Terres de Jim Et les champions du monde de labour sont...
Saint-Jean-d'Illac (France), 6 sept 2014 (AFP) - Ils sont 62 candidats, de 31 pays. Certains ont fait venir leur tracteur en bateau du bout du monde. Ils ont deux heures pour labourer leur parcelle et un objectif : devenir le champion du monde de labour.
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Vendredi et samedi se tenait à Saint-Jean-d'Illac (Gironde) le 61e championnat mondial du labour. La dernière fois que la France a accueilli cette compétition c'était à Pomacle, près de Reims, en 1999. Observés à la loupe par les juges et sous un soleil de plomb, les candidats devaient labourer en deux fois deux heures une parcelle sur chaume (qui a déjà été cultivée), puis une prairie. Les sillons doivent bien évidemment être les plus droits possible et d'une profondeur de 20 centimètres. Tout centimètre ou minute supplémentaire, c'est une pénalité. « La pire tuile pour un candidat, c'est de casser une pièce de la charrue. Si ça arrive, t'as une heure pour réparer mais une heure, ça passe vite », explique Jérôme Maure, de l'association France Labour.
Son candidat à lui, c'est Fabien Landre. A seulement 32 ans, cet agriculteur français originaire de l'Ain a déjà été champion du monde en 2010 et vice-champion du monde l'an dernier. « Il a ça dans le sang », déclame en cœur son comité de soutien, muni de drapeaux et polos à l'effigie de la France. Quelques parcelles plus loin, Willem Johannes Ludik a lui moins de chance. Une charrue qui dérape et hop, deux sillons de travers suffisent à abîmer l'ouvrage. Ce n'est pas terrible ça ? « Oui, c'est sûr ce n'est pas très beau mais pour l'Afrique du Sud, c'est déjà une bonne performance. Car c'est la première fois que nous participons à une finale », commente Rudi du Toit, représentant en Afrique du Sud de la fédération mondiale de labour (WPO). Alors Rudi du Toit apprend et regarde amoureusement la parcelle de Samuel Gill juste derrière lui.
... un Français et un Irlandais
Allure athlétique, t-shirt marcel et casquette vissée sur la tête, ce mécanicien nord-irlandais a l'amour du travail bien fait. Et en famille, puisque Samuel a été champion du monde en 2008 et son frère en 2007. Ici, tout le monde le redoutait et beaucoup étaient convaincus que la compétition se jouerait entre les Écossais, les Irlandais et les Nord-Irlandais cette année. « C'est normal, chez eux le labour est un sport national. Chez nous, personne ne connaît la discipline », justifiait Jérôme Maure. Ils avaient à la fois tort et raison puisque samedi soir le titre est revenu à l'Irlandais Tracey Eamonn pour le labour sur prairie et au Français Fabien Landre pour le labour sur chaume.
Et à eux, il ne faut surtout pas parler de sans labour, cette pratique à la mode qui encourage les agriculteurs à ne plus retourner la terre pour éviter son érosion et favoriser l'activité biologique souterraine. « Labourer, on le fait depuis la nuit des temps, c'est le moyen naturel de désherber », estime Franck Vergez du comité d'organisation. Il faudrait demander ce qu'ils en pensent aux participants de la 16e édition du festival du Non Labour et Semis Direct (NLSD) qui se tiendra le 24 septembre à Châteauroux. Ou au ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, chantre de l'agroécologie et qui aime à répéter aux néophytes : « je vais vous apprendre quelque chose, oui, aujourd'hui on peut être agriculteur et ne plus labourer ». Une récente étude suisse parue dans les Comptes-rendus de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS) estimait d'ailleurs qu'une agriculture sans labour pourrait en Europe abaisser jusqu'à deux degrés les températures extrêmes des vagues de chaleur.
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