Mobilisation Fnsea sur les cours d’eau La Fne dénonce un faux-débat
France nature environnement dénonce, dans un communiqué, le « faux débat » posé par le syndicalisme majoritaire concernant le lien entre les inondations et le mauvais entretien des cours d’eau. S’ils sont victimes, l’Association estime que les agriculteurs sont aussi « responsables des inondations ». Extraits.
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« La Fnsea et Jeunes Agriculteurs ont appelé à une mobilisation sur le terrain vendredi 14 février pour dénoncer les prétendues contraintes administratives les empêchant d’entretenir fossés et cours d’eau en prévention des inondations. Ils vont jusqu’à sous-entendre que c’est la réglementation environnementale qui serait à l’origine des inondations dans le Var et la Bretagne, un peu comme si on accusait la police d’être responsable de la délinquance… Fne alerte contre les raisonnements réducteurs. La fédération rappelle que les inondations résultent d’interactions complexes entre des aléas météorologiques et les activités humaines. Elles appellent, en préventif comme en curatif, des réponses globales et partagées. »
L’entretien des fossés, une réglementation nécessaire
« Pour Fne, l’entretien des fossés, pointé du doigt par les syndicats agricoles, doit être réglementé pour protéger la qualité de la ressource en eau vis-à-vis de la pollution par les pesticides et pour éviter la destruction de milieux naturels importants pour la biodiversité. Si la fédération reconnaît que des améliorations peuvent certainement être apportées pour clarifier la définition des cours d’eau et fossés, la répartition des rôles entre les agriculteurs et les collectivités, il ne faut pas perdre de vue l’objectif, qui était d’avoir 66 % des masses d’eau en bon état en 2015 contre 30 % actuellement. »
« S’il suffisait d’entretenir les fossés pour empêcher les inondations lors des pluies extrêmes, cela se saurait ! Le Conseil d'Etat, la Cour des comptes et la Commission européenne ont souligné les insuffisances des contrôles agricoles et leur manque de crédibilité, qui risquent de nous valoir prochainement de très fortes amendes européennes. Il faut donc au contraire renforcer les moyens humains de l’Onema, très insuffisants pour garantir la restauration du bon état des eaux dans le calendrier européen », explique Bernard Rousseau, pilote du réseau eau de Fne.
« Inondations : des causes naturelles et anthropiques »
« L’appel lancé par la Fnsea et les JA sous-entend que la politique de l’eau, et son application par l’Onema (Office national de l’eau et des milieux aquatiques) serait responsable des inondations en compliquant l’entretien des fossés et cours d’eau. »
« Fne tient à rappeler que les inondations sont avant tout un phénomène naturel, principalement généré par une pluviométrie importante sur un laps de temps court, ou continue pendant une longue période. Les inondations récentes ont fortement impacté les personnes, les biens et les activités humaines. Les facteurs aggravants d’origine humaine sont multiples. » Outre l’urbanisation, l’artificialisation des cours d’eau et l’imperméabilisation de grandes surfaces, l’association dénonce « des pratiques agricoles qui, en entraînant le retournement des prairies et le tassement des sols, ont considérablement accru le ruissellement et donc une concentration rapide des eaux. »
« Agriculteurs : responsables et victimes des inondations »
« L’argumentaire des syndicats agricoles met en avant les dégâts causés aux exploitations agricoles par les inondations. »
Si Fne admet bien volontiers que l’activité agricole est soumise aux aléas climatiques, tout comme elle est victime de l’artificialisation accrue, la fédération tient à rappeler que l’agriculture a aussi son rôle à jouer dans la prévention des risques d’inondations, et ce bien au-delà de l’entretien des fossés qui peut sembler bien anecdotique.
En lien avec le projet agro-écologique pour la France du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, Fne recommande de :
- garantir un minimum de 5 % d’éléments fixes du paysage (haies, talus, fossés, bosquets, etc.) sur toutes les exploitations agricoles pour contribuer à la régulation hydrologique ;
- préserver les prairies permanentes et les zones humides qui jouent également un rôle régulateur du cycle de l’eau par leur système racinaire ;
- éviter le tassement des sols en diversifiant les assolements et en renonçant à la monoculture ;
- garantir 100 % de couverture des sols en hiver pour limiter les risques »
Pour Jean-Claude Bévillard, responsable du dossier agricole à Fne, « il est trop facile de toujours rejeter la faute sur les autres. Bien sûr, les aléas climatiques sont là, c’est malheureusement une fatalité, avec des conséquences humaines et matérielles parfois désastreuses. Mais le ruissellement des eaux sur les terres agricoles n’en serait pas là si on n’avait pas autant intensifié les pratiques. Il faut que l’agriculture apporte sa contribution à la régulation du cycle de l’eau en s’orientant vers l’agro-écologie et non vers une artificialisation de l’écosystème. »
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