Colza, soja Les prix des oléagineux modifient les assolements de ce printemps

L'Europe à la peine pour s'approvisionner en colza non Ogm sur les marchés. (© Terre-net Média)

La production de soja, inférieure de 17 millions de tonnes (Mt) aux 135 Mt attendues à la fin de l’hiver dernier en Argentine, au Brésil, en Uruguay et au Paraguay, modifie pour de longs mois la donne sur les marchés des oléagineux et par ricochet, sur ceux des céréales.

Et comme depuis la fin de l’hiver, ces mêmes marchés ne comptent plus sur l’Europe pour combler le déficit en protéines végétales, tous les regards sont dorénavant portés sur les Usa et le Canada et à l’automne prochain, sur l’Australie.

En Europe, en ce début de mois avril, Offre et demande agricole, société de management et de maitrise des risques commerciaux agricoles, n’estime qu’à 19 Mt la récolte de graines pour cet été, dans l’hypothèse où aucun nouvel incident climatique ne surviendrait d’ici là.

En France, les prévisions d’Oda portent sur 5,2 Mt et sur 1,5 Mt en Pologne. A ce jour, la prochaine campagne 2012/2013 s’achèverait ainsi, dans l’Union européenne, avec un stock de report réduit à un million de tonnes.

La situation est plus grave que l’an passé. La rigueur de l’hiver et le déficit hydrique actuel ramènent le potentiel de production de la France au niveau de la récolte de juillet 2011 affectée par la sécheresse deux-trois mois auparavant, alors que nous ne sommes qu’au début du printemps! Autrement dit, toute aggravation du déficit hydrique conduira immanquablement à revoir à la baisse l’ensemble de ces prévisions aussi bien, au niveau national qu’européen.

Plus de soja et de canola aux dépens du blé et du maîs

Les marchés ont récemment intégré cette donne puisque les cours du colza et du soja poursuivent leur progression à un rythme effréné depuis quelques semaines.

Avec le retour des températures plus clémentes aux Etats-Unis et au Canada, les agriculteurs pourraient être tentés de revoir leur assolement. Les farmers américains privilégieraient la culture de soja au détriment de celle du maïs. Et dans les états où le blé est récolté précocement, cette légumineuse pourrait même être implantée après la céréale.

En effet, le ratio « Prix soja/Prix maïs » dorénavant supérieur à son niveau pivot de 2,4 depuis quelques semaines incite les agriculteurs américains à préférer le maïs au soja. Or la campagne actuelle finit avec des stocks de maïs tendus et une demande croissante de la Chine pour ses élevages en plein essor.

Au Canada, le canola sera probablement préféré au blé de printemps puisque la tonne de graine frôle les 500 euros. Ce scénario serait le même en Australie, à l’automne, prochain puisqu’il est vraisemblable que le déficit de soja de 2011/2012 ne sera pas encore comblé! Le recul du blé pourrait même être accentué par l’augmentation des cours de la viande de mouton qui rend l’élevage ovin plus intéressant.

Dans ces conditions, l’Europe pourrait rencontrer des difficultés pour importer durant la prochaine campagne les 3,4 Mt de colza nécessaires pour couvrir ses besoins puisque seuls l’Ukraine et l’Australie produisent des graines non Ogm, d’emblée très convoitées.

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