Avis d'expert Colza hybride : « Des performances révélées en conditions stressantes »
Le marché des semences de colza a basculé vers la technologie hybride en cinq ans. Les bénéfices compensent-ils le surcoût des variétés ? Xavier Pinochet témoigne pour Terre-net des atouts de cette technologie pour la culture du colza.
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Par rapport aux meilleures lignées du moment, les hybrides produisent jusqu’à 10 % de rendement supplémentaire. (© Terre-net Média) |
« Ce n’est qu’en 2003-2004 que les premiers hybrides débarrassés de leurs défauts arrivent sur le marché. Depuis, leur déploiement n’a pas cessé. L’importance de la différence de rendement entre les hybrides et les meilleures lignées varie selon les années, mais une succession entre 2008 et 2010 de trois récoltes, largement favorables aux hybrides, accélère la bascule du marché.
Au point que dorénavant, en France, seules des variétés hybrides sont déposées à l’inscription, mises à part quelques lignées spécifiques, sélectionnées pour leur profil d’acides gras ou une résistance aux herbicides.
Aujourd’hui, la part des hybrides dans les semences certifiées est de l’ordre de 80 % et le taux d’utilisation de semences certifiées se situe autour de 80 %. Ceci illustre également bien l’attrait du marché pour les hybrides. Il aura fallu au total trente ans pour que la technologie hybride soit maîtrisée et adoptée.
Avantage aux hybrides
Par rapport aux meilleures lignées du moment, les hybrides produisent jusqu’à 10 % de rendement supplémentaire. L’effet hétérosis (performance de l’hybride comparée à celle de ses parents), lui, atteint 20 %. A l’implantation, le producteur de lignées vise 50 à 60 plantes par mètre carré. Il descend à 25-35 pl/m² avec une variété hybride.
Selon Xavier Pinochet, responsable du département méthodes et technologies innovantes du Cetiom, « le bénéfice rendement compense largement le surcoût lié à la technologie hybride ». (© Cetiom) |
Le poste semence n’est pas le plus coûteux pour cette espèce. Le bénéfice rendement compense largement le surcoût lié à la technologie hybride. Le niveau du gain fluctue selon les années et les régions mais les performances de l’hybride se révèlent surtout en conditions stressantes.
L’organisation des programmes de sélection va évoluer pour jouer sur l’aptitude à la combinaison des variétés sélectionnées, elles-mêmes issues d’une génétique plus performante pour un effet hétérosis accru. Les semenciers vont, de plus, concentrer leurs efforts sur cette technologie et l’écart ne peut que se creuser.
Quant au potentiel, le rendement moyen du colza tourne autour de 35 q/ha en France. En 2011, une année exceptionnelle, certains essais sont montés à plus de 80 q/ha, la moyenne dans le Nord-Pas de Calais a dépassé les 50 q/ha et des agriculteurs ont réalisé 75 q/ha. Même si le climat joue pour beaucoup dans ces résultats, ces derniers donnent une idée de la marge disponible.
Le marché redistribue les cartes
Mise à part la performance à la récolte, le colza hybride se comporte très bien face au phoma. Monsanto a été le premier à introduire un gène de résistance spécifique à la maladie, ce qui lui a permis de prendre une longueur d’avance sur ses concurrents. Mais ce caractère est en train de craquer. Le marché devrait redistribuer les cartes dans les années à venir et valoriser les gros efforts faits également sur les résistances quantitatives.
La teneur en huile, travaillée en parallèle du taux de protéines, en réponse à une demande croissante de tourteaux, progresse. Deux points d’huile ont été facilement gagnés au cours des quinze dernières années.
Les sélectionneurs s’efforcent enfin d’améliorer notamment la tenue de tige, la résistance à l’élongation et aux maladies dont sclérotinia. Cette dernière, vu l’enjeu d’éviter un traitement fongicide, concentre de gros investissements. »
Trente années de mise au point La production d’hybrides dépend d’un système de stérilité mâle et d’un système de restauration nécessaire à la production de semences à un coût économiquement viable. En colza, il existe dans le monde plusieurs techniques pour la stérilité mâle. L’une d’elles (Ogu-Inra), mise au point et brevetée par l’Inra, domine le marché. Publiée en 1983, l’obtention de cette stérilité mâle par fusion de protoplastes est depuis considérée comme la plus fiable. La difficulté est longtemps venue de la restauration de la production de pollen. |
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