Au Parlement européen Les députés fixent à 6 % la part maximale des biocarburants de 1ère génération
Le Parlement a mis un frein aux agrocarburants en se prononçant mercredi en faveur de la limitation de la production de certains biocarburants aux effets pervers de plus en plus critiqués.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Après plusieurs mois de rudes négociations entre les groupes politiques, le texte voté mercredi à Strasbourg demande de fixer à 6 % la part maximale des biocarburants de première génération (produits à partir de céréales ou de diverses plantes sucrières et oléagineuses notamment) dans la consommation finale d'énergie dans les transports. Le texte fixe parallèlement un objectif de 2,5 % à atteindre pour les biocarburants avancés, jugés plus vertueux.
Le facteur Casi
Il introduit également une notion controversée, le changement d'affectation des sols (dit facteur Casi ou Iluc) : il s'agit de la prise en compte à partir de 2020, dans le calcul des émissions de gaz à effet de serre des différents biocarburants, des conséquences de l'utilisation croissante de terres agricoles. Ce facteur Casi, dont la pertinence scientifique est contestée par certains industriels, aura pour conséquence de réduire l'avantage environnemental affiché par certains agrocarburants.
La députée libérale Corinne Lepage, rapporteure du texte, n'a en revanche pas obtenu le mandat de négociation qu'elle demandait au Parlement pour trouver un accord rapide avec les Etats membres sur ces nouvelles règles. « Cela aurait permis d'avoir un texte avant la fin de la mandature, mais là, il n'y en aura pas avant 2015 », a expliqué à l'Afp l'ancienne ministre française de l'Ecologie. Elle a estimé que les conservateurs du Ppe, en votant contre un tel mandat, avaient choisi de retarder le processus législatif pour satisfaire un « petit conglomérat d'intérêts » industriels hostiles au texte. « Cela fera très plaisir à ceux qui touchent des subventions indues et aux producteurs d'huile de palme », a-t-elle ajouté, déplorant la pression des lobbies.
Réaction des Ong et des industriels
Des Ong ont fait part de leur déception après un vote jugé timide et trop favorable à l'industrie. Le développement des biocarburants va « continuer de provoquer des hausses des prix des aliments, la déforestation et le changement climatique », a estimé Robbie Blake au nom de Amis de la Terre, dans un communiqué. « Le vote d'aujourd'hui est un aveu d'échec des politiques face aux lobbies industriels », a déploré Clara Jamart, d'Oxfam France, tandis que Greenpeace dénonçait un vote « incohérent ».
Selon la Banque mondiale, les agrocarburants représentent entre 21 % et un tiers des surfaces acquises dans les pays en développement. Le rapporteur spécial de l'Onu sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter, a même invité l'Europe et les Etats-Unis à « avoir le courage politique de les abandonner ».
De son côté, le groupe français Sofiprotéol, premier producteur européen de biodiesel, s'est dit « inquiet » de la position adoptée par le Parlement européen. « Si elle était confirmée, elle menacerait l'outil industriel de Sofiprotéol qui a été redimensionné pour un taux d'incorporation à 7 % », a réagi le groupe dans un communiqué. Il a aussi estimé que la prise en compte du facteur Casi « dès 2020 fait peser une incertitude majeure sur l'avenir de la filière de biodiesel », et dénoncé « un manque de visibilité qui dissuade d'investir et d'innover dans une filière d'avenir pourvoyeuse d'emplois dans les territoires ».
Pour accéder à l'ensembles nos offres :