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Campagne céréalière 2013/2014 Record pour les uns, pénuries pour les autres selon la Fao

La Fao, l'agence des Nations unies pour l'Agriculture et l'alimentation prévoit une année record pour les céréales, ce qui regonflera les stocks, mais insuffisamment pour soulager les régions d'Afrique et du Moyen-Orient menacées par les pénuries.

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Au total, 34 pays ont besoin d'une aide alimentaire extérieure, dont 27 pays d'Afrique estime-t-elle. Dans son rapport trimestriel publié jeudi, la Fao mise sur une production mondiale de 2,479 milliards de tonnes en hausse de 7 % par rapport à 2012. Le blé - la céréale la plus cultivée au monde - atteindrait 704 millions de tonnes (+ 6,8 %) et le riz - la plus consommée - 500 Mt (+ 1,9 %). Ces perspectives devraient permettre la reconstitution des stocks mondiaux malmenés l'an dernier par les accidents climatiques sur les grands pays exportateurs comme les Etats-Unis ou le pourtour de la Mer noire.

Selon le Conseil international des céréales (Cic), à la veille de la nouvelle campagne dans l'hémisphère nord, les stocks ont atteint un niveau comparable à ceux de 2007-2008, année de tous les dangers où le manque de disponibilité avait suscité une envolée des cours et provoqué de graves pénuries et des émeutes, par contrecoup, dans de nombreux pays. Le Cic considère 2013 comme l'année du retour à la normale. Ce que le marché international a déjà anticipé avec des prix du blé repassés sous la barre des 200 euros courant juin à la bourse Euronext et juste au-dessus pour le maïs. L'optimisme vaut d'ailleurs pour l'une et l'autre de ces cultures, alors que le Cic escompte 946 Mt de maïs (contre 854 l'an passé). Les Etats-Unis (un tiers de la production mondiale) ont semé des surfaces record - inégalées depuis 1936 - après la sécheresse de l'an dernier.

La récolte s'annonce aussi très bien en Chine (un autre tiers du maïs mondial) et en Europe où « les perspectives sont particulièrement favorables dans les grandes régions productrices de Hongrie et de Roumanie » note la Fao.

Deux bémols

Deux bémols cependant à cet enthousiasme : d'une part la consommation de céréales continue d'augmenter elle aussi, d'une autre les jeux sont loin d'être faits à ce stade pour le maïs notamment, selon les observateurs.

Ainsi, la consommation de céréales dans le monde « devrait augmenter de 3,4 %» (à 2,415 milliards de tonnes) par rapport à l'an dernier estime la Fao, essentiellement pour nourrir le bétail, qui absorberait 843 millions de tonnes à lui seul, soit près de 6 % de plus. La consommation humaine augmenterait simultanément de 1,5 %.

Les besoins en maïs augmenteraient de leur côté de 56 Mt (+ 4,8 %). « Il est trop tôt pour estimer les rendements américains » juge Anne-Laure Paumier, responsable des marchés de grains chez Coop de France (75 % de la collecte française). « Les conditions de semis sont loin d'avoir été idéales et il reste deux mois sensibles et essentiels pour la pollinisation » insiste-t-elle alors que l'Usda, le ministère américain de l'Agriculture, doit publier jeudi soir son rapport mensuel sur l'offre et la demande mondiales. « On a déjà vu des rendements divisés par deux à cette occasion » rappelle-t-elle, citant notamment la Hongrie et la Roumanie en 2012.

La Syrie et l'Egypte préoccupent

Selon la Fao, les importations de céréales des pays les plus démunis en la matière devraient augmenter de 5 % pour faire face à la demande, spécialement en Egypte, Indonésie et Nigeria. Mais les disponibilités chez les exprortateurs de blé se limiteraient à 3 %, selon le Cic, laissant une marge de manœuvre étroite.

Enfin, deux pays du Moyen-Orient sont particulièrement préoccupants : en Syrie, la production de blé a reculé « considérablement » et quelque 4 millions de personnes seraient victimes d'une grave insécurité alimentaire. Tandis qu'en Egypte, les troubles et le manque de devises entravent les approvisionnements. L'organisme français gérant l'exportation de céréales France Export Céréales considère qu'il restait début juillet « dans le meilleur des cas » environ trois mois et demi de consommation en blé importé. D'autres sources évoquant même « deux mois de stock réel », compte tenu des conditions de stockage et des pertes.

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