Présidentielle 2017 Au Salon de l'agriculture, les politiques à la peine
Au 54e Salon de l'agriculture, qui s'est achevé dimanche, les nombreux politiques de passage ont eu beaucoup de mal à convaincre les agriculteurs, empêtrés depuis des années dans une crise dont ils ne voient pas le bout.
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À quelques semaines de l'élection présidentielle, le Salon de l'agriculture a tenu lieu d'arène politique aux différents candidats, sans que l'agriculture soit pour autant au coeur des débats. François Hollande a fait face cette année à l'indifférence de ses interlocuteurs au fil des neuf heures qu'il a passées au salon, alors qu'il avait été accueilli l'an dernier par des agriculteurs en colère. « On n'attendait rien des sortants, mais on espérait un débat de fond avec les candidats et on a été déçus », a résumé le président du salon, Jean-Luc Poulain, devant des journalistes.
De l'avis de tous les professionnels, la campagne présidentielle a éclipsé le salon cette année, mais le mal est plus profond selon certains. « Pas un candidat n'est venu nous dire : "Voilà ma vision pour l'agriculture, la production, l'exportation, la fiscalité". Les agriculteurs ont envie de vivre de leur métier et la question des revenus n'a pas été abordée », a regretté M. Poulain. Lorsque le thème de ce salon "l'agriculture : une passion, des ambitions" a été choisi à l'automne, « nous savions que le revenu des agriculteurs serait bas, mais cette baisse est allée bien au-delà de ce qu'on pensait », a-t-il rappelé.
Changement de modèle agricole
« Quasiment tous les candidats sont d'accord sur le principe de financer la recherche » pour répondre au changement climatique ou aux demandes sociétales, ainsi que pour aider les agriculteurs à passer la crise en cours, a dit à l'AFP le président des Chambres d'agriculture, Claude Cochonneau. Mais si François Fillon (LR) et Emmanuel Macron (En Marche !) semblent soutenir « une agriculture française puissante avec une vraie volonté d'exportation », Benoît Hamon (PS) table lui sur un « changement de modèle agricole », a-t-il expliqué. « Il a tenté de me rassurer en disant qu'on ne pouvait pas tout inverser brusquement », a tempéré M. Cochonneau, qui « se méfie des effets de balancier ».
À la crise de l'élevage bovin de 2015 ont succédé en 2016 des conditions météo catastrophiques, qui ont particulièrement touché les céréaliers. À cela s'ajoute la crise sanitaire que connaît aujourd'hui la filière du canard dans le Sud-Ouest, dont les élevages sont décimés par la . En conséquence, les animaux à plumes étaient absents du salon et seuls les lapins représentaient la basse-cour. Alors que le Salon de l'agriculture se déroule toujours fin février, date de la fin des négociations commerciales entre la grande distribution et ses fournisseurs, « à mon grand regret, il n'y a pas eu de débat sur la constitution du prix », tenant compte du coût de production des agriculteurs, s'est désolé M. Poulain.
Peu d'informations ont pour l'instant transpiré sur l'issue de ces négociations, qui vont fortement influer sur les prix du lait, des huiles et des céréales payés aux agriculteurs français. Car « dans un contexte de flambée des prix des matières premières agricoles et de pression excessive de la grande distribution sur les prix de ses fournisseurs, les négociations commerciales 2017 qui auraient dû prendre fin le 1er mars à minuit se poursuivent pour de nombreuses entreprises agroalimentaires », détaille Jean-Philippe Girard, président de l'Association des industries alimentaires (Ania) dans un billet sur son site internet.
Près de 619 000 visiteurs auront arpenté cette année les allées de la plus grande ferme de France pendant les 9 jours qu'aura duré le salon, selon ses organisateurs. C'est légèrement plus que l'an dernier (611 000), alors que les attentats du 13-Novembre étaient encore dans toutes les têtes, mais moins qu'en 2015 (691 000) ou 2014 (703 000).
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