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Embargo russe Un mois après, le secteur du lait est le plus touché

Paris, 2 sept 2014 (AFP) - Avec l'embargo russe sur les produits alimentaires, les agriculteurs occidentaux pouvaient craindre un engorgement des marchés. Un mois après et avant une réunion au sommet sur le sujet à Bruxelles vendredi, l'effet ne se fait pas vraiment sentir, sauf sur le lait.

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SITUATION EXPLOSIVE SUR LE LAIT

Avant l'embargo, les pays de l'Union européenne exportaient plus de 250.000 tonnes de fromage de type Edam vers la Russie. Une partie du lait qui servait à la fabrication de ces fromages a été détournée vers des denrées qui se conservent mieux comme la poudre de lait ou le beurre, raconte Gérard Calbrix, directeur des affaires économiques à l'Atla, association française de la transformation laitière. Résultat : les cours s'effondrent.

En France, la tonne de poudre de lait écrémé se vend 2.400 euros, contre 2.880 début août et celle de beurre 3.260 euros, contre 3.600 euros il y a un mois. Et la grande distribution profite de la situation pour tirer encore plus les prix vers le bas : le groupe allemand Aldi vient d'ailleurs d'annoncer qu'il baissait le prix de la plaque de beurre de 99 à 85 centimes d'euro.

Pour l'instant, le prix du lait payé à l'éleveur n'a pas bougé car il faut toujours trois mois environ pour que les variations des prix des produits laitiers transformés se fassent sentir sur celui de la matière première. Mais, pour Gérard Calbrix, le marché du lait s'est retourné alors qu'il connaissait une embellie depuis plus d'un an.

En 2013, les cours mondiaux avaient progressé de près de 10 %, tirés notamment par la demande russe. Une situation qui tombe très mal à quelques mois de la fin du système de quotas en Europe, en avril 2015.

Dans cette perspective, l'European Milk Board, qui représente les petits producteurs, réclame une réduction volontaire de la production. La fédération des agriculteurs allemands Dbv demande à son gouvernement et à la Commission européenne « d'accompagner une diversification des marchés à l'export ».

POUR LA POMME, LE PIRE EST A VENIR

Sur les fruits et légumes, l'embargo plombe un peu plus un marché européen déjà déprimé par des récoltes abondantes et une consommation morose. Et c'est la pomme, un des fruits les plus consommés au monde, qui cristallise le plus d'inquiétudes. La saison ne s'annonçait déjà pas fameuse avec une récolte abondante de 12 millions de tonnes en Europe, contre 11 millions l'an dernier. Les prix sont en conséquence orientés à la baisse notamment sur des variétés internationales comme la Golden ou la Gala.

L'embargo pourrait accentuer la chute des prix car la Pologne a exporté l'an dernier 700.000 tonnes vers la Russie, selon le ministère de l'Agriculture polonais. Cette production ne trouvant plus preneur risque d'engorger le continent. « Cet effet ricochet ne devrait se faire sentir que cet hiver car traditionnellement à cette saison la Russie achetait les pommes à ses pays voisins, avant de basculer sur l'offre européenne vers janvier », explique Daniel Sauvaitre, président de l'Anpp, association qui représente deux tiers de la production française.

PAS DE PANIQUE POUR SAUMON ET VIANDE

Après l'annonce de l'embargo, les cours du numéro un du saumon, le Norvégien Marine Harvest, avait chuté de plus de 8 %. Un mois plus tard, les esprits se sont apaisés. Certes le prix du saumon a baissé depuis l'annonce des sanctions russes, passant de 40 couronnes (environ 5 euros) le kilo à 32 couronnes. Mais c'est la période où les poissons sont arrivés à maturité, et l'afflux de marchandises pèse sur les prix.

Et puis surtout le marché semble se rééquilibrer tout seul, note François Perrone, chef des opérations du marché spécialisé Fish Pool. « La Russie va devoir se tourner vers le saumon chilien, ce qui veut dire qu'il y aura moins de saumon chilien pour les Américains et les Japonais qui devront donc se tourner à leur tour vers le poisson norvégien », estime-t-il.

Pour le poulet, un porte-parole du Conseil américain du poulet (Chicken National Council) n'observe pour l'instant « pas vraiment d'impact » non plus. Même chose au Canada pour le prix du porc. 

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