Réforme de la Pac et fin des quotas Les planteurs de betteraves de la Cgb livrés à eux-mêmes face à l’après 2015
D’ici deux ans, les betteraviers seront soumis à deux réformes : la mise en œuvre de la Pac avec la baisse attendue des aides directes et la fin des quotas. Ils seront livrés à la concurrence mondiale sans filet de sécurité.
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« Il faut juger le gouvernement à ses résultats » a été le mot de conclusion de Guillaume Garot, ministre de l’Agroalimentaire venu clore l’Assemblée générale de la Confédération des planteurs de betteraves (Cgb) mardi 10 décembre 2013. Il représentait Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, retenu à l’Assemblée nationale pour présenter le projet de loi d’avenir de l’Agriculture devant les parlementaires de la commission économique. Un projet de loi d’avenir grâce auquel les producteurs de betteraves pourront « gagner en efficacité en rejoignant les prochains groupements d’intérêt économique et environnemental (Gi2e) territoriaux » et relever ainsi les défis de compétitivité qu’impose la fin des quotas en 2017.
Les planteurs de betteraves n'ont pas été convaincus par ces propos comme ils ne l’ont pas été non plus lorsque le ministre de l’Agroalimentaire a assuré que le choc de simplification administrative apportera, à travers les décisions qui seront prises, des résultats concrets afin que les producteurs de betteraves soient plus compétitifs. Le renforcement du contrôle des structures sera aussi une assurance pour réserver le foncier agricole aux chefs d’exploitation qui en ont besoin.
Des engagements concrets attendus
Eric Lainé, président de la Cgb attend des engagements concrets avec d’ores et déjà le renoncement à la Contribution climat carbone (Cce) appliquée sur le bioéthanol. Ce serait, selon lui, un non-sens de taxer un biocarburant pour ses émissions de Co2 comme l’était l’écotaxe envisagée en 2009. Il demande d'ailleurs aussi l’abandon de l’écotaxe. Enfin, le président de la Cgb souhaite que le gouvernement ne revienne pas sur ses engagements concernant le bioéthanol. Le taux d’incorporation de 7 % est le minimum acceptable, il est déjà de 5,82 %.
Le ministre de l’Agroalimentaire avait face à lui des planteurs de betteraves préoccupés de nouveau par leur avenir avec deux enjeux à relever simultanément : la convergence des aides du premier pilier et la fin des quotas. Au final, ils vont vivre deux réformes en une avec le sentiment d’être livrés à eux-mêmes pour y faire face ! Avec des Dpu historiques élevés depuis 2006, la convergence des aides se traduira par une baisse drastique des aides découplées après 2015 de 100 € à 150 € par hectare. Mais aussi par des distorsions de concurrence avec les agriculteurs allemands, assure Eric Lainé. Or ce manque à gagner sera d’autant plus dur à gérer que les prix du sucre ont fortement baissé depuis deux ans.
Le Brésil est plus compétitif
Par ailleurs, la Cgb craint que la filière ne soit pas en mesure de réduire de 10 % les coûts de production de sucre d’ici 2017 et de diminuer par conséquent de moitié l’écart de compétitivité avec le Brésil, premier exportateur mondial de sucre et de faire face aussi à une concurrence exacerbée avec l’ouverture des marchés européens au sucre sud et nord-américain.
Les économies à réaliser par les planteurs de betteraves et les industriels du sucre porteront aussi bien sur la consommation d’énergie que sur les charges fixes des exploitations ou encore l’allongement de la campagne sucrière de 10 jours.
Mais pour Eric Lainé, c’est aussi en incitant les planteurs à semer 400.000 ha de betteraves qu’il sera possible d’être compétitif car l’augmentation de la production conduira mécaniquement à la dilution des charges de structure engagées. Car hormis la concurrence du sucre de canne, c’est celle de l’isoglucose, meilleur marché, qui pourrait réduire les débouchés du sucre. Ceci dit, le sucre devrait trouver des marchés à l’export car la consommation mondiale de sucre croîtrait de 20 Mt de sucre d’ici 2020 en plus de la hausse attendue de la demande d’éthanol.
De nouvelles variétés de betteraves
Mais les gains de productivité à venir reposent aussi sur l’arrivée sur le marché de nouvelles variétés de betteraves résistantes au froid ou encore sur la fermeture des industries de raffinage chez nos voisins européens qui ne produisent pas de betteraves.
L’augmentation constante des coûts de production de la canne à sucre au Brésil laisse espérer que le « gap » à franchir est réaliste. A condition cependant que le real se dévalue par rapport à l’euro.
Par ailleurs, un prix de la tonne de sucre à 340 € (ce qui correspond en France à 22 €/t de betteraves) n’est pas suffisamment attractif pour moderniser et accroître les capacités industrielles aussi bien au Brésil qu’en France. Aussi, ce cours ne peut pas s’inscrire dans la durée sans mettre en péril l’avenir de la production de sucre. Mais à court terme, c’est la croissance mondiale de la consommation d’éthanol qui pourrait être le moteur d’une nouvelle reprise des cours du sucre.
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