Céréales Les marchés comptent sur la France
Selon le baromètre Fnsea-Ifop, les aléas climatiques font partie en France des trois difficultés majeures que les agriculteurs rencontrent avec les charges d’exploitation et les coûts du travail. Et pourtant, parmi les grands pays exportateurs de céréales, la France est le seul en mesure de rattraper des épisodes climatiques néfastes aux cultures.
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Malgré la destruction de 5 % de la sole de blé, la production française serait au final supérieure de près de 2 Mt à l'an passé. (© Terre-net Média) |
Cet article est la version longue de l'encadré "En France" de la rubrique Champ planet'terre de Terre-net Magazine n°19 (octobre) à paraître dans quelques jours. L'article du magazine porte sur l'impact des aléas climatiques au Canada et dans les principaux pays exportateurs de céréales. |
Et la production d’orge pourrait atteindre 11,5 Mt selon les dernières estimations de FranceAgriMer. Un record !
A la différence de ses voisins d’Europe centrale et orientale, le printemps "récupérateur" de 2012 a permis de sauver la production de céréales pourtant fortement compromise dans l’Est de la France. Notre pays est même bien placé pour exporter puisque ses concurrents de la mer Noire sont hors course.
Le risque climatique n'est plus assurable
Quant aux Etats-Unis, premier producteur de maïs avec près de 50 % de la production mondiale, leur volonté de s’affranchir des énergies fossiles importées (pour produire de l'éthanol, Ndlr) les rend dépendants des caprices d’un climat qu’ils ne maîtrisent pas.
Dans certains pays, il est fort probable que le risque climatique devienne inéluctable et par conséquent plus assurable ou avec des primes inabordables, ce qui revient au même. C’est ce que vit Chris dans le Manitoba. Ailleurs, les aléas climatiques fréquents peuvent remettre en cause l’ensemble des soutiens publics assis sur la production agricole, faute justement de récoltes !
En fait, tant que les récoltes ne sont pas stockées, les agriculteurs et les prévisionnistes ne sont dorénavant plus à l’abri de désagréments. En 2010, après deux campagnes excédentaires et un euro au plus haut, les cours des céréales se sont envolés suite aux incendies massifs survenus en Russie. Aux Etats-Unis, un écart de rendement en maïs de 0,5 quintal par hectare génère une variation de la production mondiale de 30 Mt ! A l’échelle mondiale, 0,1 quintal de blé récolté en plus ou en moins par hectare entraîne une variation de la production mondiale de 22 Mt. Cette élasticité est une aubaine pour les marchés spéculatifs. Les traders s’échangent des dizaines de fois l’équivalent de la production mondiale. Au risque d’aboutir dans les prochaines semaines à de nouvelles émeutes de la faim.
Retour de l'agronomie
En Europe, se pose alors la légitimité des aides directes de la Pac, instaurées en 1992 pour compenser la baisse des prix garantis et non pas pour contrer le fonctionnement spéculatif des marchés. Avec des cours élevés, les agriculteurs qui en perçoivent le plus sont-ils ceux qui en ont aujourd’hui le plus besoin ? Les éleveurs de bovins et d’ovins seront les premières victimes de la nouvelle hausse des prix de l’alimentation animale et des matières premières agricoles. On comprend dans ces conditions les objectifs du G20, en termes de régulation des marchés mondiaux de matières premières et d’accroissement de la production de céréales, tout comme l'urgence de convoquer le Forum de réaction rapide.
En attendant, pour limiter l'impact du climat, il est d’ores et déjà acquis que l’avenir de l’agriculture reposera sur le retour de l’agronomie avec la redécouverte de pratiques ancestrales et la mise au point de techniques culturales innovantes, économes en intrants et en eau. Mais, la hausse des températures modifie aussi les ères de cultures et d’élevage de la planète. Certaines îles du Groënland portent de nouveau bien leur nom ! Vertes, elles sont redevenues propices à l’élevage !
Pour en savoir plus sur les marchés, consultez également : Chicago - Les prix du soja tombent à leurs plus bas niveau depuis fin juin Matières premières - Marché européen des céréales en baisse dans le sillage de Chicago Pour surveiller les évolutions des cours des matières premières agricoles, connectez-vous sur : |
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