Sécurité alimentaire Bernard Valuis (Anmf) : « Un pacte mondial avec des stocks de réserve ! »
Les stocks de régulation et d'urgence proposés par le G20 agricole en 2011 sont des solutions insuffisantes. Selon Bernard Valuis, président délégué de l’Association nationale de la meunerie française, seule la constitution de stocks de réserve au niveau mondial, représentant 3-4 mois de consommation courante, permettrait de réduire les variations des prix et de garantir l’approvisionnement de l’ensemble des populations.
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Les grands pays importateurs de produits agricoles seraient les premiers visés par une telle politique de constitution de stocks de réserve. (© Terre-net Média) |
Sous quelque forme que ce soit, la régulation des marchés et des productions agricoles limite la volatilité des prix mais elle ne garantit pas, dans la durée, la sécurité alimentaire en période de crise en particulier.
Le G20 envisageait, en 2011, la création de stocks d’urgence pour prévenir les « révoltes de la faim », mais ces stocks ne porteraient que sur des quantités limitées et resteraient inféodés aux marchés et aux productions agricoles. Aussi, les solutions apportées pour atténuer la pénurie de denrées agricoles ne peuvent avoir qu’un effet très limité dans le temps.
« Un pacte mondial de sécurité alimentaire »
Pour Bernard Valuis, président délégué de l’Association nationale de la meunerie française, assurer la sécurité alimentaire relève d’abord d’une politique publique détachée de tout enjeu agricole.
C'est dans cette logique qu'en Afrique de l’Ouest, les ministres de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) se constituent justement une réserve de produits alimentaires en mobilisant progressivement sur huit ans, une grande quantité de denrées pouvant représenter jusqu’à quatre mois de consommation courante.
En fait, sans exclure les exportateurs nets, les grands pays importateurs de produits agricoles seraient les premiers visés par une telle politique de constitution de stocks de réserve. Mais elle ne peut que s’inscrire dans la durée afin de ne pas troubler le fonctionnement des marchés et de ne pas créer, par ricochet, davantage de pénuries et une inflation des prix. En revanche, « la constitution et le maintien de stocks de réserve permettraient de réduire les variations des prix et de garantir l’approvisionnement de l’ensemble des populations », défend Bernard Valuis.
Et au niveau mondial, ces stocks de réserve poseraient les fondements d’un « pacte mondial de sécurité alimentaire, d’un ordre supérieur aux principes des législations nationales et des accords internationaux ».
S'inspirer de la gouvernance des banques centrales
« Mais un tel projet ne peut reposer que sur des politiques publiques appropriées avec des stocks constitués et gérés par des opérateurs publics ou privés ». Ce qui imposerait dans certains cas, des dérogations nécessaires aux accords commerciaux au sein de l’Omc, sans contrepartie. Enfin, pour gérer ces stocks de réserve, les détenteurs seraient tenus de préserver la qualité des produits en les renouvelant.
« Les procédures suivies par les gouvernances des banques centrales peuvent représenter une bonne source d’inspiration pour les autorités en charge de la gestion des stocks », écrit Bernard Valuis, dans "Sécurité alimentaire : pour des stocks de réserve". « Un parallèle peut en effet être établi avec les décisions concertées des banques centrales lorsqu’elles coordonnent leurs interventions sur les marchés ». Autrement dit, les denrées ne seraient vendues ou achetées qu'après avoir bien mesuré l’impact de ces opérations sur le fonctionnement des marchés. C'est pourquoi, la constitution de ces stocks serait étalée sur plusieurs années.
Pour financer la constitution de telles réserves, un mécanisme de portage financier avec transfert effectif de propriété des réserves serait le dispositif le plus cohérent : des opérateurs financeraient les achats de stockage détenus par les opérateurs de stockage physique.
« Et si son coût est trop élevé, il serait toujours possible de céder la propriété des réserves directement à des banques, au titre d’une convention financière de portage de long terme ». Et d’instaurer des prélèvements spécifiques (taxes à l'importation par exemple) pour couvrir les coûts de stockage et des immobilisations.
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