Impact, votre horizon/Tribune de la Saf Décentralisation, de nouveaux challenges pour les chefs d'entreprise agricole
Parce que le modèle agricole actuel est en fin de course, la Société des agriculteurs de France (Saf) propose de le réinventer. Parmi ceux qui le porteront, les agriculteurs ont un vrai rôle à jouer. En tant qu’acteurs de la politique agricole locale, porteurs du progrès, chefs d’entreprise très divers pouvant conjuguer leurs talents. Explications de Charles Meaudre, vice-président de la Saf. Un article extrait de Terre-net Magazine n°24.
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« Les chefs d’entreprise agricole doivent percevoir l’ensemble des évolutions économiques, sociologiques et juridiques de leur territoire », souligne Charles Meaudre, vice-président de la Saf-agriculteurs de France. (© Saf-agriculteurs de France) |
À ce jour, l’avant-projet de loi comprend notamment des chapitres sur la formation, le développement économique, les fonds structurels et l’eau. Il est prévu un transfert, aux régions, de la gestion du deuxième pilier de la politique agricole commune pour la période de 2014 à 2020. L’enjeu, pour les filières agricoles et agroalimentaires, réside dans le degré de liberté qui sera accordé aux collectivités à travers cet acte III de la décentralisation.
Notre think tank, la Saf-agriculteurs de France, invite les acteurs économiques à suivre ces évolutions, à s’impliquer dans la préparation de cette nouvelle gouvernance et à adapter leur stratégie d’entreprise.
En effet, en fonction de l’implication des acteurs économiques auprès de leurs instances locales, les politiques ne sont pas construites de la même façon. Déjà aujourd’hui, on constate que certaines collectivités financent en partie les conversions à l’agriculture biologique ; d’autres soutiennent les installations ou bien les productions de qualité, tandis que d’autres encore focalisent leur action sur la constitution de réserves foncières.
Aux parties prenantes de s’impliquer pour exprimer leurs réels besoins, car les régions contribuent de plus en plus à différencier le cadre d’exercice de l’activité agricole au sein du territoire national, d’où un risque substantiel de distorsion de concurrence entre les territoires.
La régionalisation des politiques est en marche. Chaque région démarre actuellement une réflexion sur la place et les moyens qu’elle consacre à ses filières agroalimentaires. Les acteurs économiques territoriaux sont associés à cette démarche dans le cadre des rencontres pour l’avenir de l’agroalimentaire et du bois, qui sont suivies d’ateliers régionaux thématiques. Les suggestions, émanant des groupes de travail, influenceront les moyens déployés en priorité par chaque région pour ce secteur.
S’approprier les solutions
L’innovation, l’accès au financement, la formation des salariés ou encore la définition de stratégies collectives d’exportation représentent autant d’axes susceptibles de dynamiser certains bassins de production, à condition que les organisations économiques sachent formuler leurs besoins, puis s’approprier les solutions proposées.
Plus que jamais, le territoire est l’une des grandes composantes de toute stratégie d’entreprise. Les nouvelles dispositions prises au niveau régional impacteront à court terme la vie des entreprises. Et ce, d’autant plus que chacune doit se construire en fonction de son marché : comment alors concilier une vision territoriale publique avec une vision entrepreneuriale ? Il ne faudrait pas, qu’au final, les acteurs de l’agriculture et les chefs d’entreprise agricole perdent leur liberté au nom d’une nouvelle planification, cette fois- ci locale…
Agriculteurs, acteurs de la politique agricole locale
Autre conséquence de la remise en cause de l’État centralisé : le développement d’une nouvelle gouvernance, avec de nouveaux interlocuteurs. Dès lors, quel avenir pour les échelons départementaux ? Va-t-on vers des mécanismes de rééquilibrage entre régions ? Doit-on définir un cadre national commun à préciser au niveau régional ? Là se pose la question de la liberté d’intervention des régions et celle de la création de politiques agricoles régionales.
Dans un contexte de mondialisation, les territoires offrent aux entreprises un ancrage et un support indispensables pour la construction et le déploiement de leur stratégie. Les chefs d’entreprise agricole doivent percevoir l’ensemble des évolutions économiques, sociologiques et juridiques de leur territoire. Il est donc crucial pour chacun d’entre eux d’identifier ses nouveaux interlocuteurs, d’être acteur de la politique agricole locale et d’en tenir compte dans sa stratégie d’entreprise.
La politique agricole est en effet de moins en moins nationale ou européenne, mais propre à chaque région et déclinée par chaque collectivité locale. Le renforcement du poids des territoires et des initiatives locales est d’ailleurs un phénomène partagé aux échelons européen et mondial. Les interactions entre une entreprise et ses élus locaux, sa population environnante et les autres acteurs économiques constituent un facteur clé de succès de tout projet économique ! Aux chefs d’entreprise agricole de prendre leur place dans le train de la décentralisation, avec tous les acteurs impliqués, pour bien suivre le sens de l’Histoire… »
Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°24 retrouvez Terre-net Magazine en cliquant ICI |
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