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Filière laitière A l’horizon 2030, le scénario alternatif de la Confédération paysanne

Aucun des quatre scénarios présentés par FranceAgriMer début juillet pour la filière laitière à l’horizon 2030 ne convient à la Confédération paysanne. Le syndicat préfère une vision alternative davantage tournée vers l’emploi dans les élevages laitiers.

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« La Confédération paysanne s'étonne du faible rôle des pouvoirs publics dans les quatre scénarios présentés, explique le syndicat dans un communiqué. Nous prenons note également du scénario de généralisation de l'usine des 1.000 vaches qui s'avère catastrophique : il nous conforte dans notre combat et devoir d'alerte contre l'industrialisation. »

« Dans une logique gagnant-gagnant de tous les acteurs de la filière, voilà notre scénario pour l'avenir :

Les autorités politiques à tous les niveaux prennent à bras le corps les nouveaux enjeux : changement climatique, alimentation de qualité pour tous, partage des richesses, droit du travail harmonisé…

En Europe, cela se traduit par une réflexion globale, en premier lieu sur l'emploi. Le modèle de développement agricole est revu sur cette base, avec comme objectif de stopper la diminution du nombre de paysans. La Pac devient une politique de création d'emplois, plutôt que de suppression. Deux des premières mesures fortes mises en œuvre dans la nouvelle Pac sont l'instauration d'une conditionnalité sociale des aides et la différenciation des soutiens selon la taille des fermes. Un dispositif de régulation du marché laitier au niveau européen, intégrant des critères de répartition équitable, est mis en place permettant une gestion dynamique de la production, à la baisse comme à la hausse.

Les effets croissants du changement climatique s'accompagnent de la reconnaissance du potentiel de stockage de carbone des sols agricoles, à commencer par les prairies. Cela valorise les systèmes plus herbagers avec un focus sur l'herbe comme culture productive, la diversification des cultures, l'autonomie fourragère et les techniques culturales moins consommatrices d'intrants.

L'industrie laitière française s'appuie sur cette image d'excellence pour une stratégie export recentrée exclusivement sur les produits à haute valeur ajoutée. Les organisations de producteurs structurées par bassin ont permis d'imposer une mutualisation des coûts de collecte et négocient collectivement le prix du lait de leurs producteurs, ainsi que la destination privilégiée pour leur lait commercialisé.

La politique du commerce mondial privilégie désormais sécurité des approvisionnements et développement local des productions agricoles partout où cela est possible. Les accords de libre-échange abandonnés, les droits de douane empêchent d'un côté la concurrence sur les denrées de masse protégeant les paysans locaux, mais de l'autre côté ne freinent pas particulièrement les importations de produits à forte valeur ajoutée ou innovants, la balance commerciale française laitière continuant à progresser.

Les pouvoirs publics jouent un grand rôle dans la réorientation de la demande, à commencer par la restauration collective. La distribution (Gms, crèmeries…) intègre l'interprofession laitière et revoit sa stratégie pour satisfaire les consommateurs qui s'étaient éloignés. L'accent est mis sur les qualités nutritives des aliments : la Pac établit alors un lien fort avec une politique alimentaire européenne.

La diversité laitière des régions françaises subsiste avec un tissu dense de fermes : des élevages herbagers intensifs du Grand Ouest, aux systèmes de polyculture-élevage redynamisés dans les zones dites intermédiaires et aux systèmes de montagne.

Le revenu plus élevé et davantage sécurisé des éleveurs, accompagné d'un contrôle du prix du foncier en France et des phénomènes de surcapitalisation, permet de relever le défi du renouvellement des générations. »

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