Néonicotinoïdes (Cruiser, Gaucho...) Un rapport de l'Efsa pourrait conduire à leur interdiction
La Commission européenne pourrait proposer d'interdire l'utilisation de certains produits phytosanitaires après les conclusions « inquiétantes » rendues mercredi par l'autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) sur leur impact létal pour les abeilles.
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Au fil des ans, les études scientifiques ont permis d'établir que les produits phytosanitaires dits "systémiques" ou "néonicotinoïdes" ont bien un impact létal sur les abeilles, qu'ils désorientent, au point que certaines ne savent plus revenir à leurs ruches. (© Terre-net Média) |
D'autre part, la Commission européenne a décidé d'inscrire le sujet à l'ordre du jour de la réunion du comité permanent de l'UE en charge de ces questions prévue le 31 janvier. « La Commission, avec les Etats membres, prendra les mesures qui s'imposent », a conclu le porte-parole. Des Etats membres ont déjà pris des mesures au plan national. La France a ainsi retiré le 29 juillet l'autorisation de mise sur le marché (Amm) du Cruiser Osr utilisé en traitement de semences pour le colza. Reste son usage pour le maïs qui, bien que contesté, n'a pas été à ce stade définitivement banni. L'Italie et l'Allemagne interdisent l'usage des produits phytosanitaires incriminés seulement pour le maïs, les Pays-Bas pour traiter les plantes qui attirent les abeilles, et la Slovénie pour toutes les plantes.
Vers une interdiction de ces produits ?
L'idée de la Commission européenne est d'arrêter une ligne de conduite au niveau de l'UE et d'aller si nécessaire vers une interdiction des produits incriminés. Au fil des ans, les études scientifiques ont permis d'établir que les produits phytosanitaires dits "systémiques" ou "néonicotinoïdes" ont bien un impact létal sur les abeilles, qu'ils désorientent, au point que certaines ne savent plus revenir à leurs ruches. En une quinzaine d'années, leur mortalité est passée de 5 à 30 %. Les apiculteurs ont déjà obtenu le retrait du Régent et du Gaucho (Bayer).
Les fabricants insistent, de leur côté, sur l'impact économique de la suppression de leurs produits phytosanitaires. « L'entreprise est prête à coopérer avec la Commission européenne et les Etats membres de l'UE et à développer des solutions pragmatiques pour aborder les lacunes en termes de données évoquées par l'Efsa », a réagi le groupe allemand dans un communiqué. Sa division d'agrochimie, Bayer CropScience, rappelle que les nombreuses données rassemblées par le groupe « ont été examinées par l'UE et les Etats membres et confirment que ses produits ne présentent aucun risque inacceptable ». « Nous sommes convaincus que les nouvelles conclusions de l'Efsa ne changent rien à la qualité et à la validité de cette évaluation des risques », a ajouté le groupe. Selon lui, la recherche a montré que plusieurs facteurs expliquent le déclin de la population des abeilles, le principal étant un acarien parasite de l'espèce Varroa. « Bayer CropScience s'engage à une utilisation responsable des néonicotinoïdes » et investit dans un programme destiné à réduire leurs effets sur les abeilles, a encore affirmé l'entreprise.
Un impact économique considérable
L'agrochimiste suisse Syngenta a, de son côté, vigoureusement contesté les conclusions de l'Efsa. « Il est clair pour nous que l'Efsa s'est trouvée sous pression politique pour produire une évaluation hâtive et insuffisante », a déclaré John Atkin, le directeur opérationnel de Syngenta. Le rapport n'a pas tenu compte des études scientifiques exhaustives qui ont précédé le lancement des néonicotinoïdes, ni des rapports de surveillance effectués dans les champs sur plusieurs années, selon le groupe suisse. « Ce rapport n'est pas digne de l'Efsa et de ses scientifiques », a ajouté John Atkin. Syngenta mettra tous les moyens à sa disposition pour défendre l'utilisation de ce type de produit, a précisé le groupe dans un communiqué. Une interdiction des néonicotinoïdes pourrait menacer 50.000 emplois et se traduire par un perte économique de 17 milliards d'euros à travers l'Europe sur les cinq prochaines années, selon l'agrochimiste bâlois.
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