Désherbage mixte Yves Chéron : « Moins 40 % d’herbicide par rapport à la référence régionale »
Polyculteur-éleveur à Ver-sur-Launette dans l'Oise, au cœur d'un parc naturel régional, Yves Chéron a adopté le désherbage mixte pour lutter contre les adventices des colzas et des betteraves. Un pari réussi dont les résultats économiques de son exploitation profitent largement.
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Yves Chéron, agriculteur à Ver-sur-Launette, cultive 30 ha en betteraves, blé et colza, et élève 250 brebis. Le potentiel des terres de la ferme est plutôt moyen avec une texture dominante de limon plus ou moins sableux et une zone à cailloux de calcaire dur.
En 2009, Yves Chéron se heurte à une infestation accrue de ses parcelles en ray-grass. « J'ai augmenté ma surface de betteraves et arrêté l’escourgeon que je produisais alors pour nourrir mon troupeau, ce qui devait avoir une incidence positive sur mon problème d’adventices. Cette année là, l’orge me revenait plus cher à produire que si je l’achetais et la sucrerie m’a proposé des quotas supplémentaires. J’en ai donc profité pour revoir mon assolement. »
Désherbinage du colza et des betteraves
Un an plus tard, il intègre un réseau de fermes Dephy créé pour étudier les moyens de limiter le recours aux herbicides. « Les cours des matières premières agricoles, relativement bas, m’incitaient alors à chercher les économies. Au niveau du désherbage, je voyais clairement l’intérêt de ne traiter que sur le rang pour économiser deux tiers de produit. »
Le plan de réduction de l’Ift herbicides d’Yves Chéron se compose donc de l’allongement de la rotation et de désherbinage en betteraves et colza, pratique qui implique un changement de semoir pour pouvoir implanter l'oléagineux avec un écartement de 45 cm. « Une opportunité d’achat s’est présentée : une bineuse autoguidée de 18 rangs pour laquelle j'ai confectionné une rampe de pulvérisation. La bineuse et le semoir m’ont coûté 10.000 €, un investissement raisonnable surtout que j’ai bénéficié d’un Pve (plan végétal pour l’environnement) pour la partie pulvérisation. »
Mieux positionner chaque action
Yves Chéron se lance en 2010. En betteraves, il passe à cinq reprises avec sa désherbineuse, ce qui lui semble fastidieux. L’année suivante, il modifie sa stratégie pour deux traitements en plein suivis de deux désherbinages. Trouver un compromis entre conditions idéales de pulvérisation et celles de binage se révèle délicat. « Le bon moment pour traiter n’est pas le même que pour passer en mécanique. Je décide donc de séparer les deux opérations. Pour traiter en localisé, j’ai fait l’acquisition d’une rampe Sopema en 12 m que j’installe devant le tracteur. »
En betteraves, Yves Chéron avait l’habitude de passer quatre à cinq fois avec un pulvérisateur conventionnel. Aujourd’hui, il commence généralement par deux traitements en plein, poursuit avec trois localisés et termine par deux binages. « Pour 7,5 ha de culture, la pulvérisation me prend environ deux heures en plein et quatre en localisé. La bineuse, elle, n’avance qu’à 2 ha/h, soit 3h30 par passage. Comptez 1h30 supplémentaire pour atteler et régler la machine. Au total, la stratégie mixte de désherbage en betteraves me prend 24 heures par campagne contre 10 auparavant. Mais j’économise 40 % d’herbicide. En 2013, j'ai fait un traitement en plein, trois en localisé et deux binages pour un coût d'herbicides de 674 €. Quatre traitements en plein aux mêmes doses m'auraient coûté 1.363 €. J’ai économisé 689 €, l’équivalent de 38 heures de main-d'œuvre selon le tarif du barème d’entraide (18 €/h), ce qui compense largement le temps supplémentaire passé sur ce chantier. Et depuis que je fais du désherbage mixte, sans pouvoir l’expliquer, j’ai gagné 10 t/ha de rendement en betteraves, avec même un record de 119 t à 16 % en 2011 ! »
(©Terre-net Média)
Binage en inter-rang
Le colza est semé au monograine et désherbé sur le rang, le tout en un seul passage. Deux binages au cours de l’automne se chargent de l’inter-rang. « Je gagne une heure de traitement du fait de pulvériser au semis mais j’en passe dix à biner soit 9 heures de temps de travail supplémentaires que je compense largement grâce à l’économie de produit. » En effet, Yves Chéron évite une dépense en phytos de 55 €/ha, soit 412 € pour les 7,5 ha de colza, l’équivalent de 23 heures de travail. Par ailleurs, les rendements obtenus en colza ces dernières années sont plutôt supérieurs (sauf en 2012) à la moyenne du département.
Il faut aussi prendre en compte la Mae (mesure agri-environnementale) de 188 €/ha/an, engagée pour 28 ha. Le produit brut de l’exploitation est ainsi en hausse depuis 2006 et dépasse celui de la référence depuis 2009. La marge brute globale s’améliore fortement. En 2012, les résultats dépassent de 274 €/ha ceux du groupe de référence. Elle a ainsi augmenté de plus de 250 % entre 2002 et 2012, contre 150 % pour les autres. « Et encore je ne bénéficie pas d’économies d’échelle vu ma surface. Je perds beaucoup de temps à faire mes réglages. Un temps incompressible quelle que soit la surface à travailler, 7 ou 15 ha. »
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