Sommet de l’Elevage S. Le Foll laisse les éleveurs au sommet de leur désarroi
Si sa visite du Sommet de l’Elevage, jeudi 2 octobre 2014 au matin, s’est déroulée sans encombre, Stéphane Le Foll laisse les éleveurs dans la profonde impatience d’obtenir des réponses concrètes à leurs difficultés et contraintes.
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Pendant les trois heures de sa visite du Sommet de l’Elevage jeudi 2 octobre 2014, tous les sujets brûlants lui ont été rappelés avec insistance par les éleveurs et représentants d’organisations syndicales. Impact de l’embargo russe, baisse des prix, nouvelles zones vulnérables, contraintes administratives et bien d’autres, Stéphane Le Foll connaît les problématiques qui échauffent les campagnes. Mais le ministre de l’Agriculture n’a pas apporté d’éléments nouveaux aux éleveurs.
Comme au Space à Rennes il y a quinze jours, il cherche toujours à rassurer le monde de l’élevage en rappelant les acquis obtenus. Parmi ces acquis, Stéphane Le Foll a rappelé l’engagement pris par le Président de la République un an plus tôt au même endroit sur les orientations de la Pac 2015-2020 en faveur de l’élevage.
La revalorisation de l’Ichn permettra d’atteindre « un montant total annuel de 1.056 M€, soit près de 300 M€ de plus qu'en 2013 ». Mais cette hausse est aussi permise par l’intégration de la Phae. Et le ministre de rappeler aussi « la reconnaissance des actifs, rendue possible à travers la transparence pour les Gaec, qui s’appliquera pour les Gaec existant comme pour les autres formes sociétaires qui souhaiteront se transformer en Gaec. »
Un ministre « impliqué » face à des producteurs mobilisés
« Impliqué personnellement pour trouver de nouveaux débouchés à l’export pour la filière viande bovine », Stéphane Le Foll a expliqué que « les situations difficiles seraient étudiées au cas par cas », avec à la clé, « des reports de cotisations sociales Msa, et dans les cas les plus fragiles des exonérations de cotisations ou de Tfnb. »
Les représentants de la Fnb en ont profité pour remettre au ministre un « manifeste », co-signé par Coop de France, la Ffcb et les entreprises de négoce des bovins viande, pour lui rappeler l'enjeu majeur d'actions pour renforcer de nouveaux débouchés en développant l'exportation des bovins-viande sur pays-tiers, notamment du pourtour méditerranéen.
Mais l’ambiance d’un salon comme le Space ou le Sommet de l’Elevage, volontairement apaisée par les leaders syndicaux, ne serait-ce que par respect pour les organisateurs et les exposants, ne masque plus le profond désarroi des agriculteurs.
« Un salon ne doit pas devenir un lieu de manifestation syndicale. Mais dans les campagnes, je vous assure que la tension monte » explique Dominique Barrau, secrétaire général de la Fnsea.
Dans la grande halle d’Auvergne, la tension est d’ailleurs montée d’un cran lorsque, pendant son discours de clôture, avec en toile de fond une banderole où était inscrit « les z’hommes vulnérables »,le ministre s’est fait invectivé à plusieurs reprises par un éleveur, lui laissant un goût auvergnat un peu plus amer.
Les éleveurs de la Coordination rurale avaient manifesté leur colère en enrubannant le stand de FranceAgriMer, mercredi dans l’après-midi, dénonçant les prix en forte baisse et le déséquilibre entre l’amont et l’aval des filières.
Grande manifestation le 5 novembre
Mais, lors de la visite du ministre, le sujet brûlant revenant le plus dans les échanges a sans doute été celui de la directive nitrates. Le classement de 3.800 communes supplémentaires en zone vulnérable au titre de la directive nitrates reste en travers de la gorge des producteurs. « Sur ce dossier, nous irons jusqu’au bout, jusqu’au dernier recours judiciaire, pour revoir ce zonage totalement arbitraire », prévient Dominique Barrau.
Le secrétaire général de la Fnsea persiste : « Les producteurs n’en peuvent plus ! Ils veulent des mesures et des réponses concrètes à toutes leurs difficultés et contraintes ! » Quoi qu’il arrive, quoi que le ministre annonce, le syndicalisme majoritaire sera dans la rue le mercredi 5 novembre.
A cette date, la Fnsea veut des réponses précises du Gouvernement à huit revendications et propositions qui seront dévoilées dans les prochaines heures. Deux d’entre elles sont déjà connues : le syndicat exige des engagements sur le « manger français » avec la revendication d’imposer deux repas sur trois d’origine française dans la restauration hors foyer. Il demande aussi une « année blanche » sur les contrôles liés au verdissement des aides tant que les mesures n’auront pas été précisées.
Certaines autres ne sont pas difficiles à deviner : Quels soutiens aux producteurs touchés par l’embargo russe ? Quelles marges d’inflexion sur la directive nitrates ? Quid d’une « exonération agricole » sur l’ex-écotaxe, rebaptisée péage de transit poids lourds ? Pas sûr que le ministre puisse y répondre en un mois.
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