Résistances aux fongicides Etat des lieux des stratégies de défense encore efficaces
Une note, corédigée chaque année par l'Inra, l'Anses et Arvalis-Institut du végétal, donne le niveau des résistances aux fongicides utilisés pour lutter contre les maladies foliaires des céréales à paille. Elle formule également des recommandations pour limiter les risques de développement du phénomène et maintenir une efficacité satisfaisante des produits de protection.
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Pour la campagne 2014, l'émergence de souches d’helminthosporiose de l’orge, résistantes aux Sdhi, est soulignée et l’accent est mis sur la limitation à une seule application de Sdhi par saison.
Lire la note commune de l'Inra, de l'Anses et d’Arvalis-Institut du végétal dans son intégralité en cliquant sur le lien.
Recommandations pour la campagne :
- Septoriose
Malgré une érosion de l’activité de tous les triazoles au champ, l’époxiconazole, le prothioconazole, et le metconazole demeurent les plus efficaces. En revanche, l’action des triazoles doit généralement être renforcée par des fongicides multisites (chlorothalonil, mancozèbe) ou du prochloraze ou un Sdhi. Pour limiter la pression de sélection fongicide, en particulier sur les phénotypes émergents, il s'agit de diversifier les modes d’action, et les molécules au sein d’un même mode d’action. Limitez, en particulier, les applications de Sdhi à une seule par saison quelle que soit la dose. Le fractionnement d’une dose pleine en deux passages compte pour deux applications indépendantes. Dans le même objectif, l’introduction du chlorothalonil dans les programmes de traitement est recommandée dès le premier traitement.
- Oïdium du blé, du triticale et de l'orge
Les recommandations de 2013 sont maintenues. Au même titre que de nombreux Ibs (Idm et "amines"), la métrafénone, mais aussi le cyflufénamid, et le proquinazid restent efficaces dans la pratique sur les populations actuelles d’oïdium. Néanmoins, pour diminuer la pression de sélection sur les anti-oïdium pour lesquels des souches résistantes ont été identifiées (métrafénone, quinoxyfène, cyprodinil, "amines"), ces derniers devront être utilisés de préférence associés à une autre molécule active sur cette cible. La famille des QoI ne doit plus être considérée comme efficace dans la plupart des régions françaises. Le cyprodinil ne présente plus non plus d’efficacité suffisante.
- Piétin-verse
Les niveaux d’efficacité observés en essais sont généralement faibles. Le cumul de plusieurs substances actives (cyprodinil, métrafénone,…) est souvent nécessaire. Le prochloraze n’est plus efficace, donc à réserver à la lutte contre la septoriose. La métrafénone étant active sur piétin verse et sur oïdium, il faut limiter son utilisation à une application par saison. Une alternance des modes d’action, annuelle pied/feuilles et entre années pour le premier traitement, est recommandée pour limiter le risque de résistance.
- Helminthosporiose du blé
Utiliser les strobilurines en association avec un triazole efficace sur helminthosporiose du blé (notamment prothioconazole, tébuconazole, propiconazole) dans les situations agronomiques favorables et là où la maladie est formellement identifiée. La solution la plus efficace et la plus économique reste de cultiver une variété résistante. En cas de précédent blé, l’enfouissement des résidus pailleux réduit l’inoculum disponible et l’importance des infections primaires.
- Helminthosporiose de l'orge
Toujours associer les Sdhi et les strobilurines avec des fongicides efficaces présentant d’autres modes d’action (en particulier prothioconazole ou cyprodinil). Diversifier les modes d’action en pratiquant l’alternance. Eviter au maximum les doubles applications, en particulier de Sdhi. Éviter également les doubles applications pour les strobilurines, le prothioconazole, l’époxiconazole et le cyprodinil.
- Ramulariose de l'orge
La ramulariose, difficile à distinguer du reste du complexe, est prise en compte avec les grillures. Les matières actives les plus efficaces sur le complexe grillures/ramulariose sont : un multisite, le chlorothalonil, ou, parmi les unisites, le prothioconazole et certains Sdhi. La famille des Sdhi faisant partie des moyens de lutte les plus performants, la maîtrise durable de la maladie passe par une limitation du recours à ces fongicides et à une association systématique avec un autre mode d’action toujours actif sur ramulariose.
- Rhynchosporiose de l'orge
Associer les triazoles à un autre mode d’action efficace.
- Rouilles des céréales
Tenir compte des potentialités intrinsèques sur rouilles des substances actives entrant dans les programmes. Actuellement, les associations de triazoles et de strobilurines restent les meilleures solutions. Les Sdhi sont d’un intérêt secondaire. Evitez leur emploi si seules les rouilles constituent une menace.
- Fusarioses des céréales
Microdochium spp : parmi les Ibs, seul le prothioconazole présente une bonne efficacité en pratique. Le prochloraze et le fenpropimorphe présentent des potentialités intéressantes. Les strobilurines ne présentent plus d'intérêt sur M. majus et M. nivale. Le thiophanate-méthyl peut avoir un l’intérêt au vu des résultats aux champs en 2012 et 2013, à confirmer. Fusarium spp : pour contrôler les diverses espèces de Fusarium en particulier F. graminearum, il est possible d’utiliser des Idm tels que le prothioconazole, le tébuconazole, le metconazole ou encore le thiophanate-méthyl.
RECOMMANDATIONS GENERALES POUR 2014
• Préférer des variétés peu sensibles aux maladies et éviter d’utiliser des variétés de blé ou d’orge sensibles. • Diversifier les variétés à l’échelle de l’exploitation, de la micro-région et d’une année sur l’autre pour favoriser la durabilité des résistances génétiques. • Privilégier les pratiques culturales permettant de réduire le risque parasitaire, notamment en limitant l’inoculum primaire (ex. rotation, labour, date de semis, gestion des repousses de céréales notamment dans l’interculture …) ou la progression de la maladie (densité, azote). • Ne traiter que si nécessaire. • Raisonner le positionnement des interventions en fonction du développement des maladies grâce à des méthodes fiables d’observation et/ou de prévision du développement de l’épidémie. • Limiter le nombre d’applications de matières actives de la même famille. Dans le cas où une même matière active peut être utilisée en traitement de l’épi et des semences, éviter de cumuler les deux traitements avec la même molécule. • Diversifier les modes d’action en alternant ou en associant les molécules dans les programmes de traitements. • Recourir lorsque cela est possible et utile aux fongicides multisites, moins susceptibles de sélectionner des populations résistantes, en particulier sur septoriose. • Limiter l’utilisation des Sdhi et des QoI, à une seule application par campagne. • Pour les Idm, les substances actives les plus efficaces peuvent être utilisées même en situation de résistance. Eviter de recourir à la même molécule, plus d’une fois par campagne. Leurs performances seront améliorées en association avec des molécules ayant d’autres modes d’action, voire, dans le cas de mélanges entre certains Idm complémentaires. Dans le cas d’association de plusieurs triazoles, il faut tenir compte des molécules qui composent le mélange et éviter de les réutiliser pour une autre application.
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