Changement climatique Systèmes ovins transhumants : quelles options d’adaptation ?
Comment les exploitations de production d’ovins viandes en zone de montagne pourront s’adapter au changement climatique ? Le centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture suggèrent trois pistes pour profiter des bénéfices du réchauffement. Extrait du rapport AFClim.
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Si le changement climatique semble favorable au système ovins-viande transhumant des Pyrénées centrales, l’avenir de ce type d’élevage est plus fortement lié à d’autres facteurs que le climat, dont voici une liste :
- évolution de la politique de la montagne ;
- tendance à la simplification des pratiques d’élevage et du travail ;
- baisse des exigences en matière de prévention sanitaire et possible avancée des maladies, notamment les maladies vectorielles sur les estives, zones de rencontre entre animaux français et espagnols ;
- prédation (ours, corbeaux, retour du loup).
Option 1 : Mieux valoriser les estives par la maîtrise accrue de la reproduction
Pour valoriser au maximum la bonne croissance de l’herbe en estive liée au réchauffement, l’exploitant peut choisir d’allonger la durée d’estive : montée en pâturage plus précoce et descente plus tardive. Cela nécessite une technicité accrue concernant la reproduction : mise en place de deux périodes de mise bas décalées de six semaines, pose d’éponges, etc.
S’il y a accroissement des effectifs, cette option passerait aussi par l’achat de foin ou d’herbe sur pied en vallée pour constituer des stocks nécessaires. Cela peut passer par une reconversion des céréales en prairies dans les zones intermédiaires.
Certains éleveurs « pionniers » pratiquent déjà le décalage de la reproduction, mais actuellement, le travail supplémentaire limite la diffusion de cette pratique. La mise en œuvre de cette option suppose donc un appoint en main-d’œuvre via des groupements d’employeurs ruraux, la mise en place d’Associations foncières pastorales, avec pose de clôtures, donc une politique agricole volontariste.
Le risque d’invasion de campagnols terrestres en lien avec la conversion des zones de céréales en prairies est à considérer.
Option 2 : Vers un élevage hors sol en plaine pour pallier le manque d’herbe en hiver
Face aux difficultés croissantes pour valoriser les estives et au manque d’herbe en hiver, les pratiques d’élevage sont profondément modifiées : la transhumance est abandonnée, l’exploitation devient une entreprise hors sol en plaine dans laquelle l’alimentation est en quasi totalité achetée.
Le facteur moteur de cette évolution est la recherche de la simplification du travail. D’autres facteurs peuvent jouer : répétition de crises sanitaires majeures, forte prédation, déprise agricole accélérée, politique agricole très verdie.
En termes de rentabilité, la productivité de l’exploitation devra beaucoup augmenter pour compenser les pertes du label Aoc et des aides (Ichn, Phae). Des races plus productives peuvent être introduites.
Option 3 : Réorientation vers l’élevage bovin extensif (ranching) face à l’augmentation du prix des céréales
Face à l’augmentation du prix des céréales liée au changement climatique et sous l’effet de diverses pressions (sanitaires, prédation, concurrence internationale, etc.), l’élevage ovin disparait et est remplacé par un système d’élevage bovin très extensif de type ranching dans les zones intermédiaires semi-boisées, les bovins permettant plus facilement que les ovins de valoriser les ligneux. Cette option supposerait des aides publiques de type Mae.
>>> Voir les effets du réchauffement climatique sur d'autres systèmes d'élevage.
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