[Tribune] Etienne Fourmont, JA « Jeunes agriculteurs s’oppose fermement à la cessibilité des contrats laitiers»
Suite à la publication sur web-agri.fr, du plaidoyer de Jean-Marie Séronie en faveur de la cessibilité des contrats laitiers, le syndicat Jeunes agriculteurs réagit. Contrairement à l'agro-économiste, « Jeunes agriculteurs s’oppose fermement à cette cessibilité », explique Etienne Fourmont, administrateur du syndicat en charge du dossier lait.
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« Le syndicat Jeunes agriculteurs s’oppose fermement à la cessibilité des contrats laitiers défendue par l’agro-économiste Jean-Marie Séronie le 29 mars 2015 dans une tribune sur le site de Web-Agri. »
Le phénomène de vente de contrats entre producteurs laitiers et industriels prend de l’ampleur depuis la fin du système des quotas laitiers et ce nouveau marché devient inquiétant. Ce système d’achat de débouchés freine indéniablement l’installation de jeunes agriculteurs alors qu’il favorise l’agrandissement d’exploitations à forts capitaux.
L’expérience de nos voisins européens l’a prouvé : les quotas marchands en Europe du Nord ou en Italie ont considérablement augmenté le coût des installations. C’est d’ailleurs en partie pour cette raison que ces pays étaient favorables à la fin des quotas.
Les organisations de producteurs (OP) regroupées en associations doivent avoir la maîtrise de la production. Les contrats cessibles de gré à gré permettent la structuration de l’amont… aux frais de l’amont ! Ce n’est pas acceptable. Nous ne pouvons plus tolérer que les industriels gèrent les volumes. C’est du rôle des OP qui seront en contact avec leurs clients pour une vision sur la demande en termes de volumes.
Une vision libérale irréaliste
Pour Jean-Marie Séronie, la vente de son contrat laitier est similaire à la vente d’un fonds de commerce et permet de dégager un excédent pour réorienter son activité. Qu’en est-il du point du vue du jeune sans capitaux ? Et que va-t-il se passer sur le marché de la cession des contrats laitiers quand la génération de baby-boomers partira en retraire ? Autant de questions auxquelles l’économiste ne répond pas. Enfin, cessibilité des contrats laitiers ou non, le fonds agricole ne fonctionnera pas plus demain qu’aujourd’hui, depuis sa création en 2006.
La vision libérale de Jean-Marie Séronie n’est pas réaliste pour l’avenir de l’agriculture française.
La régulation du marché par le mécanisme offre/demande ne se vérifie que dans la théorie économique. La réalité est bien plus complexe : nous en voulons pour preuve, la bulle spéculative qui se crée autour de la vente des contrats : les prix grimpent car en face, l’accès aux volumes est verrouillé par les entreprises. La réalité, c'est qu'il y a malheureusement en France plus de départ en retraite ou de cessation que d'installation. L’offre en volume est donc largement suffisante pour les jeunes.
Si certaines ventes de contrats se font dans le respect des règles comptable, juridique et fiscal, ne soyons pas candides quant à l’existence des pas de porte. La cessibilité des contrats ne garantit en aucun cas que des « à côté » ne pourront exister.
La confiance aux lois du marché au nom de « relations commerciales saines » est une absurdité et ne permettra pas de maintenir le contrat social entre les générations.
Payer pour pouvoir produire du lait ne sera jamais le combat de Jeunes agriculteurs ! C'est une logique destructrice de l'avenir de la production laitière en France. Des producteurs organisés, maîtres de leur volume au sein d'organisations commerciales fortes et ambitieuses, voilà le travail à accomplir. »
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