Crise de l'élevage Sarkozy fait sa rentrée au chevet des agriculteurs
Saint-Fargeau (France), 19 août 2015 (AFP) - En pleine crise agricole, Nicolas Sarkozy, président des Républicains, a fait mercredi sa rentrée politique au chevet des agriculteurs, dans l'Yonne, en plaidant pour « une baisse massive des charges » devant des interlocuteurs restés sceptiques.
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Après la visite d'une exploitation agricole à Saint-Privé, l'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, accompagné du patron des députés LR Christian Jacob, par ailleurs ex-président du Centre national des jeunes agriculteurs, et de plusieurs élus (Guillaume Larrivé, député de l'Yonne, François Sauvadet, tête de liste aux régionales en Bourgogne-Franche-Comté...), a échangé avec plusieurs représentants de la profession, qui ont exposé sans ménagement leurs doléances.
Charges en hausse, prix en baisse, une Pac (politique agricole commune) qui « nous laisse dans le flou deux années sur trois », le Grenelle de l'environnement (organisé sous le quinquennat Sarkozy) qui leur a imposé de nouvelles normes, notamment «dans le domaine de la gestion de l'eau »... Les agriculteurs ont vidé leur sac devant l'ex-président, qui a tenté de les rassurer.
« On ne peut pas accepter de voir mourir l'agriculture. Aujourd'hui, il y a 7 milliards de personnes sur terre, 9 milliards dans 30 ans. Le métier d'agriculteur a un potentiel exceptionnel », a-t-il lancé devant une douzaine d'hommes et de femmes sceptiques. « Dans les années 60, il y avait 5 millions d'agriculteurs. Aujourd'hui, nous sommes 500.000 ! », souffle l'un d'entre eux, arguant que le problème, c'est « maintenant », pas dans 30 ans... Pour M. Sarkozy, la première mesure à prendre est de «baisser massivement les charges. Il faut réinventer un système à bout de souffle », alors que la crise agricole est là pour « durer ». « Ce n'est pas une crise conjoncturelle, c'est une crise structurelle», a-t-il martelé.
Piqué au vif
Répondant aux doléances sur l'Europe, il a tenu à défendre la Pac, « qui a permis à l'Europe de devenir le deuxième producteur agricole au monde et d'être autonome. Ce n'est pas rien et je me battrai pour défendre la Pac », a-t-il dit. Pour autant, « ce système peut-il perdurer ? Non. Il faut qu'on le réinvente », a-t-il insisté, réaffirmant qu'il ne devait y avoir « aucune norme française au-delà des normes moyennes européennes ». « On n'a pas fait l'Europe pour qu'il y ait du dumping social », a-t-il également affirmé, déplorant l'emploi, en Allemagne notamment, d'une main d'oeuvre à bon marché (Turcs et originaires d'Europe de l'Est).
Allusion directe au Grenelle de l'environnement, resté visiblement en travers de la gorge des agriculteurs, l'un d'eux lui a lancé: « mais quand vous rencontrez l'autre bord, les associations environnementales, vous avez d'autres discours... C'est à vous les politiques de dire que vous avez besoin des agriculteurs ! » « C'est très injuste » de parler ainsi, réplique M. Sarkozy, piqué au vif. « Qui a fait alliance avec les écolos ? Pas nous», a-t-il martelé, taclant «la volonté de détruire» de « M. Hollande », qui a supprimé la TVA sociale votée à la fin de son quinquennat et qui aurait «fait baisser les charges », ou encore le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, qualifié d'« intermittent de l'agriculture ».
L'ex-locataire de l'Elysée reconnaît toutefois que, sur le Grenelle de l'environnement, il aurait « dû être plus attentif ». « Ils ont été trop loin, j'aurais dû être plus hyper-président », a-t-il ironisé, à propos d'une formule souvent employée à son encontre lors de son quinquennat.
Dans un communiqué, le Front national l'a accusé d'être « un bonimenteur absolu » qui « voudrait aujourd'hui faire croire qu'il peut apporter des solutions à la crise du monde agricole, alors que c'est la politique qu'il a menée, conjuguée à celle de Hollande, qui en est très largement à l'origine ». « Je ne laisserai pas les régionales être polluées par la présidentielle» de 2017 et la primaire de 2016 pour désigner le candidat de la droite, a par ailleurs affirmé M. Sarkozy.
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