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Commercialisation 2013 Alexis Poullain (Agritel) : « Saisir l’opportunité des options bon marché ! »

Dans un contexte où les options à terme sont pour l’heure peu onéreuses, mais avec le risque d’une volatilité des cours beaucoup plus forte dans les semaines à venir, Alexis Poullain, consultant Agritel, conseille aux producteurs de saisir cette opportunité pour couvrir leurs premières ventes physiques par des options sur le marché à terme.

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Retrouvez toutes les réponses apportées par Alexis Poullain, consultant Agritel, aux questions des producteurs sur leur stratégie de commercialisation 2013, lors du tchat organisé le 30 avril 2013.

Totof947 : Bonjour, Aujourd'hui j'ai déjà engagé 35 % de ma récolte orge 2013 sur des prix allant de 220 à 230 €. Dois-je attendre pour commercialiser le reste, en espérant une remontée des prix ? Ou au contraire dois-je solder le reste aujourd'hui avec achat de call ? Même chose pour le blé, j'ai vendu 30 % sur des prix supèrieurs à 200 €. Les blés 2013 ne réussissent pas à passer la barre des 200 € sur le marché physique. Dois-je attendre ou alors vendre et prendre des options ? Quel est l'état cultural des pays de l'Est et des Etats-unis ? Pour 2014, je me suis déjà positionné sur des orges à 210 €, est-il préférable d'attendre pour continuer de vendre, ou doit-on continuer de marquer quelques tonnages si jamais les prix venaient à s'éffondrer ? Merci de vos réponses.

Alexis Poullain : Avoir engagé un tiers à un quart de ses volumes à ce moment de l'année en orge paraît être une sage décision. En revanche, il semble précoce d'aller au-delà à ce moment de la campagne. Les surfaces semées sont en hausse en Europe, mais l'arrivée du printemps a été tardive en Europe, ce qui implique un retard dans le développement végétatif qui pourrait pénaliser les rendements.

QUALIDON : Avec des récoltes qui s'annoncent bonnes en Europe de l'est (notre principal concurrent) mais aussi ailleurs, une augmentation des surfaces blés dans l'ensemble des pays producteurs, ne peut-on pas craindre un effondrement des cours pour la récolte 2013 ?

Alexis Poullain : En effet, les premiers éléments à notre disposition concernant la région Mer Noire laissent penser que la récolte devrait être bonne, à condition bien entendu que des incidents climatiques ne surviennent pas en cours de campagne. Toutefois, la situation est problématique aux Etats-Unis, l'état des cultures étant préoccupant dans la Wheat Belt avec seulement 33 % des cultures dans un état jugé bon à excellent, un niveau historiquement bas. Cela crée des tensions, dans la mesure où les Usa sont les premiers exportateurs mondiaux de blé !

 IYEH : quel serait la recolte de blé de la mer noire en 2013 ?

Alexis Poullain : Nos collaborateurs basés sur le terrain, dans notre bureau à Kiev, font une estimation de la récolte ukrainienne à 20 Mt, contre 15 Mt en 2012/2013. La Russie est en mesure de produire 50 Mt, et le Kazakhstan 15 Mt, soit un total de 85 Mt pour le bassin mer Noire. On est donc encore loin des niveaux de 2011, où presque 100 Mt avaient été produites. Par ailleurs, les variations de conditions climatiques peuvent être extrêmes dans ces zones, et pourraient donc au final pénaliser les rendements.

BleMondial : Entre les campagnes 2010-2011 et 2011-2012, on constate une importante hausse de l'alimentation animale pour le blé (on passe de 116 à 147 t) dans les chiffres de l'USDA. D'où vient cette accélération ?

Alexis Poullain : En 2010-2011, on manquait de blé meunier, pas de fourrager, donc le prix du blé était comparativement cher par rapport au maïs. En revanche, en 2011-2012, les récoltes ont été particulièrement importantes dans le bassin mer Noire (100 Mt de production) ce qui a fait pression sur le blé, alors que dans le même temps les cours du maïs augmentaient du fait de problèmes de production. C’est ce qui explique la différence de consommation de la part de l’alimentation animale.

Olivier Rémy  Les bonnes nouvelles se succèdent sur la Mer noire qui reste notre principal concurrent. Faut-il anticiper nos ventes?

Alexis Poullain : Certes, les nouvelles sont pour le moment positives. Mais n’oublions pas que le marché est mondial, et les Etats-Unis commencent la saison sur de mauvaises bases avec un hiver difficile ! Par ailleurs, les cultures de la mer Noire semblent en effet pour le moment en très bon état après un hiver clément. Toutefois, le risque de sècheresse est à surveiller dans le sud de la Russie.

richard60 : On parle maintenant d'une chute dans la demande de céreales. Doit on s'engager sur des volumes plus importants sur la prochaine campagne en prévision d’une chute des cours ?

Alexis Poullain : Le contexte économique mondial est en effet peu porteur. Toutefois, la demande pour les produits agricoles est relativement inélastique, et ne devrait donc que peu reculer. Par ailleurs, la Chine joue un rôle croissant sur les marchés des matières premières agricoles, en étant notamment devenue en très peu de temps le premier importateur mondial de soja. « L’ogre chinois » devrait continuer de soutenir la demande, avec un taux de croissance encore proche de 8 %. Toutefois, l’Egypte, le premier importateur mondial de blé, pourrait être moins actif à l’achat cette année. Une bonne production y est attendue pour la prochaine saison et des problèmes financiers limitent sa capacité d’achat.

gusplume: Aprés les USA sur l'année N-1, quel va être le pays qui va bouleverser à la hausse (ou à la baisse...) les marchés cette année ?

Alexis Poullain : La Chine devrait continuer d’importer. La situation des blés aux Etats Unis doit continuer d’être surveillée de près, les blés étant dans une situation historiquement médiocre à la sortie de l’hiver. L’Australie sème dans des conditions sèches, la France pourrait perdre 1 Mt, le Royaume-Uni pourrait être obligé d’importer du blé… les tensions chez les producteurs sont multiples, difficile de choisir !

Eric60: Après la chute de décembre sur les cours, les financiers sont-ils en train de se désintéresser des marchés agricoles ?

Alexis Poullain : Les fonds cherchent avant tout à diversifier leurs actifs dans un contexte financier hasardeux. S’ils se sont effectivement désengagés assez rapidement depuis décembre, aucune raison n’empêche un retour tout aussi rapide des fonds.

Daniel : Vers quel mois le prix du blé risque d'être le plus élevé? merci.

Alexis Poullain : Il est toujours hasardeux de se prononcer sur ce type de question. Les campagnes se suivent et ne se ressemblent pas. On peut toutefois suivre au plus près les déterminants de la consommation et de la production. Ces derniers semblent pour le moment indiquer que les tensions existent aux Usa et les cultures de blé en France ne sont pas dans les meilleurs états. En revanche, la demande au niveau de l’Egypte pourrait s’affaiblir. Dans cet environnement, les prix de la récolte 2013 continuent d’évoluer dans une bande étroite entre 208 et 216 € / t.

LAU80 : Pensez vous qu'il faut se positionner sur le marché pour la prochaine récolte sans être obligé de financer un call?

Alexis Poullain : Il est bien entendu intéressant de commencer à s’engager sur la prochaine récolte à ce moment de l’année. Les options sont particulièrement peu chères en ce moment, la volatilité des cours étant faible. De plus, les incertitudes concernant la prochaine récolte sont fortes. Les options demeurent donc un moyen privilégié pour prendre position.

 Plantagri : Je n'ai rien vendu à ce jour, faut-il se positionner maintenant ou attendre la récolte ?

Alexis Poullain : Si vous parlez de la récolte 2012, vous êtes en position à risque et devez donc chercher à marquer les rebonds pour vous couvrir au fur et à mesure. Pour la récolte 2013, il est effectivement intéressant de commencer à se couvrir sur ¼ à 1/3 des volumes, prendre des options, ne rien faire, tout dépend de quelle production vous parlez.

 Mfreulon: Les biocarburants et biogazoles et autres huiles lourdes d'origine végétale auront-ils un impact sur la commercialisation des céréales cette campagne ? Est-ce que ce débouché est (et restera?) intéressant pour les céréaliers français ? Merci

Alexis Poullain : Effectivement, la demande en biocarburant et biogazole ne doit pas être sous-estimée, notamment aux Usa où cela représente 40 % de la consommation en maïs. C’est toutefois moins marqué en Europe du fait d’une volonté politique moins forte d’aller dans cette direction. Ce marché devrait donc rester intéressant pour les producteurs mais ne représente pas l’essentiel de la variation de prix.

Pinpon: Bonjour est t-il facile de prévoir des besoins qui peuvent évoluer à tout moment en fonction d'une crise qui plombe le pouvoir d'achat et de part la une demande solvable, nous ne savons à l'avance comment peuvent évoluer les marchés d'une production pour le moment seulement estimée et non produite à ce jour bcp de scénarios sont donc possibles quelle est d'après vous votre lisibilité possible

Alexis Poullain : Certes, on se base sur des estimations. Tant que le grain n’est pas récolté et mis en silo, il peut y avoir des problèmes de rendement. Toutefois, pour ce qui est de la demande sur les marchés des matières premières agricoles, elle est quasi inélastique. La crise aura donc un effet mais qui devrait rester contenu.

Jules : et en France quelle est l'estimation de la recolte?

Alexis Poullain : Nous estimons chez Agritel que la production de blé en récolte 2013 pourrait atteindre 34,8 millions de tonnes. C’est 1 million de moins que la campagne 2012. Nous sommes inquiétés par le faible développement cultural, le printemps n’étant arrivé que tardivement, il n’a en rien arrangé la situation.

 jj: Quelle est la stratégie de commercialisation pour le blé tendre récolte 2013 ?

Alexis Poullain : La récolte 2013 pourrait nous réserver beaucoup de surprises à la hausse comme à la baisse. La volatilité étant particulièrement basse, les primes des options sont peu élevées. Une stratégie à base d’options est à favoriser. A ce moment de la campagne, il fait sens d’avoir vendu 20 % de ses volumes physiques et de chercher à atteindre 20 % supplémentaire en option.

  

Pour suivre l'évolution des cours des matières premières agricoles, rendez-vous sur :

L'observatoire des marchés

 

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