Chrysomèle du maïs Face aux échecs des mesures d'éradication, limiter la nuisibilité de l'insecte
Onze ans après la première capture de Diabrotica en France, les populations restent modérées et aucun dégât identifié en culture. L’expérience de différents pays dont la France, malgré les moyens de lutte importants déployés, montre cependant que l’installation de l’insecte dans de nouvelles zones indemnes est inéluctable.
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La chrysomèle du maïs ou Diabrotica virgifera a été détectée pour la première fois en France en 2002 autour des aéroports parisiens. Les captures se sont ensuite multipliées en Alsace puis Rhône-Alpes. « A ce jour, le ravageur n'entraîne aucune perte de production, précise Christophe Terrain, président d'Arvalis-Institut du végétal, les réglementations mises en œuvre limitant très fortement son développement. Dans les zones où la chrysomèle du maïs a été détectée, les mesures à prendre sont cependant très contraignantes pour les producteurs. »
En 2002, la réglementation visait l’éradication de la chrysomèle du maïs en France. Mais de nouveaux foyers ont été identifiés dans d'autres régions et les captures se sont multipliées en Alsace et en Rhône-Alpes. Le ravageur étant présent sur de plus larges surfaces, l'objectif d'éradication est devenu difficile et coûteux. Fin 2010, la réglementation a donc évolué avec des objectifs redéfinis selon les situations.
échec du confinement
En Alsace et Rhône-Alpes, régions dans lesquelles les foyers sont nombreux et où les risques d’introduction de nouveaux individus sont élevés à cause de la proximité des foyers d'Italie et d’Europe de l’Est, la réglementation impose des mesures visant à limiter le développement des populations et à retarder la nuisibilité du ravageur. Ne pas cultiver du maïs plus de cinq années de suite sur la même parcelle et intensifier la rotation des cultures à proximité de pièges ayant détecté des individus.
Ailleurs, les foyers et le nombre de captures sont encore relativement peu nombreux. La réglementation poursuit l’objectif d’éradication avec des mesures très contraignantes sur des zones géographiques limitées situées autour des pièges ayant capturé des adultes de chrysomèle du maïs. En 2013, 120 captures d'insectes ont tout de même eu lieu en zone d'éradication contre 10 et 15 les deux années précédentes. Selon Gilles Espagnol d'Arvalis, « la progression de l’insecte est inéluctable et montre l'échec des mesures du plan de confinement ».
NUISIBILITÉ POTENTIELLE AU NIVEAU DE CELLE DU TAUPIN
Le potentiel de développement de la population de Diabrotica dépend surtout de la succession de maïs dans la rotation et de l'intensité de la culture, mais aussi du type de sol et dans une moindre mesure, de la protection ou non contre l'insecte au semis.
population pour le maïs grain. (©Arvalis)
L’incidence de l’attaque est principalement conditionnée par l'exposition au stress hydrique (sol, irrigation), donc les conditions climatiques estivales et, avec moins d'importance, les étapes de l'itinéraire technique (date de semis, indice de précocité de la variété, fertilisation starter, protection insecticide au semis).
Le potentiel de nuisibilité de la chrysomèle du maïs en situation de population installée dépend du niveau de la population combiné à l'incidence de l’attaque. L'analyse des pratiques place la chrysomèle au même niveau de nuisibilité potentielle sur des surfaces comparables que le taupin, la pyrale ou la sésamie.
Globalement, les surfaces concernées par un risque élevé de nuisibilité seraient de 10 % en production de maïs grain et 6 % en production de maïs fourrage. « Cette analyse est basée sur beaucoup d’expertise et nécessite d’être enrichie avec des données réelles… » que Jean-Baptiste Thibord d'Arvalis souhaite voir arriver « le plus tard possible ! »
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