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Coopératives laitières Selon la Fncl, le lait n’a plus de prix mais une valeur

Les éleveurs coopérateurs ne doivent plus se focaliser sur le prix mensuel du lait, mais sur la valeur de leur production sur le long terme : tel est le souhait de la Fncl, à 14 mois de la fin des quotas laitiers, pour mieux appréhender les enjeux de la libéralisation des marchés laitiers.

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Dans une posture « d’acteur pédagogue de la valeur du lait », la Fédération nationale des coopératives laitières ne veut plus parler de « prix » du lait, mais de « valeur » du lait. Pour l’instance représentative des coopératives laitières, le prix du lait ne constitue plus, à 14 mois de la fin des quotas laitiers, un outil suffisant et unique à prendre en compte. « Il faut désormais parler de valeur du lait, car cette notion est plus cohérente pour appréhender les enjeux économiques liés à la libéralisation des marchés », a expliqué Dominique Chargé, le président de la Fncl, lors d’une conférence de presse jeudi 30 janvier 2014.

Pour l’expliquer, la Fncl a réalisé un film de quelques minutes « Valeurs et prix du lait : les dessous du système » qu’elle compte diffuser auprès des entreprises coopératives et de leurs adhérents.

En vidéo, l'interview de Dominique Chargé, président de la Fncl :

https://www.dailymotion.com/video/x91qofa

Pas question, pour la fédération, de se lancer dans les détails techniques du calcul du prix du lait. Les calculs sont d’ailleurs très différents selon les coopératives, en fonction de leurs productions, leurs débouchés et leur stratégie de développement. Le film rappelle simplement les bases de la rémunération d’un associé-coopérateur : prix d’acompte, compléments de prix, rémunération du capital et dividende.

Autour de la notion de valeur, la Fncl veut ainsi casser la logique du prix mensuel pour « lever les freins et les blocages liés à la méconnaissance des spécificités des coopératives et des enjeux de la filière. » Autrement dit, tous les acteurs doivent regarder à plus long terme.

« L’objectif est d’accompagner les coopératives laitières dans ce changement de conception, et d’expliquer que les coopératives sont à la fois soumises aux mêmes lois du marché que toute autre entreprise, mais avec une finalité différente qui est de répondre aux attentes des coopérateurs », argumente Dominique Chargé.

Reste que la première chose que regardent les éleveurs, c’est le prix auquel ils sont rémunérés à la fin du mois ! Comment, dans une période où, en Allemagne ou aux Pays-Bas notamment, le prix payé à la production est nettement supérieur à celui payé en France, le message sera-t-il compris par les éleveurs ?

Pour le président de la Fncl, l’actuelle différence de valorisation entre la France et l’Allemagne tient à la trop forte dépendance de la production au marché intérieur. Ce dernier, avec des distributeurs « qui s’obstinent dans leur stratégie de prix bas », ne permettrait pas, selon lui, de procéder aux mêmes hausses que chez nos voisins européens. En Allemagne notamment, les producteurs ont bénéficié de six hausses de prix depuis mi 2012.

« Préserver la valeur du lait, c’est la responsabilité de tous »

Mais parler davantage de « valeur » du lait au moment où ce dernier est mieux rémunéré dans les pays voisins, c’est le risque de mettre un peu plus l’accent sur les problèmes de compétitivité des entreprises françaises.

En cette période d’âpres négociations avec les distributeurs et de débats parlementaires au sujet de la loi sur la consommation, le message de la Fncl sur la valeur du lait s’adresse aussi aux distributeurs, pour leur signifier que leur stratégie de prix toujours plus bas reste destructrice.

« Il faut revenir d’urgence à des relations responsables, sortir de cette logique de prix bas et parvenir à une meilleure répartition de la valeur ajoutée au sein de la filière, insiste aussi Dominique Chargé. La loi sur la consommation, adoptée en deuxième lecture par les sénateurs mercredi 29 janvier 2014, ne résoudra rien, selon lui. Le représentant des coopératives laitières reste « circonspect » au regard du lobbying intense exercé par la grande distribution sur les parlementaires.

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