Néonicotinoïdes Deux insecticides épinglés pour neurotoxicité humaine par une agence de l'UE
BRUXELLES, 17 déc 2013 (AFP) - L'Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) a jugé mardi que deux insecticides néonicotinoïdes - l'acétamipride et l'imidaclopride - pouvaient être neurotoxiques pour l'humain, et prôné une réduction des seuils actuels recommandés d'exposition.
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C'est la première fois que l'EFSA établit un lien entre la famille des néonicotinoïdes - dont trois ont été interdits dans l'UE en raison des risques pour les abeilles - et un risque sur « le développement du système nerveux humain », a précisé le bureau de presse de l'EFSA. Le verdict de l'EFSA ne porte toutefois que sur deux insecticides précis, dont l'examen lui avait été demandé par la Commission européenne au vue de nouvelles expertises scientifiques.
« Ils peuvent affecter de façon défavorable le développement des neurones et des structures cérébrales associées à des fonctions telles que l'apprentissage et la mémoire », relève un communiqué de l'Agence européenne. En conséquence, l'EFSA « propose que certains niveaux recommandés d'exposition acceptable à des néonicotinoïdes soient abaissés » dans l'attente de recherches complémentaires. Cette révision à la baisse devrait porter tant sur les doses prises en compte pour les opérateurs agricoles que sur celles ingérées par les consommateurs. Elle demande aussi que « des critères soient définis au niveau de l'UE pour rendre obligatoire dans le processus d'autorisation des pesticides la soumission d'études » sur leur potentiel neurotoxique.
La Commission européenne a indiqué avoir pris note de cet avis, qu'elle va soumettre « pour commentaires » aux fabricants, l'allemand Bayer et le japonais Nisso Chemical. « La prochaine étape serait en principe d'amender les valeurs de référence pour l'exposition », au cours de la prochaine réunion du comité compétent les 18 et 19 mars, a ajouté la Commission.
« Abaisser les seuils n'est pas forcément la solution (...) il faut aussi se poser la question des effets cocktail et du cumul des doses dans le temps à la suite des expositions répétées », a objecté auprès de l'AFP l'eurodéputée verte française Michèle Rivasi.
Un moratoire de deux ans déjà décidé
Elle s'est néammoins félicité de la mise en garde de l'EFSA, fruit, selon elle, d'une « remise en cause méthodologique » de la part d'un organisme souvent accusé de complaisance envers les intérets de l'industrie. La mise en lumière de la possible toxicité sur l'humain de ces produits tombe de fait mal pour leurs fabricants, déjà mis en cause pour leur responsabilité dans l'hécatombe des abeilles.
L'Union européenne a imposé en avril 2013 un moratoire de deux ans pour l'usage sur une série de cultures de trois néonicotinoïdes, dont l'imidaclopride de Bayer. Le groupe allemand et le suisse Syngenta ont riposté en saisissant la justice européenne pour tenter de faire annuler cette décision, concernant également la clothianidine et le thiaméthoxam.
Pour l'eurodéputé vert et syndicaliste paysan José Bové, l'EFSA vient « confirmer ce qui se disait depuis longtemps, au vu de la recrudescence de maladies comme celle de Parkinson » frappant des agriculteurs. « Le problème avec ces produits, utilisés depuis des années pour les grandes cultures céréalières et de colza, est qu'ils enrobent les semences, et poussent ensuite avec les plantes, tout en affectant les cultures suivantes avec une durée de vie très longue dans les sols », a-t-il relevé pour l'AFP.
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