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Environnement et qualité de l’eau La Saf veut faire des agriculteurs des « producteurs d’eau potable »

Après plusieurs mois de réflexion, la Saf veut insuffler une politique concertée de préservation de la qualité de l’eau, avec tous les acteurs concernés, dans laquelle les agriculteurs seraient incités, à devenir « producteurs d’eau potable », grâce au développement de démarches contractuelles et collectives.

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Pour la Saf, l’amélioration de la qualité de l’eau nécessite du « sur-mesure hydrogéologique », en totale opposition,
par exemple, avec l’extension insuffisamment concertée des zones vulnérables. (© Terre-net Média)
Parce que la préservation de la qualité de l’eau est l’affaire de tous, la Saf a présenté, mardi 19 février 2013, une "note de réflexion" pour « promouvoir les agriculteurs en tant qu’acteurs à part entière de la politique de l’eau ». Une réflexion collective menée depuis plusieurs mois qui s’inscrit dans le « contrat agricole européen » défendu par le think tank agricole, dans lequel les agriculteurs ne seraient plus soutenus par des droits à paiement direct, mais rémunérés par la société pour assurer leur sécurité alimentaire tout en préservant l’environnement.

La difficulté de la gestion de la qualité de l’eau réside, comme le souligne la Saf, dans le « mille-feuille » réglementaire aujourd’hui mal maîtrisé et qui aboutit à une multiplication des réglementations, des zonages, sans que les différents acteurs concernés ne puissent mener une politique de l’eau cohérente et de long terme. « Il faut passer de ce "mille-feuille" à l’horlogerie suisse », explique Marie Delefortrie, agricultrice en Picardie et secrétaire générale de la Saf en charge de cette réflexion.

Une politique de l’eau « à la parcelle »

Dans sa logique, la Saf souhaiterait d’abord internaliser l’environnement dans l’acte de production car entretenir, dans la conscience collective, l’opposition entre la production et la protection de l’eau « ne peut aboutir à une réelle démarche de progrès ». Les citoyens doivent ainsi voir les agriculteurs comme les premiers acteurs de la qualité de l’eau, et non pas se soumettre à l’idéologie écologique qui fait des exploitants de simples pollueurs.

Sur le terrain, l’amélioration de la qualité de l’eau nécessite du « sur-mesure hydrogéologique », en totale opposition, par exemple, avec l’extension insuffisamment concertée des zones vulnérables. « C’est aberrant et moins efficace de mettre en place des mesures faibles sur une large zone que d’appliquer des mesures plus fortes, mais ciblées au bon endroit », explique-t-on.

Participant à la réflexion, Bruno Cinotti, directeur adjoint de l’agence de l’eau Adour-Garonne, le confirme : « Nous avons réussi à travailler avec la coopérative Euralis pour proposer à leurs adhérents de cultiver du chanvre peu gourmand en intrants, sur des parcelles ciblées. » Une démarche collective de progrès réussie selon le responsable : plus de 1.000 ha sont aujourd’hui contractualisés.

Il convient ainsi de développer une approche à la parcelle, tant chez les agriculteurs que dans les bureaux des décideurs, qui permettra de définir des territoires hydrogéologiques sur lesquels seront ciblés les actions.

Développer des « contrats » entre acteurs

Pour la Saf, il convient d’améliorer le « climat social » de la politique de l’eau. En clair, le débat est trop passionné, voire conflictuel, pour faire avancer suffisamment les choses. D’où la nécessité d’instaurer un « comité stratégique » entouré d’experts et qui réunirait l’Etat, les régions, les collectivités, les agences de l’eau, les entreprises délégataires, les représentants de la société civile et le monde agricole. Et pour éviter le climat conflictuel, ce comité serait présidé par une personne neutre, « un médiateur dont la médiation est le métier ».

Quant aux actions à mener dans le cadre de stratégies collectives, la Saf évoque l’incitation à la certification des pratiques des agriculteurs, sur la base d’une expérience picarde : en 2003, l’association Terr’Avenir a été créée par 18 agriculteurs pour obtenir la certification Iso 14001 de leurs pratiques respectueuses de l’environnement. En 2013, l’association compte environ 300 exploitants.

La démarche initiée par l’agence de l’eau Adour-Garonne et Euralis pour produire du chanvre pourait aussi servir d’initiative à développer. D’un point de vue juridique, le bail environnemental, qui permet de contractualiser des pratiques vertueuses entre locataire et propriétaire des terres, ainsi que l’assolement en commun, sont également des pistes.

Reste que la logique de la Saf pour que les agriculteurs deviennent « producteurs d’eau potable » met en lumière les efforts encore à parcourir pour améliorer certaines pratiques agricoles. « En Midi-Pyrénées, certaines analyses démontrent que l’eau contient encore, à certains endroits, des produits interdits depuis 1983. En retrouver en 2013 démontre que des agriculteurs les ont utilisés dans les trente dernières années », explique Bruno Cinotti.

Surtout, l’amélioration de la qualité de l’eau, malgré tous les efforts entrepris par le monde agricole, aura un coût. Il apparaît évident que les agriculteurs ne pourront, seuls, le supporter.

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