Login

Semis dans le Loiret JL Manceau : « Obligé d’irriguer pour faire lever mes orges et mes betteraves »

Dans les régions Centre, Ile-de-France et Champagne Ardenne, certains agriculteurs ont remis en route leur installation d’irrigation. En fonction des secteurs et des besoins (levée, fertilisation ou encore traitement), de nombreuses cultures sont arrosées : orge, betterave, maïs, blé ou encore colza. Jean-Louis Manceau, polyculteur dans le Loiret, reconnaît que ce choix peut paraître surprenant. Pour lui, il s'agit avant tout d'assurer son revenu.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Cette année, à Bignon-Mirabeau dans le Loiret, commune limitrophe des départements de l’Yonne et de la Seine-et-Marne, ce n'est pas la pluie qui favorise les levées mais l'irrigation. Comme dans d'autres régions françaises, l’absence de gel aura très fortement perturbé les préparations de sol au printemps. Maintenant, c'est l'absence de précipitations qui joue sur la germination des cultures.

https://www.dailymotion.com/video/x91qojk

Les orges et les betteraves ne lèvent pas

Jean-Louis Manceau pendant un tour de plaine
constate l'état de ses orges.
2 à 3 ha n'ont pas levé. (©Terre-net Média)

Dans le Loiret, Jean-Louis Manceau comprend les interrogations de ses voisins qui lui demandent pourquoi, depuis le début du mois d'avril, il a remis en route son canon enrouleur. Pour cet agriculteur qui dispose d’une retenue d’eau de 45.000 m3 et d’une installation enterrée d’irrigation depuis 1980, la question ne s’est pas posée deux fois. « J’ai les capacités d’irriguer et les orges et les betteraves ne lèvent pas. Cette année, cela va m’éviter de perdre de l’argent. Même s'il y a un coût, l’irrigation c’est mon assurance revenu » argumente-t-il.

C’est pourtant la première fois qu’il irrigue pour faire lever ses orges.  « C’est du jamais vu » déplore l'agriculteur. « C’est simple, il n’est pas tombé une goutte d’eau depuis un mois maintenant. Sur mes 10 ha, entre 2 et 3 n'ont pas levé quand le reste atteint déjà le stade 2 feuilles aujourd’hui. Les sols ici sont séchants. Avec le vent qui souffle actuellement, toutes les parcelles s'assèchent » 

Rattraper le retard

Jean-Louis Manceau a réalisé ses semis le 9 mars dernier. Certaines zones ont levé normalement mais il reste tout de même des parties où l’orge est moins dense. C’est pourquoi au stade deux feuilles et après avoir effectué son second apport d’azote (le 5 avril dernier), il a pris la décision d’apporter dès le lendemain entre 10 et 15 mm d’eau. « L’objectif est simple : il faut que toute l’orge semée lève et que la fertilisation soit valorisée. Si je n’homogénéise pas le stade de la culture, cela risque de ne pas être très bon à la récolte. Surtout si le taux de protéines est élevé » explique-t-il en ajoutant que cette orge de printemps se destine à l’industrie brassicole.

Les cultures semées en mars ont des difficultés à lever. (©Terre-net Média)

Betteraves et maïs

« Cette année, c’est aussi la première fois que j’intègre 10 ha de betteraves à mon assolement. Après un échange avec mon technicien, j’ai également irrigué cette culture le 5 avril. Et on observe seulement aujourd’hui l'apparition des premières feuilles. Début mars, lorsque j’ai préparé mes sols, ils étaient durs en surface sur les 7-8 premiers centimètres. Mais en dessous, c’est une espèce de bouillie non ressuyée. Ajoutez à cela un vent séchant et des températures élevées et les 15 premiers centimètres de sols travaillés s’assèchent à vitesse grand V. »

Les maïs de Jean-Louis Manceau ont aussi reçu une dizaine de millimètres d’irrigation début avril. Semés au 31 mars dans des terres à 12°C à 7/8 cm de profondeur, l‘agriculteur n’appréhende pas leur levée. Dans son itinéraire, il vient d’effectuer un traitement antidicotylédone et antigraminée. Il explique simplement irriguer pour favoriser l’action des produits. Le prochain apport théorique d’eau est prévu au stade 7 à 8 feuilles. « Espérons qu’il pleuve avant. »

Des gouttes les plus fines possibles

Sur les limons battants et séchants, Jean-Louis Manceau fait monter la pression de son matériel d’irrigation à 10 bars (habituellement la pression est de 7 bars) afin de favoriser la création de gouttes les plus petites possibles. Objectif : éviter que l’eau ne vienne trop taper le sol et ne crée une croûte de battance en surface. « De la même manière, je me limite à un apport de 10 à 15 mm maximum. J’irrigue la nuit, lorsque le vent est moins fort voire nul ».

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement