Flambée des prix agricoles Le G20 prêt à agir
La tension grandissante sur les marchés agricoles en raison de la sécheresse aux Etats-Unis rend de plus en plus probable une réunion début septembre du Forum de réaction rapide, une instance issue du G20 en 2011 et actuellement présidée par Paris.
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Confirmant les craintes du marché, le département américain de l'Agriculture (Usda) a abaissé vendredi ses prévisions de production mondiale de blé pour la campagne commerciale 2012/2013. (© Terre-net Média) |
Depuis plusieurs semaines, les cours des matières premières agricoles s'envolent en raison de la sécheresse qui sévit depuis la mi-juin aux Etats-Unis et dans d'autres pays producteurs comme la Russie. Au mois de juillet, les cours internationaux du blé ont gagné 19 %, ceux du maïs 23 %, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (Fao).
La flambée des prix rappelle le scénario de l'année 2008, année où les pays importateurs les plus pauvres avaient été secoués par des émeutes de la faim. Mais « la grande différence entre maintenant et la période 2007/2008 tient dans le fait qu'à l'époque, nous avions des disponibilités très serrées en riz et en blé » - deux denrées essentielles à la sécurité alimentaire humaine, a expliqué à l'Afp Christopher Narayanan, directeur de la recherche sur les matières premières agricoles à la Société Générale. Or « ce n'est pas le cas actuellement », les disponibilités en riz étant larges tout comme celles en blé, même si elles se restreignent, a-t-il souligné.
Toutefois, confirmant les craintes du marché, le département américain de l'Agriculture (Usda) a abaissé vendredi ses prévisions de production mondiale de blé pour la campagne commerciale 2012/2013. Aux Etats-Unis, les prévisions de récoltes de maïs ont atteint leur plus bas niveau depuis six ans, selon l'Usda. Une partie de la production de maïs étant utilisée pour répondre à des quotas de production de bioéthanol, des voix se sont élevées dans la classe politique pour demander la suspension temporaire de ces quotas.
Avoir une visibilité sur l'ensemble des stocks
Samedi, le président américain Barack Obama a exhorté le Congrès à adopter un projet de loi pour aider agriculteurs et éleveurs touchés par la sécheresse. Face à cette situation, une télé-conférence va se tenir fin août entre la France, actuelle présidente du Forum de réaction rapide, les Etats-Unis, qui lui succèdent le 2 octobre, et le Mexique, qui préside actuellement le G20, pour décider de la tenue ou non du Forum, a indiqué à l'Afp un porte-parole du ministère français de l'Agriculture. Les autorités attendent « d'avoir une visibilité sur l'ensemble des stocks » ainsi que sur « l'état anticipé des récoltes » pour prendre une décision, a-t-il précisé. « S'il s'avérait que l'on souhaite réunir le Forum, on le ferait début septembre », a-t-il poursuivi.
Eviter les mesures de restriction à l'export
Selon le Financial Times lundi, les principaux pays du G20 sont « favorables à la tenue d'une réunion ». « La France et les États-Unis restent vigilants sur l'évolution des marchés et se disent prêts à réunir le Forum de réaction rapide en cas de dégradation » de la situation des cours des céréales et du soja, a indiqué le ministère français de l'Agriculture. Le Forum de réaction rapide, mis en place en 2011, réunit les responsables des administrations liées à l'agriculture des pays du G20 et huit autres pays (Espagne, Egypte, Nigeria, Thaïlande, Philippines, Pakistan, Bangladesh et Kazakhstan). Il est destiné à apporter une réponse coordonnée en cas de forte tension sur les marchés, afin d'éviter notamment des interventions unilatérales susceptibles d'aggraver la situation. En 2010, la Russie avait interrompu temporairement ses exportations de blé, renforçant ainsi de façon brutale les tensions déjà existantes. « Malgré la volonté affichée du gouvernement russe d'éviter les mesures de restriction à l'export cette année, les doutes sont permis », prévient une note de la société de conseils Agritel.
Le président de Système U pour une "régulation" du prix des céréales en France
Le président du groupement coopératif Système U, Serge Papin, a proposé jeudi une discussion entre distributeurs et producteurs de céréales autour d'une "régulation" des prix, alors que les cours mondiaux des matières premières agricoles se sont envolés ces dernières semaines. « On est sur un prix (des matières premières agricoles) qui est déconnecté du prix de revient, puisqu'il s'agit d'un prix international, qui est basé sur une pénurie aux Etats-Unis et sur de la spéculation », a souligné M. Papin sur Bfm TV. « Nous (en France), nous n'avons pas ces inconvénients, on n'a pas eu d'inconvénient climatique, on a fait une bonne récolte. Est-ce qu'on ne devrait pas en France mettre tout le monde autour de la table ? (...) Est-ce qu'on ne pourrait pas amener un peu de régulation ? », a-t-il ajouté. M. Papin a proposé que « les filières agricoles, les producteurs céréaliers et la distribution » se retrouvent « sous l'égide du ministère de l'Agriculture et de la Consommation ». Selon l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (Fao), l'envolée des cours des matières premières agricoles sur les marchés internationaux s'est répercutée en juillet sur les prix alimentaires mondiaux, qui ont grimpé de 6%. Côté distributeurs, on estime qu'il est trop tôt pour parler de répercussions en France. A l'inverse, l'industrie agroalimentaire juge la hausse "inéluctable". C'est au cours des négociations annuelles entre fournisseurs et grande distribution, qui doivent débuter en octobre, que se décidera une éventuelle répercussion des hausses du prix des matières premières. |
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