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Momagri Le marché céréalier russe aux abois

« La Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme », aimait à dire Winston Churchill.

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Fin janvier, la Russie avait réduit ses prévisions d’exportations de céréales, pour la campagne 2012-13
à 14 millions (Mt), contre 15,5 Mt estimés. (© Terre-net Média)
C’est bien de mystère dont est nimbé le marché russe des céréales, tant les signaux envoyés sur les marchés internationaux sont depuis quelques années imprévisibles. Début février, la Russie a ainsi annoncé qu’elle envisageait de lever les droits de douanes sur les importations de céréales jusqu’au 1er août 2013.

Déjà fin janvier, la Russie avait réduit ses prévisions d’exportations de céréales, pour la campagne 2012-13 à 14 millions (Mt), contre 15,5 Mt estimés. La rigueur de l’hiver 2012 et la sécheresse de cet été ont entraîné une estimation à la baisse de la production tournant autour de 71 Mt, contre 94,2 Mt en 2011. Les stocks du pays s’élevaient au 1er janvier 2013 à 25,3 Mt, un niveau 30 % inférieur à celui de l’an dernier.

La décision de lever les droits des importations sur les céréales, tout comme les ventes massives de céréales puisées dans son fonds de secours depuis cet automne, visent à stabiliser les prix des céréales actuellement de 100 Usd par tonne supérieur au niveau mondial.

La Russie avait habitué ses obligés sur les marchés internationaux à des mesures autrement plus drastiques, comme le décret d’embargo sur ses exportations céréalières décidé en 2010 à la suite d’une sécheresse sans précèdent. Comment alors comprendre la cyclothymie russe ? Avant toute chose, si l’aléa climatique constitue un facteur aggravant, il serait erroné – voir dangereux – de considérer les fluctuations des marchés céréaliers russes et internationaux à la seule aune de ce facteur.

Des politiques de stop and go

Depuis plusieurs décennies, les marchés se sont financiarisés et complexifiés. Aujourd’hui, ces marchés sont structurellement marqués par l’hypervolatilité des prix et les dérives spéculatives, exacerbant d’autant plus les effets néfastes de cataclysmes naturels. Par ailleurs, cette situation entraîne l’impossibilité de prévoir l’évolution future des cours. Ainsi, pour se prémunir contre cette hypervolatilité, les pays adoptent des mesures dont certaines peuvent s’avérer déstabilisatrices et inadaptées, notamment parce qu’ils manquent de visibilité. On songe non seulement à la Russie, mais également à l’Argentine et aux conséquences de la sécheresse de 2009 sur le marché de la viande bovine ou encore au Japon et aux conséquences du tsunami et du tremblement de terre de 2011 sur le marché du riz.

La Russie, tout comme d’autres, doit cesser d’enchaîner des politiques de stop and go, alors que la complexité et la volatilité intrinsèques des marchés agricoles commandent une plus grande flexibilité des mesures tant au niveau politique que budgétaire, encadrée par une gouvernance agricole et alimentaire mondiale.

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