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Manifestation « Nuit du fumier » en Midi-Pyrénées contre la réglementation des nitrates

Rodez, 18 sept 2014 (AFP) - Plus de deux mille agriculteurs ont manifesté jeudi soir en Midi-Pyrénées contre un projet de durcissement de la réglementation sur les nitrates, lors d'une opération baptisée « la nuit du fumier », ont constaté des correspondants de l'Afp.

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Le plus important rassemblement a réuni à Rodez, devant la préfecture de l'Aveyron, 1.500 manifestants et plus de 350 tracteurs et bétaillères, selon une correspondante de l'Afp. Dans une ambiance bon enfant, les agriculteurs ont mangé l'aligot, plat local fait de purée de pomme de terre et de tomme fraîche, sur un stand qu'ils avaient installé sur la place du centre-ville. Rodez avait déjà connu fin août une manifestation de 1.500 agriculteurs.

Le département est particulièrement concerné par l'extension des zones dites « vulnérables », où des contraintes de gestion des engrais et des déjections animales deviennent obligatoires. Le nombre de communes concernées en Aveyron passerait de dix à 170, si la « directive nitrates » était approuvée. « Nous réaffirmons notre non (à la directive nitrates, ndlr). Nous ne lâcherons rien », a affirmé à une correspondante de l'Afp Sébastien Granier, président des Jeunes agriculteurs de l'Aveyron.

Dans le Tarn, un millier de manifestants selon les organisateurs (600 selon la police) se sont réunis dans le centre d'Albi, accompagnés d'environ 200 tracteurs. Au bruit assourdissant de coups de klaxon et de pétards agricoles, destinés à faire fuir les animaux nuisibles, les agriculteurs ont déversé quantité de fumier et paille, qui ont recouvert dans une odeur nauséabonde les abords de la préfecture, selon une correspondante de l'Afp.

En Hautes-Pyrénées, à Tarbes, une centaine d'agriculteurs de la Fdsea ont déposé du fumier devant la préfecture en fin d'après-midi, après avoir installé trois barrages filtrants avec des tracteurs, des pneus et du fumier. En Haute-Garonne, les syndicats devaient répandre dans la nuit du fumier sur différents ronds-points « à disposition du grand public », selon les syndicats.

Les manifestants contestent le projet gouvernemental, annoncé cet été pour répondre aux griefs de Bruxelles, qui prévoit l'extension des « zones vulnérables » auxquelles le Midi-Pyrénées échappe jusqu'ici largement. Les eaux de cette région y sont traditionnellement moins polluées que celles favorisant la prolifération des algues en Bretagne par exemple. L'abaissement prévu du seuil de nitrates autorisés dans l'eau, de 40 mg/litre à 18 mg ferait basculer en zone vulnérable 1.635 communes supplémentaires du bassin Adour-Garonne, qui englobe les cours d'eau du sud-ouest se dirigeant vers l'Atlantique.

« Ce nouveau zonage est tout simplement le coup fatal pour les éleveurs... En effet, les coûts de mise aux normes sont exorbitants », disent dans un communiqué les Jeunes agriculteurs de Haute-Garonne, branche de la Fnsea. La Fédération régionale des producteurs de lait (Frpl) souligne que, « rien que pour le bassin Sud-Ouest, plus de 29.000 nouvelles exploitations » seraient « assommées avec de nouvelles contraintes ». « Pour une exploitation qui s'arrête, c'est plus de cinq emplois induits qui disparaissent », ajoute la Fédération. Les deux organisations ont déjà multiplié les actions de protestation dans la région. Des manifestations similaires ont eu lieu plus tôt ce mois-ci dans le bassin Loire-Bretagne. 

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