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Catastrophes naturelles 2011 Les marchés agricoles redoutent davantage les sécheresses qu'un accident nucléaire

Ce ne sont pas les catastrophes naturelles et le nombre de victimes qui font réagir les marchés mais leurs conséquences, sources d’incertitudes. Autrement dit leurs impacts sur la production et les échanges commerciaux. Les places de marché n’ont pas réagi après l’annonce du terrible tremblement de terre au Japon de mars dernier. En revanche, la crainte d’une sécheresse aux Etats-Unis et en Europe a de nouveau fait flamber les prix début avril.

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Tsunami et accident nucléaire ou pas, le Japon continuera
à imporrter 100 % de sa consommation de maïs.
(© Terre-net Média)

Le risque de sécheresse aux Etats-Unis et en Europe du nord est davantage redouté que le tsunami, l’accident nucléaire de Fukushima et les tremblements de terre à répétitions au Japon, seconde puissance économique mondiale.

« Le manque d’eau augure déjà une baisse de la production de céréales aux Etats-Unis », note Michel Portier dans une brève à l’Afp ce 20 avril. « Et avec 12,5 millions de tonnes de blé en stock en Europe », « les niveaux de stock tendus ne laissent que peu de place à un problème climatique à l'échelle française ou européenne sur la nouvelle récolte ». Ce qui explique pourquoi « les prix du blé ont progressé depuis un mois de +15 % », toujours selon l'expert d'Agritel.

Dans sa note conjoncturelle du début d’avril, FranceAgriMer soulignait déjà que « la faible pluviométrie pourrait avoir des conséquences néfastes sur le potentiel des cultures ». Il est vrai qu’en ayant exporté massivement ses grains, l’Union européenne a pallié à l’absence sur les marchés agricoles, de la Russie et de l’Australie, exportateurs massifs de blé les bonnes années.

En revanche, le tremblement de terre, le tsunami et l’accident nucléaire au Japon ont laissé de marbre les marchés agricoles alors que ces catastrophes ont fait des dizaines de milliers de victimes et de disparus. Pourtant, c’est la deuxième puissance économique mondiale qui a été frappée de plein fouet !

Le Japon est entièrement dépendant des importations de maïs

Mais étant traditionnellement importateur de blé, d’orge et de maïs en grandes quantités, le tsunami n’a pas accru la dépendance du royaume du soleil levant vis à vis des grands pays exportateurs de céréales. La production de blé, qui provient de régions éloignées de Fukushima, ne couvre que 14 % de ses utilisations (12 % pour l’orge). « Dépourvu de toute production nationale, le Japon est même entièrement dépendant des importations de mais. Avec 16,5 Mt achetées, soit 19 % du commerce mondial, le royaume se range nettement en tête du classement. La Corée du sud, deuxième importateur mondial est loib derrière avec 8,5 mt », explique FranceAgriMer dans un document publié ce mois d’avril.

Avec des stocks en blé et en maïs équivalents à quelques jours de la consommation intérieure, le Japon doit être approvisionné en grains régulièrement.

« Mais seuls deux des douze ports capables d’accueillir des vraquiers et des tankers sont endommagés et des reports de trafics sont envisageables », souligne FranceAgriMer (Fam). Et si l’appareil industriel de transformation a été quelque peu altéré, il se peut, toujours selon les informations rapportées par Fam, que « le retour à la normale soit rapide ». Ce qui conduit à penser que les importations de grains reviendront rapidement à leur niveau d’avant la double catastrophe.  Autrement dit, il ne faut pas compter sur un ralentissement des achats japonais pour atténuer la pression sur les marchés mondiaux de céréales avec des importations à venir en baisse.

« Pas de motif permettant d’anticiper de sérieuses perturbations au niveau mondial »

La situation du riz est différente. Les régions affectées par le séisme, le tsunami et l’accident nucléaire, représentent 18 % de la production nationale estimée à 8,48 millions de tonnes. Une production qui couvre les besoins de la population japonaise.

« Il est probable que la récolte à venir pâtisse des évènements du mois de mars car des terres sont contaminées. Toutefois, la catastrophe du 11 mars ne devrait pas (là encore) influer significativement sur le bilan mondial du riz », pour cette campagne ci, note Fam.

En fait, le Japon dispose d’un stock confortable équivalent à 3-4 mois de consommation, lui permettant de contrôler le calendrier de ses importations. Et d’ores et déjà estimées à 1,2 million de tonnes, celles-ci correspondent pour 2011 au surplus de la campagne actuelle. Enfin, il sera toujours possible au Japon de revoir à la baisse son programme d’aide alimentaire (contraint par l’Omc, il réside en des importations réexportées vers des pays tiers).

Au final, « les conditions probables de recours du Japon à l’importation, dans un marché mondial actuellement orienté à la baisse, ne fournissent pas de motif permettant d’anticiper de sérieuses perturbations au niveau mondial », analyse Fam.

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