Login

Agriculture, biomatériaux et bioénergie Comment arbitrer entre ces productions d’ici 2050 ?

Les défis économiques et écologiques à relever d'ici 2050 rendent nécessaire la création d’un marché mondial de la biomasse. Instance de régulation, il serait lié aux marchés des produits agricoles et bioénergétiques. Mais des arbitrages s’imposeront en termes de productions, de prix et de volumes.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Bonne nouvelle ! Il ne serait pas nécessaire de coloniser une seconde planète pour nourrir les 9 milliards d’êtres humains en 2050 ! Sur la Terre, il serait non seulement possible d’accroître de 70 % la production agricole mais aussi de produire davantage d’agro-énergies et de biomatériaux afin de réduire la dépendance de l’économie mondiale à l’exploitation d’hydrocarbures fossiles. Auteur d’un des chapitres "Agriculture et énergie : comment choisir ?" du Démeter 2015, Pierre-Henri Texier en donne les raisons. Mais l’équilibre à trouver entre ces trois filières repose sur de judicieux arbitrages pour ne sacrifier aucune production aux dépens des deux autres.

Aussi, selon Pierre-Henri Texier, « il serait souhaitable qu’une gouvernance mondiale prenne en compte les utilisations de la biomasse parallèlement à ce qui existe pour le pétrole ». Ou encore, de créer les conditions d’un marché régulé en « effectuant une liaison entre le système d’informations statistiques Jodi-Oil géré par le forum international de l’énergie et le système d’informations Amis créé lors de la présidence française du G20 en 2011 et géré par la Fao ».

Selon Pierre-Henri Texier, « la compétition entre énergie fossile et biomasse se fait en effet au niveau des prix respectifs, tempérés par la volatilité des prix et des parités des monnaies ». Les filières alimentaires sont, dans cette compétition, hors jeu. Contrairement à ce qui a été plusieurs fois affirmé, le déséquilibre des marchés agricoles des années 2008/2010 est s’abord lié à des stocks faibles de produits agricoles et non pas à la concurrence entre les productions agricoles destinées à l’alimentation humaine et de biocarburants. 200 millions d’hectares sont destinés sur la planète à la traction contre 40 millions d’hectares à la production d’agrocarburants !

1 tonne équivalent pétrole par hectare

Pour nourrir 9 milliards d’hommes d’ici 2050, une motorisation accentuée de l’agriculture et une libération partielle des terres actuellement consacrées aux attelages dans les régions du sud de la planète contribueraient à accroître de 15 % la surface agricole mondiale destinée à l’alimentation animale. Cumulée à une augmentation moyenne des rendements de 50 % d’ici 2050, les 5.100 millions d’ha cultivés permettraient aisément de nourrir 9 milliards d’hommes dans trente cinq ans. Mais l’objectif ne serait atteint que si les rendements en Afrique sub-saharienne et dans les pays de l’ex-Urss doublent, passant de 0,27 tonne équivalent pétrole (tep) par hectare à 0,65 tep. C’est à cette condition que le rendement moyen au niveau mondial serait d’une tonne équivalent pétrole.

Ceci dit, cette augmentation des rendements est conditionnée par des choix économiques et par une organisation des marchés agricoles qui protègerait les pays les plus pauvres afin de créer les conditions de leur développement (instauration de tarifs douaniers par exemple).

L’objectif défendu est la garantie d'une sécurité alimentaire qui intègre la production de biomasse et sa valorisation.

« Les brusques variations de prix des matières premières agricoles résultant de variations politiques et climatiques à l’échelon mondial peuvent mettre en danger la stabilité des pays », défend Pierre-Henri Texier. 

Lutter contre le gaspillage

Mais l'auteur ne redoute pas tant l’échéance de 2050 que la situation alimentaire de la planète dans dix ou quinze ans. L’accroissement de la production agricole ne serait pas suffisant pour nourrir un milliard d’hommes supplémentaires et réduire la malnutrition des centaines de millions de personnes qui en sont victimes. Aussi, des solutions d’urgence s’imposent comme la réduction du gaspillage alimentaire évalué à 1.000 millions de tonnes équivalent pétrole, soit un tiers de la production de biomasse destinée à l’alimentation humaine.

« Aller une ou deux fois par semaine chercher 5 ou 10 kg d’aliments à l’hypermarché du centre commercial de banlieue avec 10 ou 20 km de trajet aller-retour, on dépense bien plus de carburants que tout le processus de transformation et de production de cette même quantité d’aliments ».

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement