Accident en cultures Terres Inovia tente d'expliquer les avortements massifs de fleurs de colza
Terres Inovia essaie d'apporter les premières explications au phénomène d'avortement constaté dans de nombreuses parcelles de colza de la moitié nord de la France.
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Depuis une quinzaine de jours, Terres Inovia reçoit le signalement de parcelles de colza présentant des niveaux importants d’avortement de fleurs et boutons floraux. « À mi-avril, les problèmes de floraison ont été principalement observés dans l’Oise autour d’Estrées-Saint-Denis. Le phénomène touche aussi l’ensemble des bassins majeurs de production du colza en Normandie où entre 5 et 10 % des parcelles sont concernées (parfois beaucoup plus à l'échelon très local). Le littoral normand semble toutefois plus épargné. C’est dans les terres superficielles, a fortiori là où la pluviométrie est très faible depuis le 10 mars qu’il y a davantage de cas recensés (Vallées de Seine, sud Eure, axe Longny-au-Perche - Argentan) et dans des secteurs où les vols de charançons de la tige et pressions méligèthes n'ont pas été maîtrisés (Falaise, Saint Pierre sur Dives, Lisieux notamment). En région Centre-Val-de-Loire, des cas identiques sont remontés mais avec un peu moins d’ampleur. Des parcelles en très grande difficulté sont également observées dans le sud-ouest de la Sarthe et dans l’est du Maine-et-Loire. »
L'institut précise qu'il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau mais plus ou moins récurrent se manifestant lors de printemps où la tendance anticyclonique domine avec les conséquences associées : faible à très faible pluviométrie pendant des semaines, temps clair avec fort rayonnement synonyme de gros écarts de températures jour-nuit et des gelées nocturnes.
De multiples causes envisageables
« Les recoupements réalisés entre situations (facteurs de conduite culturale en particulier) permettent très rarement d’identifier une et unique cause capable d’expliquer à elle seule les symptômes observés. « On est typiquement dans le domaine des interactions. » Les premières investigations, et qui se poursuivent, ont permis d'identifier les paramètres suivants :
- alimentation en eau en fonction du climat et sol : facteur déterminant. Les symptômes touchent les secteurs et les parcelles les plus séchants.
- écart de température jour-nuit : une plante qui subit des écarts extrêmes de températures entre le jour et la nuit voit sa physiologie très perturbée ; elle ne sait pas trop si elle doit se mettre en fonctionnement reproductif ou (encore) temporiser et prioriser la croissance de sa biomasse.
- gel : les organes reproducteurs (ovules) sont particulièrement sensibles aux températures basses y compris aux stades les plus précoces, stade boutons. L’observation des parcelles touchées ne montrent pas de symptômes classiques de gel de fleurs mais des avortements de boutons qui militent plus en faveur d’une perturbation précoce de la méiose et des étapes suivantes.
- qualité de l’enracinement : les parcelles concernées peuvent présenter des enracinements et/ou des qualités structurales médiocres à très moyennes. L’alimentation en eau et en nutriments s’en trouve alors fortement limitée même si ces derniers sont présents dans le sol.
- variété : rien ne permet d’incriminer une variété plutôt qu’une autre. Des cas sont observés sur plusieurs variétés à génétique et précocité différentes. Toutefois, en Normandie, des observations ont permis de montrer que les variétés éruciques – plus précoces de 4 à 5 jours à floraison que la majorité des 00 – ne sont pas impactées, contrairement à des variétés tardives. Le constat est identique dans les parcelles avec ES Alicia.
- attaques de ravageurs : pression localement forte de méligèthes et/ou charançons de la tige du colza, mais ne pouvant expliquer l’ampleur du phénomène à elle seule dans les parcelles observées.
- phytotoxicités régulateurs, résidus herbicides du précédent et mauvais rinçages de cuves : pas de lien identifié à ce jour entre ces pratiques et les symptômes observés.
Et pour la suite ?
Les capacités de récupération du colza sont largement connues. « La compensation sera néanmoins très dépendante des conditions climatiques à venir. Un retour significatif de la pluie dans les 15 jours permettrait aux parcelles concernées de réactiver des bourgeons dormant et d’engager un nouveau cycle de floraison. À la date de rédaction de cette note, les prévisions météorologiques ne paraissent malheureusement pas des plus favorables, pluies limitées et nouvelles gelées matinales. » Terres Inovia conseille néanmoins de maintenir les parcelles en place d’autant plus qu’aucune solution pertinente de remplacement n’est envisageable.
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