Photovoltaïque La bulle a éclaté... Le marché redistribue les cartes
Nombreux sont ceux qui ont voulu profiter de la bulle du photovoltaïque créée par des tarifs d'achats décorrélés du coût de production des équipements. En 2012, la baisse des prix garantis par les contrats et l'industrialisation de la chaîne réussie par la Chine, notamment, ont rebattu les cartes. Certains paient les pots cassés, la politique en faveur du solaire doit s'adapter, et ne pas passer à côté de la mondialisation du secteur.
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Le cabinet américain Ihs revient sur la concurrence féroce entre producteurs de panneaux qui a eu un prix : « à la fin de 2012, il ne restera que 150 entreprises en amont de la chaîne photovoltaïque, contre plus de 750 en 2010 ». En 2013, le cabinet prévoit encore des dépôts de bilan. Par ailleurs, la Chine devrait dépasser l'Allemagne comme premier marché mondial, et les installations de parcs photovoltaïques devraient dépasser celles de l'éolien aux Etats-Unis. (© Terre-net Média) |
Des marchés artificiellement favorisés
Comment le marché en est-il arrivé là ? Le photovoltaïque a-t-il toujours un avenir aussi brillant ? Son développement a commencé en Allemagne, où une politique particulièrement audacieuse, basée sur l’établissement de tarifs avantageux pour l’achat de l’électricité produite à partir des énergies renouvelables, a été établie en avril 2000, à l’instigation du député Hermann Scheer. Cette loi pour la promotion des énergies renouvelables (Erneuerbare-Energien-Gesetz ou Eeg), copiée depuis un peu partout dans le monde, également par la France en 2006, a permis un développement fulgurant du photovoltaïque, notamment dans son pays d’origine. Mais elle a aussi donné beaucoup de mauvaises habitudes à ces marchés artificiellement favorisés. Les tarifs ont toujours eu un temps de retard sur le développement des capacités et des technologies. C’était une condition du succès. Mais l’écart trop important entre le tarif d’achat de l’électricité et le coût de revient réel des centrales a gavé et endormi un certain nombre d’acteurs, dont beaucoup de ceux présents au départ de l’aventure.
Réussir le changement d’échelle
Les volumes augmentant, il fallait passer à la vitesse supérieure, à une dimension industrielle, pour réaliser de réelles économies d’échelle, et, en parallèle, travailler sur les progrès technologiques pour améliorer les performances et réduire les coûts de production rapportés au watt crête. Les Occidentaux, surtout Allemands et Américains, acteurs historiques majeurs, ont largement raté le changement d’échelle qu’ont réussi les Chinois. Les trois plus grosses entreprises chinoises du secteur représentent ainsi plus de la moitié de la capacité mondiale de production. Ils ont l’avantage de prix imbattables, et, comme ils maîtrisent désormais la qualité, sont devenus quasi incontournables au développement d'un photovoltaïque compétitif. Du côté des technologies, c’est surtout aux Usa qu’elles se sont développées. Il y a cependant ailleurs d’excellentes perspectives mais aussi des difficultés. Il est normal de voir un certain nombre de start-ups disparaître dans un contexte foisonnant. Ce fut le cas dans le domaine de l’informatique et d’internet par exemple.
Selon un rapport de Npd Solarbuzz, le top 10 des acteurs du photovoltaïque en 2012 représentait 86 % des ventes, l’Allemagne encore en tête avec 26 %. La Chine devrait prendre sa place en 2013, et le Japon, avec une croissance attendue de 50 % deviendrait le quatrième marché mondial. (© Npd Solarbuzz) |
La Chine, demain leader
En revanche, concernant le silicium, composant le cœur du marché, les pays occidentaux ont pris peur face à l’invasion des produits chinois, à tous les stades d’élaboration (cellules, vitrages, panneaux complets). Les Chinois, en parvenant à augmenter les volumes et baisser les coûts, ont provoqué le marasme des producteurs européens. Après avoir baissé les tarifs d’achat, qui devenaient de plus en plus difficiles à assurer, ceux-ci mettent en place des mesures protectionnistes, alléguant un prétendu dumping.
Le marché s’est contracté, il progresse moins vite, et le recours aux produits chinois diminue. Les Chinois font le dos rond et développent en attendant leur marché intérieur. Ils subissent un peu de casse, mais les capacités de production sont là, y compris celles de Suntech dont la reprise a déjà été annoncée. Ils annoncent pour 2016 un coût de panneau à moins de 0,5 US$ par watt crête, soit une baisse de 40 % par rapport à aujourd’hui.
Le marché européen doit investir pour le déploiement de la technologie
Les Occidentaux, dont les Européens, vont payer leurs panneaux plus chers, que ce soient des productions locales ou des importations taxées. Ceci devrait ralentir encore le développement du marché et augmenter la facture énergétique. La bonne sortie dépendra chez nous d’un déploiement des technologies, à condition d’investissements suffisants.
Nous ne sommes pas au bout de nos peines. D’une part, la poursuite de la baisse des tarifs d’achat, qui arriveront bientôt à la parité réseau - c’est-à-dire qu’il sera aussi intéressant de produire et consommer localement que d’acheter de l’électricité à un fournisseur extérieur - et, d’autre part, sans doute d’autres faillites. Il faudra un pilotage judicieux, qui ne maintienne pas debout artificiellement des entreprises qui ne le devraient pas, mais qui concentre les moyens sur celles qui auront les capacités de se positionner sur le marché mondial. »
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