndicat des producteurs de pommes de terre mobilise ses adhérents pour engager d’ores et déjà un programme de redressement. Pour 2012, l'Unpt souhaite que seuls 100.000 ha soient cultivés contre 110.000 ha l'an passé.
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Patrick Trillon, président de l'Unpt. (© Terre-net média) |
Des rendements en hausse de 4t. sur 10 ans
Pour la campagne 2012/2013, Patrick Trillon, président de l’Unpt, demande à ses adhérents de n’ensemencer que 100.000 ha, contre 110.000 ha en 2011 afin de réduire le risque de surproduction et prendre en compte la croissance des rendements de 4 tonnes par hectare au cours de ces dix dernières années.
Les précédentes campagnes se sont bien déroulées car la France, en situation de surproduction structurelle, a pallié aux baisses de productions de ses voisins suite aux accidents climatiques dans les pays voisins. Mais pour 2011, les récoltes de pommes de terre ont battu des records dans toute l’Europe.
Les producteurs ne peuvent pas non plus raisonner les marchés de pommes de terre fécules et de consommation séparément car dans certains pays les productions sont justement interconnectées en tirant les prix des contrats vers le bas. De plus, l’industrie féculière est un recours pour absorber en Belgique et dans les Pays Bas les excédents.
10.000 hectares en moins
Evidemment pas un hectare n’est encore ensemencé mais l’Unpt redoute que le mot d’ordre de réduire de 10.000 ha la sole de pommes de terre ne soit pas suivi dans les faits. Les surfaces qui seront implantées seraient même au moins égales à celles de l’an passé si l’on se fit aux achats de plants de pommes de terre. Il est vrai que le matériel est dans les fermes et il est important pour les producteurs de pouvoir l’amortir.
La conjoncture économique actuelle pèse aussi sur le déroulement de la campagne car la solvabilité financière des pays importateurs rend les exportations plus risquées. Pour 2013, les producteurs de pommes de terre demandent d’être accompagnées par les banques.
A moyen terme, plusieurs pistes sont explorées pour renforcer les parts de marché de la filière française de pommes de terre, en Europe de l’Est en particulier, où la qualité des tubercules est très appréciée. Pour mieux maitriser la répartition des marges brutes, l’observatoire des marges et des prix de FranceAgriMer pourrait étendre ses activités à la filière pommes de terre à condition que les acteurs jouent le jeu.
L'interprofession sur le banc de touche : La surproduction n’explique pas seulement les déboires de l’actuelle campagne. Les producteurs de pommes de terre ont déploré que les négociants et les grandes surfaces ne s’investissent pas suffisamment pour garantir la qualité des pommes de terre commercialisées, ce qui nuit à l’image du produit auprès des consommateurs. Il est selon eux, urgent d’enrayer la baisse des achats en frais de 0,7% par an et ils regrettent de ne pas pouvoir compter sur l’interprofession pour redresser la pente. |
Autre piste envisagée, la publication d’un guide de bonnes pratiques de contractualisation en s’inspirant des techniques de commerce équitable Max Havelaar. « Nous nous lançons dans une démarche de progrès pour les producteurs et les acteurs de la filière qui le souhaitent », a défendu Patrick Trillon.
Guide de bonnes pratiques de contractualisation
Mais la bataille des marges et de la valeur ajoutée se joue aussi avec la réduction des coûts de production. Et comme les céréaliers au Sommet du végétal le mois dernier, les producteurs de pommes de terre ont souligné la concurrence distorsive en matière de réglementation environnementale. Ils déplorent une nouvelle fois de ne pas pouvoir employer l’Amistar (fongicide) par exemple. Sur ce point, le représentant de Bruno Le Maire, ministre de l’agriculture venu conclure le congrès, a assuré qu’une solution sera trouvée d’ici le début de la campagne.
Contradiction notoire
Enfin, comme pour les producteurs laitiers, les producteurs de pommes de terre soulignent la contradiction très forte face à laquelle ils sont confrontés. A savoir, la nécessité de se regrouper dans des organisations de producteurs de dimension imposante pour conquérir des marchés à l’export et la crainte que cette même organisation soit dénoncée par les services de la concurrence et de la répression des fraudes pour entente illicite.
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